[Live] Songhoy Blues au Chabada

Songhoy Blues s’est fendu d’une performance rayonnante, le mercredi 4 mars dernier, au Chabada. Son rock made in Mali, fiévreux et dansant, a largement contaminé le public.

Songhoy Blues © Pauline Celle

Lorsque je suis arrivée à Angers, l’une des choses qui revenait souvent dans la liste des supers-atouts-de-la-ville était son jumelage avec Bamako. « Tu le savais ? », me demandait-on le regard plein de fierté. Non, je ne le savais pas. Et j’avais jusqu’à présent peu eu l’occasion d’apprécier cette belle alliance. Mercredi 4 mars, l’amour angevin-bamakois était pourtant bien au cœur des propos du chanteur de Songhoy Blues, jeune formation malienne. « Vous savez, à Bamako, il y a des rues et des écoles qui portent le nom d’Angers », explique-t-il. Il glisse même qu’il resterait bien ici, si on lui faisait un peu de place dans un appartement. L’invitation est lancée.

Songhoy Blues est l’un des météores musicaux de ces derniers mois : on ne l’a pas forcément vu arriver, mais l’impact est fort. Son premier opus, « Music in Exile », sorti le 23 février sur Transgressive Records, est tout simplement un excellent album rock, à la fois engagé et dansant. Il est à l’image de la jeunesse malienne : consciente de son héritage, mais refusant de crouler sous son poids. Le disque brasse un joli panel d’influences. Au fil de ses onze titres, le groupe déroule des mélodies rock transcendées par des textes et des sonorités qui prennent racine dans un Mali en plein conflit.

Mais au fait, quelle est la petite histoire du groupe ? Songhoy Blues voit le jour en 2012, à Bamako. Aux manettes : Aliou Touré (chanteur), Oumar Touré (guitare), Garba Touré (basse) et Nathaniel Dembélé (batterie). Tous étudiants et fans de hip-hop, de rock et de R’n’B, ils tentent l’aventure musicale dans un contexte politique difficile. Le nord du Mali, dont le quatuor est originaire, est alors sous la coupe des djihadistes. Il y est notamment interdit de jouer de la musique. C’est donc à Bamako, dans des bars ou lors de mariages, que le groupe fait ses gammes. Et de belles. En 2013, ils tapent dans l’œil (et l’oreille) de Damon Albarn et Marc-Antoine Moreau (manager d’Amadou & Mariam). Damon Albarn est à la recherche de groupes représentant la nouvelle scène musicale malienne. Véritable coup de cœur, Songhoy Blues apparaît sur la compilation « Africa Express presents: Maison Des Jeunes ». L’année suivante, le quatuor fait mouche aux Trans Musicales de Rennes et cartonne en Angleterre. La machine est lancée.

Mercredi 4 mars, donc, au Chabada; « Music in Exile » vient tout juste de paraître et Songhoy Blues s’apprête à défendre ce premier essai en famille. Comme toute réunion familiale, l’ambiance est détendue et intime. Dès les premiers titres, les incessantes boucles mélodiques maliennes emplissent la salle. Le public, un peu timide, ne résiste pas longtemps à l’énergie ultra contagieuse du groupe. « Vous les Français, vous travaillez trop. Laissez-vous aller, la musique est faite pour ça. Je ferai une lettre à votre patron demain », lance Aliou Touré, tout sourire. Sa proposition est tentante. Il donne l’exemple en se lançant dans des démonstrations de danse où épaules et hanches balancent à tout va ; pendant qu’Oumar Touré, yeux fermés et sourire plein d’extase, déroule ses solos de guitare. À chaque nouveau titre, Aliou Touré papote : il vanne le public ou explique le morceau qui suit. Des djihadistes du nord du Mali à l’empire des Songhaï (d’où le groupe tire son nom), Songhoy Blues trace le portrait d’un pays en perte de repères, mais loin d’avoir dit son dernier mot. C’est une performance pleine de gaieté, d’optimisme et de fureur que propose le groupe. Conquis, le public demandera deux rappels, qu’il obtiendra.


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Pauline Celle

Flâneuse digitale shootée à la musique.