RY X – Berlin

D’une puissante fragilité, RY X mise toutes ses cartes aigres-douces dans la partition épurée de l’EP « Berlin ». Pure contemplation.

RY X – Berlin

Souvent, le fait d’en mettre plein la vue peut paraitre dépassé, voire désuet. La grâce survient le plus souvent d’actes bénins, simples et naturels, et non dans la grandiloquence et l’effusion d’effets pompeux. Juste deux ou trois instruments acoustiques, une voix aiguisée et des effets de douce électro. En ce sens, RY X joue les troubles faits de l’âme et compose un minimalisme pur et acéré, trouvant son apogée dans des ténèbres ruisselantes de lumière.

Schéma type du lover à barbe, cet Australien pourrait être le jumeau d’Angus Stone : l’allure physique est semblable, le même chant d’hirondelle qui donne la chair de poule et la guitare acoustique sous le bras. Une vie de bohème. “I was born on an island / not a lot of people where I changed shoes sizes / not a lot of shoes to wear” (Je suis né sur une île / pas beaucoup de gens changent de pointures / pas beaucoup de chaussures à porter).

Finalement, la seule opposition sera l’ambiance sonore qui diffère du folk acoustique des Stone. On en est pas loin puisque RY X mêle à ses influences folk une pop feutrée et lisse inspirée par la nature et ses cours d’eaux. Ses résonances vocales s’apprêtent plus au contemplatif qu’au road movie. C’est évident quand on a grandi au bord de l’océan à humer l’air iodé des vagues, sentant le sel sécher sur sa peau. Il écoute ainsi les disques paternels de Dylan, Buckley, des Beatles, puis tombe amoureux de la musique comme de son océan : “soul music all of it / fell in love with music like the sea”. Il quitte ensuite son pays natal pour voyager à travers le monde, lui permettant ainsi de parfaire son éducation musicale.

crédit : Rachel Poulliat
crédit : Rachel Poulliat

Sa friable et ondulante sensibilité est en réalité bien plus puissante et percutante qu’elle n’y parait. Son univers, version hybride de Bang Gang et Bon Iver, est en constante transition entre la catharsis de « Shortline » et la sérénité de « Berlin » et « Wanderlust », qui débute l’EP en donnant d’emblée le ton mélancolique et rêveur de son enivrante nébuleuse. Plus que des mots, notre bouche se sèche, nos yeux se perlent et notre esprit vague pendant 13 minutes, malheureusement trop courtes pour faire redescendre nos poils.

« Berlin » de RY X est disponible depuis le 28 août 2013 chez Dumont Dumont.

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ry-x.com

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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante