« De l’Amour au Spleen, il n’y a qu’un pas, cependant la route reste pavée de Jalousie, de Narcissisme et de Mélodrames », écrit St Graal pour nous présenter les cinq titres de son premier EP, « Pulsions ». Derrière les consonances mythiques et mystiques de son pseudo, le jeune bordelais de 22 ans, Léo Meynard, attaque ses sentiments à la plume et aux synthés négociateurs. Combinant rap, électro et chanson française, St Graal suit les traces des grands, que ce soit Odezenne, Lomepal ou son confrère Hervé, pour nous embarquer en croisière au rythme de ses pulsions, marquées au fer rouge par l’âpreté et la délicatesse de l’amour.
Tout commence par la fin. Après une supposée tempête de cœur dévastatrice, l’intro aérienne signe le retour au calme. D’emblée, on atterrit en douceur sur les pistes d’une voix douce, mais pas moins puissante, embarqué sur un titre sobrement intitulé « Amour ». Face à ses rencontres révolues, impossibles ou fantasmées, St Graal explore les mots à la recherche du terme perdu qui ne percera jamais les énigmes de l’amour. Il déploie ainsi un kaléidoscope d’émotions, nous confiant ses troubles et ses frissons, de l’exaltation à l’ivresse de la chute, sans jamais tomber dans un écueil larmoyant. « Spleen » ne résonne d’ailleurs en rien comme un sombre précipice oublié de tous, mais plutôt comme un tube enflammé par ses allures électro/pop, véritable hymne à l’adoration.
Si la passion déborde d’extase, elle nous égare tout autant dans la « Jalousie » et le « Narcissisme », cernés par la finesse d’écriture de St Graal. Il n’est pas question de restreindre le sentiment ultime à de beaux sourires illuminés ou des ruptures aux croisements des vies, mais de sonder ses doutes et ses hésitations, ses instabilités et ses errements. Finalement, les « Mélodrames » dont on n’apprécie pas trop la mélodie, trouvent bien leur place au sein de ces cinq titres gorgés de blessures et d’espoir.
« Pulsions » de St Graal, disponible depuis le 15 novembre 2019.
