L’air pénètre tout juste leurs poumons, St Graal et son premier EP viennent de crier. Au gré de ses pulsions, le jeune musicien de 22 ans a pris la tête du navire pour écrire, du bout de sa sensibilité, sur ses bouleversements. De rencontres réitérées aux regards perdus à tout jamais, les cinq titres presque rap et très électro de St Graal ont résonné au Motel, à Paris, mardi soir dernier, pour couronner l’arrivée de ce nouveau prodige français dans la cour des grands. La poigne de celui qu’on appelle souvent Léo ne nous lâche plus, et pour cause : le clip réalisé par Victor Picard illustre son « Amour » en mouvements et en nuit avec un attrait somptueux.
Des teintes nuptiales qui s’immiscent par une fenêtre grande ouverte, on découvre un appartement soigneusement rempli d’objets bien encadrés, bien rangés, mais trop nombreux. Et si St Graal trône paisiblement sur l’un des fauteuils en cuir placé pile au point fort de notre attention, le clip est toutefois loin d’être auto-centré. Contre toute attente, les gestes de celle qui haussait vigoureusement les épaules à côté du chanteur se transforment en véritable performance. De transe en danse, les membres de Camille Lhomme se meuvent jusqu’à l’accord parfait aux vagues du rythme pour mieux fusionner avec la délicatesse des paroles : « Danse, danse, autour de ce que j’appelle l’amour ». Il n’est aucunement question de dualité, ni de jeu de charme, mais bien d’un corps en pleine libération, prêt à acquérir sa propre autonomie à travers des prouesses d’où émane une grâce indomptable.
A l’instar de l’« Amour » de St Graal, les images de Victor Picard déploient autant de subtilité que de force, savant mélange de fébrilité et de robustesse, volonté de ne rien lâcher. A savourer sans modération !