[Live] Soko et Jeanne Added à l’Aéronef

Il n’est pas 20h10 quand j’entre dans l’Aéronef. La salle vient d’ouvrir ses portes et pourtant, une cinquantaine de spectateurs sont déjà pressés contre la scène du club. J’essaie de me frayer un passage et me poste à côté d’un groupe de jeunes filles dont j’ai du mal à deviner si elles ont plus ou moins de 16 ans. Apparemment, elles ont pu rencontrer Soko dans l’après-midi. « On m’avait dit qu’elle était super accessible, mais en fait elle est mille fois accessible ». Ambiance Fan de.

Soko © David Tabary

Pour être honnête, si la majorité des spectateurs est constituée de jeunes filles, plus la salle se remplit et plus le public se diversifie. On croisera même quelques très jeunes punks.

La soirée a des allures de festival « Les Femmes s’en Mêlent » avec une première partie assurée par Jeanne Added (programmée dans le cadre dudit festival). Cheveux courts, la blonde peroxydée délivre une musique électronique souvent assez sombre (A War Is Coming, Miss It All) mais parfois un peu plus pop. Le tout est plutôt bien exécuté et sent bon les années 80, lorsqu’elle ne se recoiffe pas (elle se fera chambrer par un spectateur pour ça).

À la batterie, Anne Paceo est fascinante : son visage est en permanence illuminé d’un grand sourire dont on ne sait pas vraiment s’il tient du rictus ou plutôt du pied qu’elle prend à jouer sa partition. Peut-être un peu des deux. Dommage, par contre, qu’on voie mal Narumi Herisson (de Tristesse Contemporaine), cachée derrière ses claviers.

Lorsque Jeanne Added annonce qu’on entame la partie dansante du concert et qu’elle invite le public à bouger, force est de constater que celui-ci ne la suit pas. Mais on découvre au morceau suivant que ce sera le dernier du concert ; dommage ou tant mieux pour l’ambiance de dancefloor. Jeanne Added semble contrariée ou déçue lorsqu’elle sort de scène. C’est le caractère ingrat, parfois, des premières parties. Mais peut-être n’était-ce qu’une impression, puisqu’elle reviendra pour un titre de rappel. Allez Jeanne, on se reverra sans doute, et avec plaisir.

Vient le tour de Soko. Entre en scène une fille beaucoup moins lisse que je ne l’aurais imaginé, accompagnée de quatre musiciens, dont la plus grande (par la taille) guitariste que j’aie jamais vu. Très vite, un truc choque tout le monde : Soko parle hyper vite, vraiment à 200 à l’heure, et sans forcément être très cohérente dans ses propos ; à tel point qu’il est difficile de la comprendre (surtout quand elle ne coupe pas la reverb de son micro).

Rapidement, elle évoque sa collaboration avec Ariel Pink. Elle regrette qu’il ne puisse être là parce qu’il est lui-même en tournée. Nous aussi. On se dit que les hasards du calendrier auraient pu permettre à l’artiste californien d’être présent puisqu’il était sur la scène du Grand Mix début mars.

Au bout de quelques titres, Soko demande s’il y a des aliens dans la salle, en référence à son premier album, « I Thought I Was An Alien ». Deux types au fond de la salle lèvent les bras en l’air et Soko les invite à la rejoindre sur scène. Les deux garçons fendent la foule en entamant une danse étrange avec leurs bras, danse qu’ils continueront sur les planches pendant tout le morceau suivant, avant d’être remerciés par Soko.

La jeune femme nous explique qu’elle a bu beaucoup trop de café tout au long de journée. On comprend mieux son débit de paroles totalement fou et incohérent. Elle demande s’il y a des poètes ou des gens qui connaissent des poèmes un peu idiots dans la salle. Personne ne réagissant, elle s’écrit : « Quoi, tu vas à des concerts et tu ne connais pas de poèmes ?! ». Il y a quelque chose d’un peu agaçant dans l’attitude de Soko. Et certains spectateurs ne s’y trompent pas : jamais je n’ai vu des gens quitter un concert comme ce soir, comme cela peut arriver au cinéma quand un film s’avère être un terrible navet.

Pourtant, musicalement, ce qui se passe devant nos yeux est vraiment très bon. À plusieurs reprises, ce que j’entends me fait penser à du très bon The Cure ou Siouxsie and the Banshees ; excusez du peu ! Seulement, cela demande beaucoup pour entrer dans l’univers de Soko et sa bande. Certains n’y arrivent pas. Et j’avoue que j’en fais partie. Loin d’être un reproche, c’est un simple constat. Et la soirée s’arrêtera avant la fin pour moi, même si j’en garderai le souvenir d’un concert hors normes, du genre qui ne laisse pas indifférent, ce qui est en soi une forme de réussite.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures