Fin avril, Steph Strings, jeune chanteuse folk de 23 ans, originaire de Melbourne, partageait les premières dates de sa tournée européenne avec son amie française Cécile Lacharme. Les deux musiciennes s’étaient rencontrées une nuit de tempête au Woodford Folk Festival au cœur du Queensland australien, en toute fin d’année dernière à l’occasion du nouvel an et ne se sont pas perdues de vue depuis. Partageant cinq dates à travers la France ; passant par Tourcoing, Paris, Nantes, La Roche-sur-Yon et Bordeaux, Steph à la guitare et au chant et Cécile au violoncelle ont émerveillé le public français par leur maîtrise instrumentale et leur sens inné de la mélodie et d’une mélancolie ouatée. Retour en textes et en images sur le concert du vendredi 26 avril dans la salle micro de Stereolux à Nantes.
Il est 20h30 quand Cécile Lacharme, musicienne nantaise, ayant accompagné sur scène Coline Rio et Geoffrey Le Goaziou retrouve son superbe violoncelle posé sur une estrade devant le public. Influencée par Philipp Glass et Max Richter, autant que par ses voyages ; notamment en Islande, à l’occasion d’une résidence de plusieurs semaines en mars 2022 à Reykjavík, la musique virtuose de Cécile Lacharme emporte au lointain, entre épopées minimalistes et sonorités évanescentes d’une grande pureté sonore. Une musique qui évoque parfois les abysses marins d’Eric Serra, la sérénité glaciaire des Fjords d’Islande comme la vibrance de la nouvelle scène électronique européenne de Nils Frahm à Ólafur Arnalds à l’aide de pédales d’effet et d’une loopstation. Redoutable technicienne, éprouvant physiquement toutes les émotions qu’elle joue, la Nantaise de 29 ans manie son violoncelle avec l’âme d’une bassiste et l’ingéniosité d’une productrice électronique offrant au public attentif un concert plein de grâce, d’intention et d’intensité.
Au fil de formats longs de plus de dix minutes, nous découvrons, ravis, des tableaux sonores comme peints au fil de la traversée, souvent introspective, méditative et éthérée ; parfois plus abrupte et possédée quand les cordes se font plus graves et tranchantes. Nous retiendrons de ce concert au son diffusé dans Stereolux en quadriphonie (brillamment assuré par son acolyte Bastien Raute), une performance envoûtante et stupéfiante d’émotions. Vivement désormais la sortie de son premier album annoncé par la première concernée pour la fin d’année…
Entre Cécile Lacharme et Steph Strings, le changement de plateau aura été relativement simplifié ce soir-là, le temps de remplacer le violoncelle de la première par la guitare folk (une Pratley, made in Australia) de la seconde. Rien qu’à travers un bel interlude à la guitare et à l’harmonica, ponctué de rythmiques jouées au foot drum et au tambourin, la jeune multi-instrumentiste de 23 ans développe une gymnastique corporelle impressionnante de naturel et d’aisance. Sans même l’avoir déjà entendu chanter ce soir, nous sommes immédiatement charmés. Sa voix, d’une grande clarté et d’une très belle élocution, nous invite à entrer facilement dans l’histoire des chansons qu’elle confie au public nantais. Comme celle de sa rencontre avec une « sorcière » qui l’aura amenée à vivre pleinement de et pour la musique, alors qu’elle se destinait à une grande carrière sportive.
Véritable narratrice, Steph Strings parvient avec facilité à nous transporter au cœur de ses histoires passionnantes et universelles à l’instar de « Wholesome Days » invitant à s’accrocher à ses rêves. En faisant chanter son public, réceptif et enthousiaste ; puis en partageant, émue, un titre avec Cécile Lacharme, le temps d’un duo saisissant de rythme, de gravité et de sérénité réunis, l’Australienne nous a fait vivre un moment de partage et de communion, non sans témoigner d’un irrésistible humour aussie entre les morceaux. En bref, un concert plein de virtuosité, de plaisir, de vie et d’âme, entre roots et modernité, entre folk, blues, fingerstyle et musique instrumentale, entre KT Tunstall et John Butler. Comme un joli clin d’œil à sa toute première venue en France deux ans auparavant à l’occasion des Escales de Saint-Nazaire, Steph Strings termine son concert par « Lion » qu’elle avait terminé d’écrire sur place, non sans remercier l’audience attentive et investie qui lui a donné la réplique tout au long de la soirée. Un excellent moment !
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