[Interview] Shaun Ferguson

Le monde des musiques indépendantes est un vaste monde dont les frontières sont parfois très floues, flirtant avec celle des musiques dites « savantes », des musiques traditionnelles comme des musiques expérimentales. Le défaut du journalisme spécialisé est certainement de toujours vouloir faire rentrer les artistes, les groupes qui se présentent à lui dans des cases assez précises ; peut-être une façon de se rassurer, surtout quand les balises sont très difficiles à positionner. Mais pour certains disques, il faut aussi savoir se laisser porter par l’émotion pure, laisser parler son instinct loin de la seule analyse, surtout avec un album aussi intense, puissant, envoûtant que le dernier du guitariste canadien Shaun Ferguson, le somptueux et indispensable « La Lumière de l’Ombre – L’Ombre de la Lumière ». Ce long format ouvre un espace sonore et musical d’une profondeur de champ exceptionnelle, manifeste instrumental à la beauté exceptionnelle. L’occasion s’est présentée d’interroger le créateur de cette œuvre singulière, qui aura marqué de son empreinte nos écoutes passionnées en cette année 2023, pour une interview pleine d’enseignements sur la puissance spirituelle et philosophique du geste musical et créatif.

crédit : Louis-Philippe Chiasson
  • Bonjour Shaun. Tu viens juste de sortir ton 3e album. Sortir un album demande souvent de long mois de travail, et pas simplement d’enregistrement. Dans quel état d’esprit es-tu ? Libéré ? Anxieux ? Excité ? Soulagé ?…

Bonjour Laurent. Effectivement, la sortie d’un album demande souvent de nombreuses années de travail, d’inspiration et de réflexion qui finissent par culminer en un seul mois d’enregistrement super intense. Je dois avouer que je me sens libéré, excité, mais vulnérable à la fois, car c’est de loin l’album le plus brut et le plus honnête que j’ai sorti à ce jour.

  • Le concept de guitar hero, notamment dans l’univers du heavy metal, a construit une figure populaire du guitariste, performant, ultra-technique et démonstratif, qui met souvent l’émotion et l’expression au second plan. Tu es considéré comme un guitariste virtuose, quel rapport entretiens-tu avec ta guitare? 

Je n’ai jamais tenté de classer ma musique dans une catégorie précise, probablement parce que je suis complètement autodidacte et que je me suis toujours permis une grande liberté. Je dois avouer, par contre, que cette liberté est devenue très précise avec le temps, presque comme une cage, dont moi seul ai la clé pour en ressortir. Je n’ai pas la motivation de devenir un « virtuose » (même si ça fait plaisir), je n’ai pas le contrôle sur la façon dont les gens perçoivent ce que je fais, même si je suis très à l’aise avec la vision des gens. Je suis conscient d’avoir cette aisance technique naturelle depuis les tout débuts, mais ma plus grande motivation est de transmettre quelque chose de vrai et d’authentique grâce à mon instrument de prédilection. La technique est une partie importante de mon travail, une grande source d’inspiration et de motivation, car les techniques se développent en parallèle à mes compositions. Ce n’est quand même pas ce que j’aime mettre de l’avant. Le plus important pour moi est d’avoir une réelle valeur artistique, de sentir que l’expression provient de mon feu intérieur, de l’âme. Et je sais que ça peut paraître bizarre, mais je m’identifie de moins en moins comme un guitariste, mais plutôt comme un alchimiste des cordes.

  • Pour aller aussi loin dans l’exploration des possibles de la guitare, tu dois certainement jouer sur des guitares très particulières, pouvant répondre à ta quête musicale et sonore : peux-tu nous parler de ces instruments, et peut-être si c’est le cas, de l’artisan luthier qui les façonne ?

Oui exactement, sans le précieux travail de mon artisan luthier, bien des choses seraient différentes ou impossibles. Sur mon dernier album, vous pouvez entendre une guitare acoustique entièrement construite par Michaël Cormier-Butler. Le morceau « Sound Mind » est le premier enregistrement officiel produit avec ma guitare Cormier ainsi que ma première composition avec celle-ci.

Ensuite que serait-il de ma guitare devenue baryton sans cette transition effectuée par Michaël ? Je pourrais vous parler longuement avec bien des détails de ce sujet, quelques guitares sur lesquelles j’enlève des cordes, etc. Je suis à mon tour manuel et débrouillard, j’ai confectionné des archets particuliers afin qu’ils puissent être utilisés sur la guitare et la basse acoustique, comme dans « Flying Black Crow », ainsi que pour le violoncelle que j’aime bien jouer sur le côté comme une guitare, pour lequel j’ai eu besoin de concevoir un archet plus court pour éviter de l’avoir dans les jambes…

  • Quel·le·s sont les guitaristes, et plus largement, les musicien·ne·s qui ont nourri ton envie de devenir à ton tour ce musicien unique et si créatif?

Je vais simplement gratter la surface de cette réponse, mais voici quelques exemples…

La violoncelliste québécoise Jorane (« 16 mm ») ; les guitaristes canadiens Don Ross (« Robot Monster » et « Passion Session »), Bruce Cockburn (« Small Source of Comfort »), Jesse Cook (« Free Fall »), Steven Leblanc avec son travail dans la formation An Acoustic Sin (« Erase The Sky », « Of Four Corners ») ; les formations américaines Metallica (premier grand amour musical, le « Black Album » et les albums précédents), Dream Theater (« Awake », « Images and Words », « A Change Of Seasons », « Falling Into Infinity », « Metropolis Part 2 »…), ainsi que plusieurs groupes metal et rock progressifs ; plusieurs musiciens que j’ai directement côtoyés : Isabelle Thériault, Louis-Philippe Chiasson, Riel Gionet, Michaël Cormier-Butler, Geneviève D’Ortun, Julien Breau, Marty Melanson, Pascal Miousse, la formation Trans Akadi (« La Langue des Rebelles ») avec qui j’ai eu mes premières expériences de scènes professionnelles, etc.

  • Ton jeu de guitare, ton univers musical peut résonner avec des artistes et musiciens comme le Suédois José González, l’Américain Tommy Guerrero, le duo mexicain Rodrigo Y Gabriela, le Français Serge Teyssot-Gay ; d’ailleurs bien au-delà de l’utilisation de la guitare acoustique, mais aussi le groupe australien Dirty Three ou la violoncelliste Dom La Nena. Des artistes qui entretiennent une véritable quête en tant qu’instrumentistes, mais aussi qui se dirigent dans des chemins acoustiques très affirmés. Qu’est-ce qui explique actuellement, selon toi, ce grand retour des instrumentistes et cet appétit pour le son acoustique ? Une forme de résistance? Une volonté de retourner à l’essentiel? 

Oui, un retour à l’essentiel, c’est la raison première qui m’a dirigé dans cette odyssée acoustique. Le fait d’avoir un terrain de jeux très précis et de trouver les façons de franchir les limitations de celui-ci. De passer plus de temps à développer le muscle créatif, l’artiste. Je n’essayais pas de suivre aucun mouvement sauf le mien, je suis encore dans ce mouvement et sa puissante inertie.

  • Écoutes-tu beaucoup de musique ? Es-tu connecté à l’effervescence créative musicale actuelle ? Quels sont les musiciens qui inventent et innovent aujourd’hui selon toi ?

J’ai eu de grandes périodes où j’écoutais constamment de la musique, surtout de l’adolescence jusqu’à la mi- vingtaine. J’ai aussi déjà été plus connecté à la musique actuelle. Dans mes périodes de créations et d’enregistrements, comme dans celle d’où je ressors actuellement, j’évite au maximum l’écoute de musique, et surtout tout ce qui est trop relié à la guitare acoustique. Je ne suis pas non plus nécessairement attiré par ce qui est nouveau, mais surtout par les œuvres qui ont leurs propres vies, qui se foutent des tendances, qui demeurent intemporelles ou qui vieillissent bien.

crédit : Louis-Philippe Chiasson
  • Ta musique sonne à la fois recherchée et simple. Qu’est-ce qui relève purement de l’écriture dans ta musique et de l’improvisation (si tant est que l’improvisation ne puisse être une écriture) ?

Belle observation, le côté un peu minimaliste rend quand même mon répertoire accessible à peu près à n’importe qui, mais les différentes couches qui s’y ajoutent apportent à la complexité, au niveau de dimensions, à garder mon musicien intérieur intéressé…

Et pour moi l’improvisation et la composition s’enchainent jusqu’à ce que je sente que la pièce est à point. Je commence avec l’improvisation qui est influencée par mon état d’esprit du moment et de l’instrument du moment, ensuite la composition s’installe lorsque je commence à faire des boucles avec certaines parties. Je fais ensuite des dérivés directement des riffs principaux, des fragmentations. D’autres fois, ce n’est pas ça du tout! (rire)

  • Tout au long de cet album, l’intensité émotionnelle qui s’exprime semble aller chercher très loin au cœur de l’intime, de l’âme. Es-tu surpris de la puissance qui se dégage de ta propre musique, lorsque tu la réécoutes et même lorsque tu viens de créer un nouveau morceau ? Te laisses-tu parfois emporter par l’énergie d’un morceau pour aller vers des zones inconnues ?

Il y a eu une grande courbe d’apprentissage lorsque j’ai fait mon premier album, ce fut le plus difficile à enregistrer, mais il m’a enseigné grandement sur les limites et l’aspect très négatif de mon côté perfectionniste. J’ai appris que la perfection se construit surtout d’imperfections. J’ai appris à me faire face, j’ai appris à m’enregistrer, à rester détendu quand le bouton « record » est enfin appuyé.

Je ressens maintenant une satisfaction, même une certaine fierté par rapport à la puissance des œuvres enregistrées. Et oui, je me laisse emporter à l’écoute. Il faut dire que c’est conçu, d’abord et avant tout, par et pour mes propres oreilles. Le gros du travail se passe derrière l’instrument. Mes intentions, mes états d’esprit deviennent mystérieusement palpables. Je ressens à la fois ce que je ressens lorsque je performe la pièce, mais ça me permet de découvrir d’autres sphères. J’ai beaucoup plus de recul et de perspective en écoutant les pièces une fois qu’elles sont enregistrées, et grâce à la distance que seul le temps peut fournir.

  • Le titre de ton album joue sur un jeu de mot faussement simple, basé sur le principe de l’oxymore et l’ambivalence : « La Lumière de l’Ombre – L’Ombre de la Lumière ». Le musicien est-il très différent de l’homme que tu es dans la vie de tous les jours ? Qui est l’ombre et la lumière de l’autre ?

Je sais qu’avec le concept de la pochette, inspirée par le fait d’avoir deux faces sur un vinyle (disponible à l’automne) que l’emphase semble être sur l’ambivalence. Mon intention est plutôt sur la relation intime, viscérale, mystérieuse, essentielle, indissociable de la lumière et de l’ombre. Qu’en serait-il de l’Univers, intérieur et extérieur, sans cette relation? Je crois que mon intention est plus claire musicalement sur le disque, car il n’y a pas un côté lumineux et un côté sombre, les deux se trouvent des deux côtés.

Tout de ce projet est inspiré de moi qui se développe de plus en plus, devient « moi » de plus en plus. Souvent, sur scène, je me sens encore plus moi-même que dans la vie de tous les jours. Sur scène, avec le fait d’avoir un public, je ressens une responsabilité d’être là à 100%, de leur donner réellement quelque chose, de ne pas diluer ma présence avec les casse-têtes du quotidien. La scène m’impose une présence que j’aimerais pouvoir garder continuellement hors scène.

  • Cette ambivalence se retrouve aussi dans la manière dont se côtoient les langues dans le tracklisting : le français et l’anglais ? Depuis la France, cette ambivalence peut surprendre alors qu’elle est certainement naturelle pour un Canadien comme toi : est-ce qu’une réflexion artistique a guidé cette dualité français/anglais ou était-ce finalement très naturel et logique ?

Le choix de la langue était fait en fonction de l’énergie et/ou de l’image créée et qui représentait le mieux la pièce de musique en question.

Depuis un certain temps, je suis à proximité d’ami·e·s mexicains et colombiens qui parlent espagnol ; si jamais je deviens plus à l’aise avec cette langue, je ne serais pas surpris d’en voir quelques mots apparaitre à l’occasion dans mes œuvres. Mon point est que j’ai vécu en français dans mon Acadie toute ma vie, mais j’avais une aisance d’apprentissage pour l’anglais, que j’ai eu la chance de développer très jeune par pure curiosité. Mais n’importe quelle autre langue qui pourrait s’ajouter en cours de route pourrait aussi devenir un outil d’expression de mon art, car la clé pour moi est de sortir des séparations des langues et de s’adresser le plus universellement possible à l’être humain. Ce que la musique instrumentale fait mieux que tout en fait.

crédit : Louis-Philippe Chiasson
  • Dans cet album, à notre humble échelle, nous pouvons entendre de nombreuses évocations culturelles : la musique arabo-andalouse, la musique folk américaine, la musique orientale… La guitare est par essence l’instrument de l’exil, capable de traverser les océans, d’emprunter les longues voies de chemin de fer, de supporter la sobriété, la précarité de l’exode. Il est difficile de rattacher ton album à une géographie particulière, au point de nous rappeler un album aussi imposant que « Sketches of Pain » de Miles Davis et Gil Evans ou encore certains albums du pianiste Tigran Hamasyan. À quel territoire appartient ton album et plus généralement ta musique ?

Pour moi c’est simple, j’habite dans la péninsule acadienne, plus précisément à Caraquet au Nouveau-Brunswick dans le Canada. C’est une magnifique région côtière, qui longe la majestueuse baie des Chaleurs, mon nid de création. Ma musique est physiquement imprégnée des lieux. Mais spirituellement universelle. Dès mes premières créations, ma musique voyageait (Elle sonnait comme des cultures d’ailleurs que je ne pouvais même pas nommer à l’époque…), mais maintenant cette musique me fait voyager partout dans le monde.

  • La temporalité de ton album s’inscrit dans le temps long, et pas nécessairement dans le temps présent, même si cet album a quelque chose de très moderne, loin de l’obsession technologique actuelle de certains styles de musique. Ce n’est pas anodin que ta musique soit d’ailleurs associée à la musique folk (alors qu’elle aurait pu être associée par exemple au post-rock) : par sa gravité, ta musique semble porter tout le poids de la grande histoire, tout en étant extrêmement personnelle et intime. Quelle place occupe l’histoire avec un grand H, dans ton imaginaire, en particulier l’histoire transatlantique ?

Merci, je parlais justement plus haut de l’importance que j’accorde à la musique aux qualités intemporelles…

L’histoire transatlantique pour moi est surtout marquée par l’histoire des premiers arrivants de la France, c’est l’histoire de l’Acadie. Cette histoire est importante pour moi, car elle a profondément marqué mon Acadie. L’Acadie fait partie de ma musique de manière génétique, mais j’essaie de m’éloigner du folklore habituel associé à la musique acadienne. Cela étant dit, je prends mon rôle d’ambassadeur de l’Acadie très au sérieux lorsque je suis ailleurs dans le monde. J’aime partager mon histoire, en être fier, mais je ne veux surtout pas amplifier les divisions entre les peuples.  Je suis tout autant intéressé à apprendre l’histoire des autres peuples, ainsi que découvrir leur gastronomie, leur musique, etc. Partager.

  • Par moments, ta musique semble regarder très loin et très haut vers le ciel, dans une forme de verticalité assez spirituelle. Quelle place occupe la spiritualité dans ton geste artistique et musical ?

Mon geste artistique et ma spiritualité ne font qu’un. Pour moi développer mon identité artistique est main dans la main avec mon évolution spirituelle, car ce travail se fait au même endroit, à l’intérieur de moi. L’action d’emporter de la lumière dans les parties sombres, de développer sa propre connexion avec l’univers.  Précisément les thèmes de mon nouvel album.

  • Ta musique peut être un peu trop facilement associée à la musique savante ou à une musique intello en opposition à la musique pop. Or ta musique a quelque chose d’accessible et de fédérateur : par sa pureté, son universalisme, elle peut vraiment parler à tout le monde, car elle n’a pas vraiment besoin de mots et de discours, elle se suffit à elle-même. En tant que musicien, est-ce que cette délimitation entre musiques savantes, musiques expérimentales et musiques pop a encore du sens aujourd’hui ? As-tu parfois de la frustration de ne pas être programmé sur certaines radios, dans certains festivals?

Oui, il y a une grande part de ma musique qui est intellectualisée, mais c’est toujours au service de mon cœur. Même à l’inverse, les choses qui semblent les plus réfléchies, je les découvre souvent suivant l’acte de création, comme si le cœur avait toujours des longueurs d’avance.

Encore une fois je ne m’arrête pas sur comment les gens classifient ma musique. Et je suis plus que reconnaissant du parcours et du soutien envers mon projet. Je ne cesse d’être surpris d’où ça me mène, et je n’ai pas fini d’être surpris…

  • Le morceau « Heal » est le seul morceau chanté de l’album, il s’inscrit à la fois parfaitement dans le fil narratif de l’album tout en créant un effet de surprise assez fascinant. Qu’est-ce qui a motivé l’intégration de ce morceau dans cet album ? Quel rôle a-t-il selon toi dans ce disque ?

C’était un défi pour moi, et c’est aussi d’où en est venue la motivation. Je sentais que je prenais un risque. C’est la pièce où je suis le plus vulnérable de l’album, car tout est hors de ma zone de confort. Je joue du violoncelle, je chante, j’ai signé un texte entier pour la première fois, et c’est d’une très grande simplicité. Un texte un peu sombre, mais lorsque je l’interprète, je ressens une énergie lumineuse. En d’autres mots, ça m’a pris du courage, mais je sentais également que ça avait sa place sur l’album.

  • Écouter ton album est déjà une expérience en soi, surtout si nous prenons le temps de l’écouter en entier et sur un bon système audio. Te voir sur scène doit être une expérience saisissante et unique : que cherches-tu à créer quand tu te présentes sur scène devant un public ? 

Oui exactement, il faut prendre le temps ! Sur scène, c’est toujours un avantage que les gens puissent me voir jouer, surtout si les conditions sonores sont au rendez-vous. Il y a un certain aspect visuel à ma façon de jouer, les gens comprennent mieux aussi que beaucoup de choses se passent à partir de l’instrument sous la main. Je me sers de plusieurs guitares et instruments à cordes. Je présente mon spectacle présentement en formule duo, avec la violoncelliste colombienne, Natalia Bohorquez.

J’aime aussi livrer mes pièces à la saveur du moment. Quel serait le point de toujours jouer chaque pièce de la même façon sauf pour finir par diminuer mon envie et ma joie de les présenter. Même chose avec l’animation, je n’écris jamais mes interventions. J’aime improviser et m’inspirer de l’énergie de la foule, du lieu, de choses qui se passent sur place, souvent avec beaucoup d’humour et d’authenticité. J’aime aussi faire mon concert tout d’un jet, sans entracte, parce qu’il y a une incrémentation, quelque chose qui s’installe de plus en plus à mesure que le spectacle avance qui est essentiel à son succès. J’aime aussi laisser un peu les gens sur leur soif, la durée du spectacle est super importante pour moi. Ce ne doit pas être trop long, je veux qu’ils aient envie de revenir au prochain concert et d’emmener des gens avec eux (rire).

  • Pour finir, un petit mot pour le public français ?

Aller voir mon nouveau vidéoclip « L’ombre de la lumière » sur mon canal YouTube, abonnez-vous à ma chaine. Suivez ma page Facebook. Découvrez mon nouvel album et venez me voir dans ma prochaine tournée française, demandez que je me présente dans votre région (UniForce Pro, Rue Haute Productions, FKP Scorpio Belgium). Qui sait, on pourrait prendre l’apéro après le concert, un petit génépi, une Chartreuse, un bon vin…

crédit : Louis-Philippe Chiasson

À trop vouloir chercher dans le jeu des influences, les ressorts de l’inspiration, il serait facile en chroniquant « La Lumière de l’Ombre – L’Ombre de la Lumière » d’être hors sujet. Qui plus est, alors que nous pouvons penser, parce que nous partageons la même langue, que nous sommes très proches de nos « cousins » canadiens, il ne faut pas négliger tous les éléments géographiques, culturels et historiques qui nous séparent. Écoute après écoute, ce que véhicule « L’Ombre de la Lumière – La Lumière de l’Ombre » est de l’ordre du bouleversant, à condition d’écouter ce qui se dit sans mots dire, à travers le son, la musique, les silences, les vibrations. Véritable périple imaginaire et héroïque, ce long chemin instrumental a les vertus cinématiques du post-rock, la faculté de raconter des histoires, des contes, des légendes […] des musiques traditionnelles et de la musique folk ; la force d’intensifier en permanence le souffle dramatique de la narration musicale. En huit morceaux, Shaun Ferguson nous transporte hors du temps, hors du monde pour revisiter la grande et la petite histoire. Il invite nos imaginaires à s’évader de la triste prison de nos écrans, du streaming, des réseaux sociaux pour retrouver ce plaisir simple et essentiel de la vibration et de l’harmonie.

« La Lumière de l’Ombre – L’Ombre de la Lumière » de Shaun Ferguson est disponible depuis le 14 juillet 2023 chez Uniforce Pro.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.