[Interview] Puts Marie au Printemps de Bourges 2015

À eux cinq, les membres de Puts Marie peuvent se vanter de réveiller une certaine torpeur suisse pourtant nourrie depuis des générations de sons divers et qui n’ont pas été.
Au milieu de ce carrefour musical haut perché, voire très perché, il ne faut surtout pas prendre l’Helvétie pour une lanterne. Sous un apparent flegme, une rage créative intériorisée vient s’exprimer par-delà les scènes européennes qui peuvent à raison se demander quelle mouche tsé-tsé ne l’a pas piqué. Puts Marie, digne ambassadeur, joue à défier les repères et à perdre ses auditeurs dans un tumulte canalisé et cantonné. Quand on est Suisse, c’est pour la vie, alors autant s’en donner à chœurs joie et venir marquer de son empreinte ceux qui jusque-là avaient été leurs taupes modèles. Dès sa sortie de scène et à peine remis d’un set très court mais survolté, indiemusic a rencontré Puts Marie pour savoir de quel boa constrictor ils étaient faits.

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart
  • Salut les Puts Marie. On est super content de vous rencontrer pour indiemusic.
    Vous venez à l’instant de sortir de scène au Printemps de Bourges. Alors, vos impressions ?

C’était une demi-heure très chouette. À 3h de l’après-midi, avec un soundcheck à 9h du mat’, c’est un décalage « intéressant » pour faire de la musique (sourire).

  • Vous avez perdu vos repères habituels, comme lorsque vous jouez sur les coups de 20h/21h ?

Quand tu vas sur scène, quand tu commences à jouer ta musique, c’est exactement pareil ; c’est juste avant que c’est un peu « différent » (rires)…

  • Parlez-nous de Puts Marie, dont on entend beaucoup parler en France depuis maintenant plusieurs semaines ?

Max Usata (chant) : Il est né il y a 15 ans déjà, en Suisse, entre Berne puis s’est dirigé vers Glasgow. Le bassiste Igor Stepniewski était en Écosse et il envoyait de la musique à Nick Porsche, notre batteur. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à composer à trois avec Sirup Gagavil à la guitare. Plein d’idées, plein de styles différents, plein d’influences, avec cette volonté de ne pas attendre, de jouer live. Faire un concert, c’est comme faire dix répèts’, en fait. Moi, je ne faisais pas encore partie du groupe ; je suis venu un peu plus tard, tout comme Beni 06 (aux synthés Farfisa).

  • Le groupe a-t-il dès lors trouvé son équilibre ?  

On était partout, on faisait un peu de tout, parce qu’on avait envie de le faire et parce qu’on était très ouvert. Mais il n’y avait pas encore ce fil conducteur. Parfois même, ce n’était pas très accessible. L’orgue et les synthés ont un peu calmé le jeu !

  • Sans tomber dans les clichés à propos de la Suisse réputée être calme et posée, d’où tenez-vous toute cette énergie dans votre musique, dans vos paroles, dans votre attitude ?

Berne, d’où on vient, est plutôt une « petite » ville, mais il y a une scène hip-hop, une scène punk et une scène rock’n’roll fortes depuis les années 80, avec plein d’influences ; et nous on vient tout simplement de là.
Et puis, tout le monde joue ensemble, il y a vraiment une ouverture d’esprit. Cette scène, aussi dans le free jazz, le noise ou l’impro, donne l’impression que c’est comme une petite école avec beaucoup de gens qui, du coup, se mettent ensemble, à travers plein de formations, pour tenter de faire des trucs. Il y a des choses musicalement très créatives qui se sont passées. Et cela depuis un moment. Il y en a qui font ça depuis presque 60 ans, plusieurs générations font ce « travail » dans la musique et puis, en même temps, ce sont des gens qui sont aussi beaucoup sortis de Suisse pour ramener – comme nous – de nouvelles idées.

  • Hors Suisse, en France, vos dernières créations ont tout de suite été repérées avec notamment le soutien d’une vidéo très impactante, « Pornstars ». Pure provoc’ ou alors c’est vraiment votre style cinématographique et musical ?

Oui, c’est plutôt ça. Et c’est aussi une façon de montrer que l’on est ouvert, que l’on peut penser un peu plus loin et à tout : aux deux sexes, aux moches, aux beaux… vraiment à tous.

  • C’est votre truc, le cinéma ? Vous avez de l’intérêt pour d’autres expressions artistiques ?

Sirup : Beni fait beaucoup de visuels. Du dessin, de la peinture.

Puts Marie - Masoch

D’autres font du théâtre, on est dans plein de domaines. On travaille manuellement aussi ; moi,, je crée par exemple des guitares. J’avais ouvert un magasin que j’ai fermé au bout de six ans à cause de l’Europe, mais surtout pour me consacrer au projet Puts Marie. Je fais de la lutherie en autodidacte ; j’en suis à mon troisième instrument ! C’est un joli métier que je fais un peu comme ça, pour quand je serai vieux !

  • Et en attendant d’être trop fatigués pour monter sur scène, vous en êtes où question notoriété, à commencer par votre propre pays ?

La Suisse, ça devrait être une grande ville. Mais pas un pays (rires)… On tourne gentiment en Europe après avoir joué en Suisse pendant un an. Les réactions sont intéressantes à l’étranger et on se nourrit beaucoup de ça.

  • Eh bien, on a hâte en tout cas de vous retrouver dans nos salles en France. Car cela a été un vrai choc pour nous, ce premier album !

Oui, et bientôt on va sortir le second. Il devrait être disponible en août en Suisse et vers octobre chez vous, en France. Mais rassure-toi, on va sûrement l’emmener avec nous en tournée dans notre merchandising ! Ça sera un peu comme la continuité du premier album, un « Masoch » numéro 2 avec six titres pour continuer dans cet esprit. Tu pourras nous voir aux Eurockéennes, aux Vieilles Charrues, à This Is Not A Love Song. Alors, à bientôt !

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart
  • Merci les Puts Marie !

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans