[Live] Le meilleur de Rock en Seine 2017 – partie 2

Deuxième partie de notre reportage à la 15e édition de Rock en Seine. On passe cette fois-ci en revue la journée de dimanche, dominée par la scène indie rock anglo-saxonne, même s’il y en a eu pour toutes les couleurs, entre claques et performances en demi-teintes. Petit tour d’horizon avec notamment les concerts très attendus de Slowdive, Mac DeMarco et Ty Segall.

Mac DeMarco – crédit : Cédric Oberlin

Premier set d’un après-midi caniculaire, Car Seat Headrest a pris les commandes de la Cascade pendant trois quarts d’heure. Le grand brun de l’indie rock a livré une performance qui perd en immédiateté par rapport à ses enregistrements studio, et se fait plus sophistiquée et réfléchie, comme pour appuyer des textes et des compositions au détriment de la rage attendue. Les éclats garage ainsi espérés étaient un peu manquants sur les six petits titres de la setlist, principalement issus du récent « Teens of Denial ». En effet, maintenant passée sa période hyperproductive en autoproduction (une dizaine d’albums en cinq ans), le projet de Will Toledo signé depuis 2015 chez Matador voit sa patte lo-fi glisser désormais sous le filtre du studio. On avait, en effet, connu l’Américain moins lisse ou moins balisé dans ses explorations, mais le guitariste aux allures faussement candides est parvenu peu à peu à se faire justice au fil du set, et finalement emporter Saint-Cloud sur « Beast Monster Thing (Love Isn’t Love Enough) » ; conclusion un peu plus déroutante et franchement bienvenue.

Car Seat Headrest – crédit : Cédric Oberlin

Un petit retour dans les 80’s nous est proposé par Rendez-Vous à l’Industrie. Le groupe des fonds de cave de Bastille sort sous le soleil et produit en effet une new-wave un brin punky, et assez furieuse en face d’un public qui se prend vite au jeu, comme subjugué. Les compositions s’enchaînent avec la même intensité, suantes de synthés coulants et dopée par les riffs d’un bassiste littéralement déchaîné. Un brin cliché peut-être ? Difficile de citer toutes les influences que cette musique évoquerait avec un peu de mauvaise foi. Seule certitude, les quatre Français sont surtout là pour s’éclater, et son public aussi sur « Distance » et « The Others » titres conçus pour claquer autant aux oreilles qu’au visage. La performance aux chants pour le moins abrasifs vient d’autant plus appuyer la thématique (enfin !) très orientée indie-rock de cette dernière journée. Et ce n’est déjà pas mal avec seulement deux courts EP en poche. Pas de doute qu’il faudra très bientôt être au (ou plutôt « à ») Rendez-Vous sur les scènes de festival qu’ils ne devraient pas manquer d’écumer prochainement.

Rendez-Vous – crédit : Cédric Oberlin

Deux ans après sa précédente virée avec Fuzz, Ty Segall nous manquait déjà à Rock en Seine. Après une petite conférence au Village du Disque, l’Américain s’est présenté à la Cascade pour l’un des concerts les plus attendus du dimanche. Si cela a plutôt bien commencé avec un titre créé pour résumer sa posture, « Break a Guitar », la suite est axée sur du psyché 60’s. Il a donc fallu attendre la dernière partie pour voir le set virer davantage vers ses folies plus brutales et garage jusqu’alors intermittentes. Un public un brin amorphe sous la chaleur n’a pas contribué à obtenir le rendez-vous attendu malgré le déluge de pédales fuzz, et le set aurait été décevant si une clôture plus jam n’avait pas redressé la barre. Bien aidé par son live band habillé de rouge (à la White Stripes) pour l’occasion, le Californien est donc finalement parvenu à lâcher les chevaux et nous piquer un peu les oreilles, non sans montrer la facette la plus sauvage de ce très productif caméléon de l’indie rock.

Ty Segall – crédit : Cédric Oberlin

Il y a plusieurs façons de participer à un concert de Mac DeMarco. On peut se faire inviter à l’apéro de ses potes (Matt Mondanile et le groupe Car Seat Headrest pour le set du festival), autour de la table posée à proximité des artistes et siroter une bière, mais ce n’est pas la technique la plus aisée. On peut également monter sur scène pendant le show, en espérant un signe approbateur du Canadien basé à New York, et tout autant des agents de sécurité. Mais si certains y sont parvenus sur la Grande Scène de Rock en Seine, cela paraît néanmoins assez risqué, et souvent infructueux. Il reste alors à observer le tout depuis la fosse avec un sourire amusé. C’est ainsi qu’on pourrait résumer la performance de Mac au festival, déjà culte, entre le moment où il se fait offrir un hand spinner par un fan ou quand il danse avec un autre avant de lui céder le micro. Bref, rien de nouveau dans le monde délirant de l’artiste, si ce n’est son récent album « This Old Dog », dont il transforme déjà bon nombre des titres jangle pop en classiques grâce à ses performances scéniques déjantées, bien aidé par un live-band aussi barré que lui, si ce n’est peut-être plus.

Mac DeMarco – crédit : Cédric Oberlin

Après la claque donnée au Trabendo en avril, le set de Slowdive figurait parmi les immanquables des trois jours de l’événement. Le mythique groupe de shoegaze, dont la présence faisait écho à celle de The Jesus and Mary Chain, a cependant cette fois-ci plus concocté une setlist pour les fans de la première heure, que pour présenter son quatrième long-format éponyme. La performance aux airs de best of 90’s a ainsi fait cohabiter les tubes intemporels du groupe culte, de « When The Sun Hits » à « Crazy For You » en passant par « Catch the Breeze ». L’idéal pour vivre un moment chargé en nostalgie, qui voit à nouveau le triomphe de sublimes compositions mélodiques et mélancoliques. Malgré quelques bugs avec le micro de Rachel Goswell dans les premières minutes, on a également pu apprécier la patte toujours présente de la formation sur les singles de cette année, « Star Roving » et « Sugar for the Pill », qui reviennent aux fondamentaux de l’ère pré-Pygmalion : déluge de cordes saturées, regard perdu dans les pédales, voix oniriques et séquences instrumentales jouissives. Inutile de dire qu’on a repris une claque, peut-être même plus forte encore.

Slowdive – crédit : Cédric Oberlin

The xx avait déjà fait son retour au début de l’année à Paris au Zénith, après 3 ans de silence scénique. Le trio anglais a fait plus fort cet été à Rock en Seine, imitant Jamie venu en solo à l’Industrie en 2015. Tête d’affiche la plus réjouissante de cette édition avec PJ Harvey, la formation londonienne a enfin produit la performance scénique qu’on attendait d’elle : spectaculaire, généreuse, avec un petit brin de folie supplémentaire. Pendant une heure et demie, avec une setlist équilibrée entre les débuts du groupe (« Islands », « Intro » en ouverture et « VCR »), ses nouveautés, et une place sur mesure accordée à Jamie xx, qui entre les douceurs pop de ses deux acolytes, n’a pas hésité à glisser ses beats électroniques, transformant « Fiction » ou « Shelter » en délire tech-house à sa sauce, jouant les titres de son propre disque perso comme « Loud Places » (et à d’autres moments en guise de transitions entre les morceaux du trio) ou encore en prenant les manettes sur les productions du dernier long-format « I See You » où sa patte est la plus notable comme « Your Lips ». Une grande messe parisienne parfaite pour conclure le festival en beauté.

The xx – crédit : Cédric Oberlin

Le meilleur de Rock en Seine 2017 en images par Cédric Oberlin :


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens