[LP] Reptile Youth – Rivers That Run For A Sea That Is Gone

Un duo danois dont la pochette est signée de la patte du graphiste de Die Antwoord, Roger Ballen. Dix titres bénéficiant chacun d’un clip avec un réalisateur étranger différent et un disque produit par Jens Benz  (Iceage) et mixé par Brian Thorn (David Bowie, Arcade Fire)… « Rivers That Run For A Sea That Is Gone », second album de Reptile Youth (anciennement Reptile & Retard) s’impose avec un CV long comme le bras. Mais la question principale demeure : que vaut-il donc sorti de ce contexte ?

Reptile Youth - Rivers that Run For A Sea That Is Gone par Roger Ballen

Dès l’ouverture avec « Above », Reptile Youth s’appuie sur ses points forts. Le chanteur Mads Damsgaard Kristiansen place le groupe bien au-dessus de la concurrence : chant concerné et belles envolées. Il donne à lui seul envie de voir le band en live. Le claviériste maintient l’intérêt pour le disque tout du long en transformant ses chansons pop-rock avec une touche d’électro-new wave irrésistible.

Toutefois « Rivers That Run For A Sea That Is Gone » hésite trop souvent entre urgence rock et volonté de faire danser pour être vraiment cohérent. Si certains titres montrent le meilleur du métissage des deux genres (« JJ », « Structures »), d’autres titres  comme « All of the Noise » ainsi que la chanson éponyme, n’offrent pas le même niveau de réussite. On peut même dire que c’est quand le groupe se concentre sur un seul genre qu’il donne son meilleur : « Structures » en excellent hymne rock et « We’re All In Here » en vraie réussite électro s’approchant des territoires de Primal Scream.

La première impression est donc celle d’un groupe qui ne révolutionne pas le genre. Si le duo développe une véritable énergie et une section rythmique excellente, la prise de risque reste cependant minimale. Reptile Youth ne sort en effet que très peu du couplet refrain pont proverbial.

C’est en entrant dans sa seconde moitié que le disque convainc réellement. Le groupe semble lâcher la pression et force moins le propos à l’image de l’impressionnant « JJ », basé sur une correspondance avec un fan toxicomane. Reptile Youth y montre là son plein potentiel. C’est un tube qui monte et qui fait exploser toute la puissance que l’on pensait jusque-là contenue.

crédit : Rasmus Weng Karlsen
crédit : Rasmus Weng Karlsen

Nous voilà donc avec un album qui ne réinvente pas le pop-rock teinté d’électro – qui donc le fait ? –  mais l’offre de façon fraîche et puissante. On se laisse souvent charmer (le romantisme contrarié de  » Where You End I Begin » et les pulsations folles de la mixture électro-heavy rock de « Two Hearts ») et il va être très intéressant de suivre la mue du reptile au cours des prochains mois, notamment à travers les clips à venir et les prestations que l’on espère folles des deux compères de Copenhague.

« Rivers That Run For A Sea That Is Gone » de Reptile Youth, sortie le 10 mars 2014.


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Cyril L'Allinec

chroniqueur globe-trotteur entre Montréal et Paris