Court-métrage à la dimension universelle et onirique exceptionnelle autant que réflexion scientifique et artistique sur nos origines, mais également sur le prolongement de notre existence et de nos racines, « Hâme » de Seyhn Sohl est une expérience à part, faisant de l’objet artistique la continuité d’une pensée terrestre trop souvent oubliée mais ici remise en avant, entre poésie et anthropologie.
« Seyhn » : un mot étrange, nous orientant vers de nombreuses significations au fil de nos recherches sur Internet, de conférences universitaires au monde du jeu vidéo. Et, dans le cadre du travail précis et méticuleux des Tourangeaux de Seyhn Sohl, « Terre » : l’ancêtre de notre planète, la source vitale d’un monde qui, au fil de « Hâme », semble autant en voie d’extinction qu’en renaissance totale et nouvelle. Passage du temps, de l’âge adulte à une réincarnation innocente et pourtant ancrée dans la nature qui l’entoure, le personnage principal, cette femme aux atours de spationaute errant au milieu de paysages inconnus et indicibles, tant leur beauté fascine et impressionne, a peur, rejette tout d’abord la pureté qu’elle ne connaît pas avant de rencontrer l’enfant qui la guidera vers ses ultimes instants ou, comme on le comprendra au fur et à mesure de cette incomparable errance, vers la découverte d’une personnalité jusque là occultée et enfin libre.
La réalisation de Jérémie Frémont et Romain Evrard ne se contente pas d’illustrer les élans électroniques et limpides d’une musique au fil de laquelle voix et arrangements subtils et cristallins se confondent et se répondent ; au contraire, chaque élément de l’œuvre d’art globale revêt une importance capitale dans la vision d’ensemble du film. Ainsi, les nappes synthétiques épousent les formes de crêtes et mousses forestières idylliques, tandis que les impulsions artificielles et rythmiques servent à la perfection une transition idéale entre la respiration artificielle du scaphandre rétro-éclairé de l’héroïne (superbe travail de Stéphane Joyeux) et l’oxygène presque palpable d’un contexte naturel pur et limpide. Les éléments sont alors le fruit nourricier d’une mort et d’une réincarnation, le dialogue enfin possible entre une protagoniste effrayée par l’inconnu et des créatures totalement imprégnées de leur univers vital. Passage transitoire entre l’apparence et la vérité de notre moi profond, « Hâme » est une fresque à couper le souffle, dont les images au ralenti et les sons explorant tout le spectre auditif nous bouleversent longtemps après ses ultimes secondes. Le verbe s’y fait chair, et les mélodies sont autant de veines coulant et faisant battre le cœur de ce corps nouveau et immaculé. Sublime.
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