[LP] Ride – Weather Diaries

Esquivons d’emblée l’introduction qui fait l’inventaire des reformations shoegaze auxquelles nous sommes habitués depuis quelques années : tout le monde s’en est déjà chargé. Cependant une chose est certaine, on aurait voulu aimer « Weather Diaries », le nouvel album des pionniers Ride.

Il fallait pourtant s’y attendre, Ride est de ces groupes dont la carrière démarre avec panache, enchaînant un album culte, « Nowhere », et un classique, « Going Blank Again », avant de s’effondrer au fil d’albums moyens que la britpop savait alors enfanter. Les années passent et l’Histoire aura préféré ne garder que les souvenirs d’une jeunesse saturée. Arriva 2017 et comme une odeur de naphtaline dérobée sous un couvre-chef de mauvais goût.

Il ne faut pas s’attendre à un album de shoegaze, ce n’en est pas un. Ce n’est pas un problème d’ailleurs, il aurait été idiot et peut-être triste d’attendre un retour à 1991. Imaginez plutôt un groupe de rock progressif qui s’essaye à la pop grand public. Attendez-vous à un jeu dépourvu de finesse, mais parfaitement en place (on remerciera un groove à défriser les moustaches de Pro Tools), à des synthétiseurs dépassés et à des refrains de stade qui dégueulent d’harmonies vocales. Autant directement faire produire ses chansons par Steven Wilson au lieu d’aller virer Erol Alkan de soirée.

Pour autant, on ne peut vraiment en vouloir à Ride. Le naufrage qu’est « Weather Diaries » prend, à mon sens, racine dans une erreur de jugement. En effet, cet album n’est pas dépourvu d’idées, le groupe s’essaye à un exercice qu’il considère être rafraîchissant. Que ce soit les synthés de « Lannoy Point », les samples de voix de Gardener sur « All I Want » ou la boîte à rythme de « Rocket Silver Symphony », on ne peut pas dire que Ride n’essaye pas des choses nouvelles. Malgré tout, on subit le mauvais goût de musiciens qui n’ont peut-être pas écouté suffisamment de musique ces vingt dernières années. Ces quelques idées sont ou bien flinguées le couplet suivant si ce n’est qu’elles n’étaient déjà pas bonnes à la base. Dommage.

crédit : Andrew Ogilvy

On aime Ride profondément et restons heureux de cette reformation. Espérons simplement que Neil Halstead et Rachel Goswell de Slowdive leur prêtent quelques disques à écouter avant de retourner en studio. « Weather Diaries » n’est pas un album nécessaire et sera probablement oublié dans les mois suivants sa parution.

« Weather Diaries » de Ride, sortie le 16 juin 2017 chez Wichita Records.


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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique