[EP] Postaal – AA1

Oui, la météo est partout. Sous le masque de la pluie, elle prend possession du territoire et des petits écrans. Omniprésente jusqu’à l’overdose. Aussi, la musique peut se percevoir comme un ensemble de cyclones et de chaleurs, tant elle peut être appréhendée physiquement. Tant elle est une question de sensations et de contacts percutants. C’est le cas de « AA1 », premier EP du duo Postaal.

Postaal - AA1

Postaal est la fraîcheur dans l’étouffant été que nous aimerions connaître. Une vague enivrante sur un sable brûlant. Il y a chez eux quelque chose de désinvolte tant leur son se répand nonchalamment dans nos mondes. Quelque chose de fascinant, qui fait que le passionnel devient entêtant. Vaporeux, quasiment cotonneux, le duo franco-britannique nous offre un bijou électro aux chants emmêlés.
« AA1 », titre énigmatique de leur premier EP, est grand de cinq morceaux, parmi lesquels deux remixes de Clément Bazin et Catchment. Cinq pistes pour connaître le pulpeux, le vif et le lancinant. Danser sur la crête et connaître les abîmes. Leur projet est construit par les contrastes, par les éruptions et les grands calmes. « AA1 » est fait de nuances, où les subtilités se cachent au creux des monts, au détour des ombres. Nos corps se calent sur des mélodies qui balancent entre apogée et descente. Nos corps suivent les formes dessinées par un EP tellement musical, tellement prenant. La voix peut être murmurée comme portée par une puissance habitée, perçant l’atmosphère, et finalement s’imposer dans le projet. Postaal a l’art de construire une unité enveloppant toutes les teneurs, toutes les pulsations, toutes les envies. Instinctif et intelligent.

« (Taking My) Freedom » est pêchu. Dynamisme cinétique amenant directement à la vague. Dépouillée de son texte en français, cette version radio s’empare des corps pour insuffler une danse, tel un hymne libérateur. Le chant oscille entre nonchalance et furieux refrain, pour aboutir à une effervescence portée par un son plein de rebond. Ce premier titre, apparu l’été dernier sous les traits d’un clip dramatique, annonce la couleur de Postaal : le sombre et la lumière. « Burnin’ » marche dans les rues aux mêmes teintes, un peu comme la pochette d’« AA1 ». D’abord, calmement planante, aux allures de survol aérien mélodieux teinté de cuivre, la voix finit par s’imposer dans un chant qui touche l’arrachant.

Finalement, les rythmes et l’élan l’emportent et aboutissent à un sommet brûlant et saisissant. Là-haut, les voix se mêlent, s’accomplissent dans la musique pour finalement laisser au piano le soin de conclure. « City Lies » est si gospel. S’ouvrant sur du groove et de l’unisson, il connaît la voix vaporeuse et le rap lancinant de Jelani Blackman qui se balade entre les échos et la musique puissante, doucement marquée. Encore une fois, Postaal s’empare des éléments pour ne faire plus qu’un tout, un ensemble.

Postaal

C’est dans ce tourbillon de références et d’envies qu’« AA1 » s’affirme et s’impose. Premier EP, riche et palpitant, où les refrains claquent avec vérité et volonté.

« AA1 » de Postaal est disponible depuis le 3 juin 2016 chez Pop Records / Polydor.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes