Rencontre avec Scorpion Violente

Cet été avec Quentin, on avait rencontré les deux Scorpion Violente, Toma et Nafi. Le duo de l’Est avec sa musique hypnotique et glauque nous avait beaucoup parlé, entre autres, de cinéma. On vous laisse découvrir !

Scorpion Violente

  • Toma, Scorpion Violente, c’est parce que tu sautes à pieds joints sur tes amis pendant qu’ils dorment ? Ça vient de là ?

Toma : Oui mais je l’ai pas fait ici, je les ai laissé dormir, même si j’ai hésité !
En vrai, Scorpion Violente, ça vient de la série de films italiens des années 1960 « Rome Violente », du « Dirty Harry » en vachement extrémiste. Mais Scorpion Violente, c’est surtout Nafi.

Roma Violenta

Nafi : Mettre un nom d’animal dans un groupe me plaisait, on est vraiment fans du film Rome Violente. Aux côtés de Turin Violente et Naples Violente, ça forme une trilogie assez cool.
On avait pensé à Scorpion Violent, mais ça faisait trop burné ! On pourrait penser avec ce nom que nous sommes un groupe de death metal mais vu qu’on fait un peu de dance, cela féminise le propos. En gros, on a trouvé le nom en deux minutes trente.

  • Quand on voit vos pochettes, on a un peu l’impression d’être en Enfer pour avoir trop péché : une fille à poil avec une tête de Satan, c’est vachement lugubre.

Scorpion Violente - Uberschleiss

Oui, c’est un univers qui nous plaît.
Lugubre, mais avec un petit côté kitsch qui fait trop volontairement malsain pour être pris au sérieux.
J’imaginais un couple quarantenaire qui commence à se faire chier sexuellement, ils se créent un petit donjon dans leur cave, il y a un aspect de misère sexuelle banlieusarde. Cette photo quand tu la regardes bien, on croirait vraiment un donjon, c’est du papier peint imitation fausse pierre et la fille a les seins qui tombent un peu.

La dernière pochette avec le japonais, pour le coup, elle est un peu malsaine. Il a l’air sympa en plus ce japonais tristounet, tu as l’impression qu’il viole des gosses la nuit, mais il leur offre des fleurs avant !
Après, c’est une imagerie qui nous plaît bien de manière générale, on s’éclate bien sur les films d’horreur.

  • Comme tu disais précédemment, on retrouve un peu cet esprit film italien dans cette pochette, le visage, le costard, les fleurs…

Scorpion Violente - Viol et Revanche

C’est vrai que même dans le grain d’image, il y a aussi de ça. C’est un mélange de ce que l’on aime : les polars italiens et les films avec des monstres, des zombies et compagnie ; des lézards et des flingues.
Si dans un film, il y a une paire de seins ou au moins une scène de nu, des lézards et des flingues, ça promet au moins une bonne soirée.

  • Justement, au dos de cette pochette, on vous voit entourés de plein de vieux synthés et de vielles MPC empilés. Je me demandais si c’était vraiment votre matériel habituel ou si c’était juste pour faire les fiers ?

En fait, on se la pète un peu comme ça.
Il y a cet album « Ummagumma » des Pink Floyd où, sur la pochette, on les voit sur une route avec tout un tas de matériel. Il y a genre dix amplis, cinquante baguettes. Ils ont le pire matériel devant eux et ils sont là, à poser fièrement.

Pink Floyd - Ummagumma

Cette surenchère nous faisait marrer, il y a beaucoup de trucs, même en doublant, on a trois synthés. On a fait la photo devant notre local et sorti tout le matos qu’il y avait dedans.
Quand tu regardes leur photo, ça fait vraiment gros nazes, ils ont de purs instruments et nous, nous sommes-là avec nos trois pauvres synthés et boîtes à rythmes.
On s’était dit à un moment que ce serait marrant de faire la même chose avec des copines à nous, les poser devant de la même manière. Mais on n’avait pas assez de copines alors on n’a pas pu le faire !

  • Nafi, on sait que tu es en couple dans The Dreams, alors avec Toma, c’est quoi la situation ? Qui fait la femme ?

À tour de rôle ! Armelle me dit toujours que Toma, c’est ma deuxième meuf.

  • Ça ressemble à quoi vos soirées quand vous êtes tous les trois ?

À trois, ça reste relativement sage. C’est plutôt quand nous sommes tous les deux, on regarde des films en piquant du nez chez lui parce qu’il a toujours des petites réserves de médicaments qui t’endorment un peu.
Nos soirées consistent à transpirer de manière excessive et à fumer en masse, cela dégage un cocktail olfactif sympathique. Il met même des lunettes de soleil chez lui quand il n’y a personne, c’est ultra flippant quand tu débarques !

Scorpion Violente - Rome Violente

  • Rome Violente, Viol et Revanche, ça correspond à quoi ? Rome Violente, on a un peu la réponse, mais les autres?

Viol et Revanche, c’est le même genre de film où la fille se fait violer pendant une bonne heure et quart. C’est vraiment un truc super glauque pour justifier une bonne vieille vengeance de famille.
Dans les années 60, c’était un peu le début du porno sale avec un ancien du Vietnam qui pète les plombs. Il y a un fond vaguement féministe qui implique une vengeance de malade.

  • Ces films-là vous inspirent on l’a compris, mais vous essayez de retranscrire un peu ces ambiances ?

Pas spécifiquement. Cela dit, on marine dedans donc ça finit forcément par se ressentir. Il y a toujours un climat glauque dans ce que nous faisons mais pas spécialement violent. Je crois que ça ressemble plus à de la torture au petit couteau finalement.

  • On a vu des gens danser sur votre musique à Visions, c’est un but dans Scorpion Violente ?

C’est en effet un peu pensé dans cette optique.

C’est marrant justement qu’il y ait ces deux aspects-là qui se croisent : le côté poisseux et le côté dancefloor miteux. Un truc qui se balade quelque part entre les deux sans totalement se casser la gueule.
Suivant les soirées, on arrive à sentir si le monde va danser ou non.

Parfois, on joue expressément des morceaux plus lents quand l’ambiance est installée, durs à danser, pour que les gens se forcent à essayer de danser. Le résultat de ces tentatives est plutôt marrant !
Le rythme n’est pas assez rapide pour que tu commences à danser, mais tu tentes quand même des petits mouvements par-ci, par-là.
Il y a aussi un facteur qui marche pas mal avec ce qu’on fait : plus on joue tard, mieux c’est. Les gens, une fois qu’ils sont compléments bourrés, même si les mélodies sont un peu glauques, ils entendent du rythme, ça fait boom boom et ils dansent automatiquement ! C’est vrai que nous avons déjà joué un peu plus tôt en soirée, ça marche moins bien. Cela dépend de l’état (d’ébriété) des gens.

  • Vous avez des projets pour la suite ?

On a un album en gestation.
On se dirige plutôt sur des choses psychédéliques glauques ; le prochain va se situer dans cette zone là. C’est de plus en plus long. Les morceaux font entre huit et dix minutes et sont relativement lents. L’impératif d’efficacité, on n’en a plus rien à faire et comme on est tous les deux de gros fans de groupes krautrock : le format de dix minutes, on l’adore.
On avance assez lentement en tout cas.
Ce prochain disque sortira chez Bruit Direct, le même label qui avait sorti notre premier maxi. On va privilégier des formats courts, on aime cela car permet une meilleure unité par disque.

  • Merci à vous !

Propos recueillis par Quentin et Aloïs.

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Aloïs Lecerf

chroniqueur bercé par et vivant pour la musique à travers les découvertes et les concerts