[Live] Le Printemps de Bourges 2023

Carton plein pour cette 47e édition du Printemps de Bourges qui s’est déroulée du 18 au 22 avril 2023 : durant ces six jours, plus de 250 000 festivaliers et près de 5000 professionnels se sont rendus dans toutes les salles et devant les scènes, sur lesquelles plusieurs centaines d’artistes se sont produits. Celle-ci s’est démarquée par la présentation de nombreuses créations, d’esthétiques différentes, mais remarquables dans l’originalité de leur proposition avec par exemple la Trilogie 72 rétrofuturistes et le projet « Désir(s) » emmené par Oxmo Puccino.
L’éclectisme des spectacles multigénérationnels proposés sur ces cinq jours de festival, devant des salles souvent combles, a séduit un large public que ce soit pour les artistes populaires tels que Bertrand Belin, Sandra Nkaké, Izïa, Vladimir Cauchemar ou pour des projets émergents. Mais c’est avant tout les 33 groupes sélectionnés pour les iNOUïS qui font du Printemps de Bourges un festival engagés pour les nouveaux talents de toutes esthétiques et ce fut une belle réussite cette année.
Et enfin quel plaisir de retrouver quelques anciens lauréats du tremplin (Eesah Yasuke, Aloïse Sauvage, Baby Volcano…), preuve s’il en est que Le Printemps de Bourges s’impose comme une pépinière d’artistes accompagnant leurs révélations tout au long de leur carrière.

Social Dance – crédit : Marylène Eytier

Les iNOUïS

30 minutes : c’est le temps imparti pour convaincre, séduire le public, les professionnels et le jury présidé cette année par Emily Loizeau. Chaque artiste sélectionné pour les iNOUïS a peaufiné son set, proposant le meilleur de son jeune projet sur la scène du 22. La sélection fut encore très prometteuse cette année. Bien que majoritairement rap, la diversité des propositions était au rendez-vous et la parité aussi.

Mon gros coup de cœur Liv Oddman a littéralement envouté l’auditoire tel un OVNI inclassable, danseur, chanteur et follement charismatique. Nul doute que nous entendrons parler de cet artiste dans les prochains mois.

À suivre également les artistes tels que Brique Argent, Fish Talk, Follo, Violet Indigo, Par.Sek, Nous Étions Une Armée et Pales qui ont su créer l’émotion.

Bravo à Brique Argent, prix du Printemps de Bourges Crédit Mutuel – iNOUïS 2023 ; Demain Rapides, prix du Jury – iNOUïS 2023 et Aghiad, prix du public RIFFX – iNOUïS 2023.

LES iNOUïS 2023 en chiffres : ce sont 3500 candidatures, 150 artistes présélectionnés en région, 29 antennes françaises et francophones, cinq conseillers artistiques, huit festivals partenaires, une tournée nationale, trois artistes lauréats et la Classe Verte, un stage de structuration professionnelle réparti sur sept journées.


Les iNOUïS du mercredi 19 avril 2023

avec Alexi Shell, Aupinard, Demain Rapides, Farlot, Fishtalk, Follo, Kiplan, La Colère, Marguerite Thiam, MZA, Pales, Sesam, Suijin et Violet Indigo


Les iNOUïS du jeudi 20 avril 2023

avec 47MEOW, Achim, Liv Oddman, Marceau, Rose Super Tranquille et THÉA


Les iNOUïS du vendredi 21 avril 2023

avec Angie, Brique Argent, Denys Roses, Exaubaba, Lazza Gio et Par.sek


Les iNOUïS du samedi 22 avril 2023

avec AnNie. Adaa, Eat My Butterfly, Moody, Nous Étions Une Armée, Social Dance et Thierry Larose


Les créations

Les créations sont au cœur du Printemps de Bourges avec six spectacles originaux à l’affiche. Coup de projecteur sur deux d’entre eux.

Oxmo Puccino présente Désir(s)

avec Eesah Yasuke, B.B. Jacques, Jäde et Jok’Air

Dans le grand théâtre Gabriel Monet, devant un parterre plein à craquer, très jeune et survolté, Oxmo Puccino et ses invités B.B Jacques, Benjamin Epps, Eesah Yasuke, Jäde et Jok’Air ont exploré le désir sous toutes ses formes, interprétant tour à tour les titres de leurs répertoires. Ce spectacle monté par Oxmo Puccino sous la direction musicale de Vincent Taeger a reçu un très bel accueil du public, preuve que rap et désir peuvent faire bon ménage.


Trilogie 72 : « Harvest » par La Maison Tellier

avec Emily Loizeau, Albin de la Simone, Baptiste W. Hamon, Arman Méliès, Lonny, Ysé et Pauline Denize

Un écrin ; l’Église Saint-Pierre pour trois spectacles hommages autour de trois albums cultes sortis en 1972 : « Ziggy Stardust » de David Bowie par Léonie Pernet, « Transformer » de Lou Reed par Silly Boy Blue et « Harvest » de Neil Young par La Maison Tellier.

Les influences folk de La Maison Tellier ont probablement trouvé leur racine au cœur du 4e album de Neil Young… sorti en 1972. Quoi de plus logique que de le mettre à l’honneur pour le 50e anniversaire de sa sortie.

Revisiter un tel monument ne manque pas d’audace surtout devant un parterre de connaisseurs qui, comme moi, ont probablement fait tourner l’album en boucle durant leur jeunesse. Mais les cinq faux frères Tellier et leurs invités ; Albin de la Simone (piano), Baptiste W. Hamon, Arman Méliès (guitare), Lonny, Emily Loizeau, Pauline Denize (violon et chœurs) et Ysé Sauvage (violoncelle et chœurs), ont su restituer fidèlement l’univers de l’Américaino-Canadien. Les dix titres de l’album joués dans l’ordre ont résonné dans cet écrin mystique porté par des arrangements soignés et des interprètes très inspirés. Ce moment hors du temps particulièrement émouvant a redonné un nouveau souffle à « Harvest ». En guise d’introduction et de conclusion, le groupe s’est aventuré vers d’autres titres de Neil Young avec un final réunissant tous les invités autour de « Down by the River » et devant un public debout. Quelle belle réussite !


Les sons du Triangle

avec Ariane Roy, Martin Luminet, Clay & Friends et Evergreen

Pour la première fois, les structures d’aide aux talents émergents : Spécimens Canadiens, French VIP (qui accompagne chaque année de jeunes éditeurs indépendants) et la SCPP (société française de gestion des droits des producteurs de musique) ont fait cause commune dans un espace dédié, « Le Triangle », pour proposer les showcases des artistes qu’ils soutiennent autour d’un buffet convivial et toujours excellent comme savent le faire nos amis québécois de Musicaction. C’est ainsi que nous avons pu applaudir, entre autres, Martin Luminet qui touche au cœur, Ariane Roy et son énergie communicatrice, Clay and Friends déjantés à souhait et Evergreen à la nostalgie rafraîchissante.


The Psychotic Monks

Très attendus, les quatre membres de The Psychotic Monks ont clôturé la soirée de vendredi au 22 devant un auditoire tout acquis. On a beau les connaître, les avoir déjà vus, l’effet Monks est toujours surprenant, étourdissant, cathartique… À chaque fois, leurs routines presque tribales nous emmènent dans des contrées inexplorées et vivifiantes.


Le Printemps de Bourges vu par Marylène Eytier

avec Baby Volcano, Bertrand Belin, Eesah Yasuke, Izïa, Lucie Antunes, Lucky Love, Sandra Nkaké et Vladimir Cauchemar

Des coups de cœur et des artistes incontournables, il y en avait lors de cette édition.

Lucky Love : artiste hors norme, voix de velours et pop engagée s’est produit au MCB Pina Bausch : un moment rare et particulièrement émouvant.

Lucie Antunes : une batteuse au centre de la scène, ses musiciens autour, un mélange entre acoustique et électronique, moment extatique.

Tandis que le W accueillait des têtes d’affiche qui ont enflammé leur public telles Selah Sue ou Izïa, la bombe rock qui prenait un bain de foule dès le deuxième titre, le grand théâtre du MCB recevait Sandra Nkaké qui présentait son nouveau spectacle en guerrière combattante et engagée.
Dans un décor entièrement blanc particulièrement soigné, Bertrand Belin, la classe incarnée, a envouté son auditoire de sa douce poésie.

Terminer son Printemps avec l’homme masqué alias Vladimir Cauchemar, c’est presque un appel à l’édition suivante. Le visage figé du producteur est tout le contraire de son show : des beats puissants et des animations spectaculaires d’une redoutable efficacité.

En conclusion, ce Printemps spontané, exalté, mais aussi surprenant et émouvant a comblé mes attentes et satisfait mes espérances, bravo !

Rendez-vous du 16 au 21 avril 2024 pour la 48e édition du Printemps de Bourges.


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Marylène Eytier

Spécialisée dans la photographie de concerts et de spectacles vivants, j'insuffle à mes images l'intention la plus "fidèle" vers l'émotion brute.