[EP] REMO – Transitions

Annoncé il y a quelques mois à travers un single aux confins de la bass music expérimentale et d’une electronica atmosphérique, le nouvel EP de REMO est enfin là ! En quatre titres, le trio nous convie à un véritable banquet instrumental. On y déguste son lot de boîtes à rythmes et de lignes de synthés reliées entre elles et affûtées, jusqu’à faire s’élever les murmures de paysages fébriles, sauvages et encore nimbés d’échos songeurs.

Remo - Transitions

Paru chez Highlife Recordings, cet opus baptisé « Transitions », n’est pas sans rappeler ce qu’on a pu écouter il y a quelques années chez Ninja Tune, à l’époque, meilleure écurie européenne en matière d’abstract hip-hop. Et si l’Angleterre des années 90 a bercé vos oreilles, il se peut que vous retrouviez les gimmicks de cette époque inoubliable. Dès l’ouverture,  « Dies » déploie dans l’espace ses claviers délicats, sur fond de boîtes à rythmes affolés, de beats nerveux et de textures electronica. Revu et corrigé, l’abstract se mute en future beat au détour d’un mixage virevoltant. « Invisible Travelers » s’acoquine du chant de Paulette Wright et trace à nouveau dans l’abstract hip-hop, avec son piano et ses basses lancinantes qui offrent calme et réconfort entre deux instants explosifs. Un morceau qui n’est pas sans rappeler les productions trip-hop « quatre étoiles » du Bristol Sound dans les années 90. « One and Zero » creuse le sillon d’un RnB mutant, traversé de basses épaisses, de beats flottants et de textures vaporeuses, s’enroulant autour du chant de Pupajim. Au final, la pièce maîtresse de ce disque reste le single qui nous a été dévoilé il y a quelques mois, l’impressionnant « Green » et ses huit minutes d’extases mélodiques, dans lesquels notre esprit s’abandonne à la contemplation du monde.

Bref, mais sans fioriture, cette nourriture de l’âme que nous offre le trio REMO, semble un peu dispersée, au croisement de multiples facettes qui ne s’accordent pas toujours entre elles. Le prisme de l’abstract hip-hop rassemble les trois premiers titres alors que le quatrième s’envole complètement vers d’autres contrées. Et « One and Zero » n’égale pas « Dies », dont l’instrumentation hip-hop se révèle la plus intéressante de l’EP. Des écarts de qualité dans la production existent, mais un grand potentiel semble frémir au détour de quelques arrangements. La force de « Transitions » est d’accorder cette alchimie entre organique et synthétique, sans trop se perdre dans la redite ou le décalque. Original et savamment dosé, ce disque ne cherche pas forcément à brosser l’auditeur dans le sens du poil et c’est bien ce qu’on lui demande ; il nous surprend. Et un groupe qui essaye, même s’il ne parvient pas toujours à créer la symbiose parfaite, est toujours plus agréable à suivre qu’un petit génie de la reformulation sans vergogne.

REMO

Artisans d’une électronique qui cherche à se détacher des paradigmes de la musique dansante ou commerciale, taillée pour nous faire s’évader à la manière d’une drogue onirique continue, REMO nous invite à la réunion de multiples logiques, joignant l’agréable à l’utile, afin de nous faire méditer vers d’autres latitudes. La maîtrise technique et artistique des moyens de création semble bel et bien au rendez-vous et nous donne à penser qu’après de nombreux EPs, les voilà prêts à réaliser un format plus long, en espérant qu’ils emprunteront le chemin ouvert avec « Green », un paysage électronique définitivement de grande envergure.

« Transitions » de REMO, sortie le 30 septembre 2016 chez Highlife Recordings.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.