[LP] Rival Consoles – Howl

Primaux et ésotériques, les cris sombres et confinés de Rival Consoles prennent la forme d’un très grand sort. « Howl » est surprenant, excitant et incroyablement intelligent.

Rival Consoles - Howl

On y devine déjà les dédales mystérieux de l’album. Cette sorte d’empreinte n’est pas anodine. Elle peut ainsi dévoiler la signature de l’artiste, discrète et épurée, ou alors en présenter toute sa complexité. « Howl » est fait ainsi : ambivalent et bipolaire, prêt à surprendre, à faire peur, à dérouter. On ne sait pas comment le prendre. C’est une formule magique, une initiation à l’ésotérisme. À défaut d’être initié, on perd pied. Rival Consoles dénoue avec ses pads et ses fils pour livrer un premier album dans une poche électro confinée, surprenante et ultra-sensorielle.

Ce n’est pas une mince affaire que d’affronter ce joyau. Il demande de la concentration, de la rigueur d’écoute et, en même temps, beaucoup de laisser-aller. Sous ses airs de grand déboussolé, « Howl » cache une certaine rigueur extrêmement volage, mais emprise, tout de même, de liberté. Cette contenance permet de récolter l’essence des sons pour en libérer toute leur fougue. On se rend alors compte que le genre de l’électro a une infinie capacité de création. Une palette incommensurable de couleurs s’offre ainsi à nous. L’album voyage, secoue, fait peur, émeut, passe par dix mille émotions pour n’en retenir qu’une seule : la joie. Mais comme nous n’avons rien sans rien, Ryan Lee West, tête pensante et bourdonnante de Rival Consoles, dompte subtilement et avec intelligence l’incroyable matière de « Howl ». « En faisant dériver lentement le ton à travers/à l’aide de distorsion et de delays (effet audio en guitare, NDLR), le résultat donnait l’impression de pleurs vocaux – ce qui était parfait pour le morceau et qui m’a inspiré pour basculer vers un ensemble de tons plus noirs pour tout l’album/tout le long de l’album. Cela fait quelques années que j’y travaille, en m’inspirant de petites impros aux synthés, en revisitant certains de mes héros musicaux, en réalisant des maquettes avec ma voix dans des conditions inattendues et en enregistrant des textures dans différents pays. »

Prétendantes des grands espaces comme des petits, les neuf pépites de Rival Consoles prennent des morceaux d’ici et là-bas, sans trop savoir où il se situe réellement. Cette impression qu’il n’appartient à personne et qu’il dépasse même son auteur. Son aura est immense, bourdonnante dans les plus fines oreilles. On s’aplatit alors devant les turbines fantomatiques de « Ghost », devant l’allégeance mélodique de « Pre », tête au ciel sous les orgues de « Morning Vox » ou encore sous les percussions jazz de Fabian Prynn (qui avait déjà filé un coup de main à Douglas Dare dans ses roulades électriques), qui n’est sans rappeler la bande originale de Birdman. Trouble affect, on veut encore et toujours trembler sur la terre de cet irréductible magicien.

crédit : Lenka Rayn H.
crédit : Lenka Rayn H.

« Howl » de Rival Consoles, disponible depuis le 16 octobre 2015 chez Erased Tapes.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante