Le premier EP de Sally, « PYAAR », signifie « amour » en langue hindi. Sally garde la tête froide tout en sachant distiller l’enthousiasme et les vibrations positives nécessaires à son projet, qui a vu le jour automnal il y a seulement deux semaines. De son vrai prénom Marion, et à tout juste 20 ans, Sally vient de Djibouti et s’apprête à faire déferler ses flows psycho-spirituels avec une sublime voix et des mélodies et rythmes extraordinaires qui pourront très difficilement être oubliés.
En France, enfant, elle découvre le Maine-et-Loire et le chant, comme la chorale en famille. À cette époque, beaucoup de musique pop résonne dans la maison, mais le rap la fascine pas le biais des écoutes de son frère. Sally épanouit ses tympans adolescents avec le hip-hop américain de Nicki Minaj ou Lil Wayne. Elle réunit tout le potentiel d’une artiste qui s’ignore jusqu’à ce qu’on lui diagnostique une bipolarité à quelques mois du passage du baccalauréat, ce qui lui fera réaliser son envie irrésistible et sa conviction de chanter. Après quelques posts de reprises de Lana Del Rey ou Jorja Smith sur Instagram fin 2017, Sally attire l’attention de Lord Esperanza, alors en train de monter son propre label, Paramour. Marion signe sous le nom de scène de Sally, en référence au dessin animé franco-australien des années 2010 « Sally Bollywood », une fillette résolvant des enquêtes en tant que détective privée.
Sally part à la découverte du monde de la musique et explore la matière sonore et les contrées merveilleuses dessinées par le nuancier de sa palette vocale. Les propositions de productions pleuvent, elle n’a plus qu’à suivre les îlots mentaux et physiques de l’inspiration. Elle s’imprègne de la musique de M.I.A, Rosalia, Kid Cudi ou Lomepal, « pour qui la folie n’est pas un tabou », selon elle.
« PYAAR » est un opus qu’on n’a pas envie de mettre dans une case de style prédéfinie. Les ondes R’n’B, trap, soul et hip-hop se propagent tout au long de l’EP dès le premier titre « JFLA », hymne à l’indépendance féminine autant que rappel de la peur de l’engagement :
Une voix de toute beauté envoie de sublimes mots : « Je me suis cachée dans l’océan de douleur que je me suis créé ». Puis, Le hip-hop orne le morceau « Plus le temps », « Puisqu’il faut » subordonne l’obligation à la conjonction des conséquences d’un échec amoureux. Et « Corps à corps » exprime le désir charnel tel qu’il peut être pensé et chanté, quand le titre final « Vrille » conclue sur la difficulté de se débarrasser d’une personne dite toxique. Les textes intimistes et sincères en français, d’une grande intensité et liés à la dépression et aux déceptions, y compris amoureuses, donnent la parole à la vie. La bipolarité telle qu’elle est à présent envisagée n’est plus honteuse, cachée ni rare dans la société. Tout comme les maux s’emparent de l’existence, les mots de « PYAAR » assurent que toute femme doit lutter, résister et savoir exister au quotidien comme en amour. Sally fait résolument partie de la jeune génération d’artistes ayant à cœur celui que la musique et le chant peuvent transmettre sans crainte de se compromettre, pour toujours mieux s’exposer afin de participer au bien commun ; le seul capable de « rafistoler ton cœur comme un Tetris ».
« PYAAR » de Sally, disponible depuis le 22 novembre 2019 chez Paramour.