Spectres – Hunger EP

Quelles sont les raisons qui m’encouragent aujourd’hui à parler du « Hunger EP » des Anglais de Spectres paru en mars dernier ? Peut-être le fait que la musique n’est pas figée dans le temps et que les barrières du circuit de promotion d’un disque me laissent totalement indifférent, pas seulement. En effet, la raison est plus simple et viscérale que ça, le groupe a sorti un putain de disque !
Originaire de Bristol, le groupe déclare ne pas faire de compromis dans sa musique et jouer de la manière la plus bruyante possible, c’est fort vrai et c’est tant mieux.

Spectres - Hunger EP

Rares sont ces groupes qui foutent une telle claque dès les premières secondes d’écoute. Oscillant dans un registre shoegaze et noise rock, la démarche de Spectres est clairement punk tant cet EP semble libre et se suffit à lui-même. Les quatre musiciens jouent fort, très fort, et noient leurs instruments dans une armada d’effets, le batteur corrige allègrement ses fûts et le chant se révèle tantôt aérien, tantôt vénère, mais surtout, Spectres se moque absolument du format chanson traditionnel. Ils n’en font qu’à leur tête de la première minute à l’ultime note des 5 titres qui forment cet ouvrage d’orfèvre.

Pour autant, nous ne sommes pas perdus dans cette tornade de bruit, Spectres accroche et ne la(i)sse pas l’auditeur. Par exemple, le morceau « Rattle The Cage » a quelque chose d’évident, et pourtant sa structure ne suit absolument pas la logique du format pop. Les Anglais laissent vivre leur musique et lui permettent de se balader selon ses envies. Il y a quelque chose d’obsessionnel dans ces mélodies qui, sans pour autant s’apparenter de près ou de loin à des mantras, ont un effet hypnotique, cette beauté léthargique dans la violence.

« Maybe You Shouldn’t Be Living Here » illustre à merveille ce sentiment d’obsession ; le morceau qui se base sur des répétitions qui n’en sont pas vraiment écrase tout sur son passage de la manière la plus délicate qui soit. Si Spectres est clairement emprunt d’une grande violence, celle-ci n’est jamais gratuite et se joue toujours dans une finesse qui sublime l’instant.

J’ai pleinement hâte d’avoir des nouvelles de Spectres tant cet Hunger EP m’a parlé droit au cœur. De moins en moins de groupes me semblent à ce point militants pour la liberté artistique, faire de la musique est pour eux un besoin vital, ce n’est pas un plaisir narcissique au profit de la conquête d’un public et des médias. En fait, je n’en sais rien du tout, mais j’ai bien aimé ce disque.

Spectres

« Hunger EP » de Spectres est disponible depuis le 11 mars 2013 chez Howling Owl Records.


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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique