Ronin – Fenice

Chroniquer des albums instrumentaux, voilà un exercice auquel je ne me suis jamais trop risqué, quelques titres au maximum.

En février, je recevais le nouvel album du quatuor instrumental italien Ronin, « Fenice » sorti le 12 mars chez Santeria et Audioglobe. Sa pochette singulière, entre minimalisme classieux et soin apparent et son disque glissé dans une pochette façon vinyl comme pour mettre en avant la noblesse des neuf titres annonçaient déjà quelque chose de fort.

Un bel objet vu d’extérieur, assurément une bonne introduction, mais qu’en est-il de son contenu ?

Au commencement, il y a « Spade », mystérieux et sombre, où l’ambiance de l’album s’installe sur des lignes de basse tendues. Plaisant, je continue et je passe à « Benevento », qui lui réveille la passion de l’un des guitaristes, Bruno Dorella pour les musiques de western à la Morricone. « Selce » part quant à lui dans un univers infiniment planant, très libre, très agréable il faut également le dire.

Avec ces trois premiers titres, je découvre dès lors trois univers distincts, parfaitement maitrisés, en sera-t-il de même pour la suite, je l’espère au moment d’écouter l’album.

Surgit alors – le mot est juste, je vous l’assure – « Jambiya », où d’abord les cordes pincées de la gratte donnent le rythme, puis la batterie vient prendre la mesure de l’ensemble ; accrocheur et frénétique, à la manière du célèbre Misirlou de Pulp Fiction.

« Fenice », morceau éponyme, amène son agréable mélancolie au fil d’un titre progressif où l’on se laisse alors transporter un peu plus dans l’univers de Ronin.

S’en suit un moment fort sur l’album, « It Was A Very Good Year », hommage à Franck Sinatra où le groupe se fait accompagner à la voix par Emma Trica pour un jazz contemplatif, rehaussé par un delay particulièrement vibrant laisse transpirer une véritable singularité et une surprenante sensualité à cet instant.

« Gentlemen Only » amène sur deux minutes de quoi swinguer sans qu’on comprenne vraiment depuis le début comment s’organisent les transitions entre les titres. C’est peut être ça aussi Ronin, rendre chaque titre libre d’exister sans les autres morceaux et proposer ainsi des histoires particulièrement variées à s’imager. J’adhère à ce principe !

Avant dernier titre de l’opus, « Nord » signe le morceau le plus expérimental de l’album, où l’on semble passer d’un tableau à un autre tel un voyageur allant de montagne en montagne. Dépaysant.

« Conjure Men » termine l’album avec une ambiance chaude, celle de la fête, mélangée entre musique des Andes et feria où les classiques guitares, basse, batterie viennent s’enrichir auprès des flute, trombone, trompète et saxophone.

« Fenice » est un album surprenant, parfois déstabilisant, que j’ai grandement apprécié, preuve en est d’en avoir réitéré l’écoute un nombre incalculable de fois. Parfait pour accompagner une soirée, pour travailler, pour lire, se reposer ou entrer dans des phases créatives. Avis aux mélomanes curieux donc.

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques