Dix ans après la sortie de son premier EP porté par « Montreal » ; single au groove léché cumulant désormais plusieurs dizaines de millions d’écoutes, Roosevelt célèbre cet anniversaire avec « Embrace », un troisième album qui affirme le talent de son producteur. Après le succès de « Polydans » paru en 2021, où l’électro-pop se mêlait à des sonorités disco contagieuses et entêtantes, il n’aura pas fallu longtemps à Marius Lauber pour revenir ravir nos oreilles et nos hanches au fil d’un nouvel opus.
En ouvrant sur « Ordinary Love », Roosevelt fait appel au mélange qui caractérise si bien sa signature sonore, où les riffs de guitare – tantôt dansants, tantôt plus bruts – et les nappes synthétiques offrent sans cesse une dimension onirique à l’atmosphère. Cette impression se prolonge sur « Rising », dans une dimension plus club, invitant autant au déhanché du corps qu’au voyage de l’esprit dans un crescendo planant et néanmoins rythmé, virant à l’hypnotique lorsque le refrain se répète en boucle et nous enivre.
La voix de son leader, seul maître à bord de l’écriture à la production studio, n’y est pas étrangère. Avec sa capacité à amener son chant dans une sphère incantatoire – comme sur « Lake Shore » – Marius Lauber ne nous transporte pas que sur le dancefloor (celui des années 1980 sur « Realize » et sa ligne de basse profondément rétro), mais fait aussi appel au sensible. Il se confie aisément sur son errance sentimentale, sur l’amour en général et fait de ses ressentis, de son for intérieur, un matériau au cœur de ses préoccupations.
« Paralyzed » en est certainement l’exemple le plus notable, l’un des titres incontournables de cet album qui continuera à tourner en boucle dans notre esprit durant quelques années encore. Avec sa mélodie empreinte de nostalgie au milieu d’une énergie extatique, cette piste située au cœur du disque est la preuve même de la capacité qu’a Roosevelt à transporter notre âme vers d’autres horizons. Ceux emprunts d’espoirs et de mélancolie, ceux de tendres rêveurs, d’amoureux transits livrant leurs sentiments à cœur ouvert.
« Lors d’une séance d’écriture, j’ai été fortement influencé par le disco du début des années 80, en particulier par ses lignes de basse, et j’ai beaucoup écouté des chanteuses comme Melba Moore ou Gwen Guthrie. Il y a dans ces lignes de basse quelque chose qui est à la fois entraînant et triste, ce qui m’attire toujours. « Paralyzed » est né d’une ligne jouée spontanément, et lorsque j’ai superposé le reste des instruments, j’ai essayé de lui donner ce sentiment doux-amer que me procurent ces vieux morceaux de disco. »
Cette puissance de la basse, – que l’on retrouvait déjà dans une synth-pop plus brute en 2013 sur « Montreal », l’un des singles majeurs de Roosevelt -, est particulièrement sublimée tout au fil de cet album, et notamment dans le magnifique et 100% instrumental « Yucca Mesa ».
La piste, qui sert en réalité de transition exquise à « Paralyzed », est guidée par l’élégance de cette ligne de basse qui en fait un titre parfait à mixer, alors que l’été se conclut avec nostalgie, et nous donne envie de retrouver la douceur des soirées rythmées par les couchers de soleil et les plus tendres compagnies.
C’est cette même profondeur qui guidait déjà « Luna », autre extrait notable d’« Embrace », et instillait un rythme disco-funk se superposant à la dimension plus pop-rock de la guitare. De quoi nous rappeler les meilleures heures de Two Door Cinema Club ou des sonorités entendues récemment chez Parcels, grâce à un soin tout particulier apporté à la production de ce titre choisi très tôt pour annoncer la sortie de ce LP.
En créant un album à la fois intime, aux paroles sensibles et aux mélodies dansantes et contagieuses, Marius Lauber semble plus que jamais avoir trouvé son mode d’expression le plus sincère dix ans après avoir initié le mouvement en formant Roosevelt. « Embrace » s’impose comme un appel à l’étreinte, aussi bien celle des corps se mêlant dans la danse lors d’une soirée à son apogée (« Alive ») que celle de deux aimants attirés l’un vers l’autre, et à embrasser l’instantané.
De nombreuses raisons qui poussent à ne pas manquer la tournée européenne de Roosevelt qui s’arrêtera par Paris le 4 décembre 2023 au Cabaret Sauvage.
« Embrace » de Roosevelt est disponible depuis le 22 septembre 2023 chez Counter Records.
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