[LP] Savages – Silence Yourself

Alors qu’en ce jour où l’été commence à peine à caresser chacun des pores de notre peau, un album en noir et blanc colore le ciel bleu à la peinture industrielle. Fort d’un buzz naissant autour de ce quartet londonien entièrement féminin, Savages arrive tout doucement avec « Silence Yourself », premier album d’un combo furieux et prêt à en découdre.

Savages - Silence Yourself

Savages n’a rien à envier à ses cousins masculins. S’aventurant également dans la vague post-punk, les quatre gonzesses s’en sortent mieux que la plupart de ses confrères quant à expulser de la rage, de la consternation et de la violence. C’est sauvage et ça joue vite, les larsens sont de la partie parmi ce bruit métallique omniprésent. J’ai étonnement pensé au groupe américain A Place To Burry Strangers, le son très agressif et strident des guitares probablement, ou simplement la soif d’en découdre.

Savages n’est pas dans cette simplicité post-punk avec une production très typée et limite caricaturale parfois (le groupe Project:Komakino par exemple…), Savages actualise réellement le genre en lui apportant une production plus moderne et une composition qui l’est tout autant. Pour comparer à un autre album d’un tout autre genre, il faudrait imaginer le sublime « If You Leave » de Daughter en version complètement cramée et violente, c’est-à-dire cette féminité malgré tout et la force de la voix, celle qui se fait unanime.

crédit : Jon Wilkinson
crédit : Jon Wilkinson

Les onze titres de « Silence Yourself » sont expédiés en moins de trente minutes, on en veut plus. Toutes les chansons sont réellement différentes, mais à prendre dans un ensemble. Il y a une évolution au sein du disque, celui-ci commence de manière modérée et explose petit à petit jusqu’à devenir parfois fou et un brin malsain (l’instable « Husbands »).
Cependant Savages termine sur une pointe de douceur sur lequel un piano humanisera cette épopée. Ce morceau final, Marshal Dear, est le morceau sublime du disque, troublant et passionnant, la chanteuse Jehnny Beth (également membre de John & Jen) prouve sa voix inépuisable et sa puissance narrative, le morceau se conclue avec l’arrive d’un saxophone qui sonne comme le glas.

C’est sans trop attendre de Savages que je me retrouve véritablement bluffé et conquis, « Silence Yourself » est emprunt d’une beauté sans possibilité de fuite, tel le lierre. J’attends avec hâte de voir le groupe sur scène déployer toute sa noirceur et sa furie. Un très bel album et un groupe à suivre de très près.

Savages

« Silence Yourself » de Savages est sorti aujourd’hui, lundi 6 mai chez Pop Noire et Matador Records.

savagesband.com
facebook.com/savagestheband

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique