[LP] Ropoporose – Elephant Love

On garde tous une certaine nostalgie des histoires que nos parents nous lisaient, enfants. Quelques illustrations pour éveiller notre imaginaire et des protagonistes colorés, lancés dans des aventures qui, encore aujourd’hui, nous reviennent en mémoire.

Ropoporose - Elephant Love

C’est certainement de ces souvenirs d’enfance, ceux d’une sœur et d’un frère – Pauline au chant, à la guitare, au clavier et aux percussions, Romain à la batterie et aux chœurs – qu’est né Ropoporose (joli nom), belle pousse de trois ans, nourrie des ruissellements indie dans un terreau pop.
On les connaît, ces innombrables projets de fratries, souvent complices depuis le plus jeune âge ; mais celui-ci a cette fraîcheur, cette insouciance jamais impertinente qui séduit, passionne et résonne en nous. Non sans nostalgie, non sans mélancolie, on se laisse porter par la douce énergie du jeune duo de Vendôme.

« Elephant Love », avancée sans filin pour nos deux intrépides fonceurs, Lara et Indiana dans une autre vie, en quête d’un trésor englouti au cœur d’une jungle luxuriante et habitée d’esprits curieux et agités. En avant !

On pourra ainsi sûrement voir dans « Day of May » un clin d’œil à leurs débuts en 2012, sinon une introduction sereine. Ici, la voix douce de Pauline, accompagnée par le frérot Romain aux chœurs, nous accueille sur un air de guitare, prestement électrisé, et quelques coups de cymbales. Petit à petit, chaque note et chaque souffle nous poussent un peu plus vers l’avant, comme une brise qui s’intensifie pour nous faire passer de la marche à la course. Le cœur palpitant, on prend l’allure, tant et si bien que la musique fait désormais corps avec nous. L’aventure ne fait que commencer !

Attisé par une énergie sincère et éperdument libérée, on vit chaque morceau comme entraîné dans un tourbillon de dynamisme, entre prise de vitesse et emportement. Les cuivres viennent ainsi embellir le propos déjà sublime de « Desire », alors que la folie (sur)prend le pas sur la retenue sur l’époumonant et intensif « Moïra ».

C’est ce contraste d’humeurs changeantes qui nous remue tout au long de ce disque. Pendant presque cinquante minutes, les deux musiciens n’en finissent pas de jongler habilement entre des passages d’une fluidité extrême et d’autres où l’agitation est à son comble.
Et ce qu’on aime par-dessus tout chez Ropoporose, c’est cette envie, presque innocente, de vouloir goûter à tout ; sûrement le fait de leur « bonne » éducation au goût.
Ainsi, la ballade pop « Why-Whu » croise le chemin d’un math-rock bien réveillé sur « Empty-Headed ». Puis le wagon noise « Elephant » vient rattraper la locomotive expérimentale « Love ».

Enfin, le solennel « Consolation » viendra allumer les fumées du folk alternatif « My God » avant la conclusion indie pop magistrale « 40 Slates », hommage instrumental autour des notes vibrantes du piano.

On est parfois séduit, souvent surpris, par ces titres, véritables électrons libres de créativité. En empruntant à tant d’univers distincts, comme un juke-box qui n’en ferait plus qu’à sa tête, Ropoporose coud son propre patchwork musical, résolument inclassable et étonnant.
Récréatif et atypique, « Elephant Love », premier album des talentueux Pauline et Romain Ropoporose, guide nos respirations et nous offre certainement l’un des plus beaux témoignages de l’éclectisme indé actuel en France. Brillant !

Ropoporose

« Elephant Love » de Ropoporose est disponible depuis le 26 janvier 2015 chez Yotanka / Differ-Ant.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques