[Live] Portico Quartet à la salle Paul Fort

Mercredi soir, la pluie tombait sans discontinuer dans les rues trempées et rafraîchies de Nantes. Devant la salle Paul Fort, le public s’était massé et surtout passé le mot pour venir à la rencontre des Londoniens de Portico Quartet, en tournée européenne pour leur double album « Monument / Terrain » sorti l’an passé. Dans une salle archicomble mêlant sexagénaires abonnés aux rendez-vous jazz de Pannonica et trentenaires branchés, nous avons été happés par le jeu virtuose, inspirant et souvent très émouvant du quatuor modern jazz ambient anglais.

crédit : Fred Lombard

Incarnant un brillant renouveau du jazz européen depuis plus d’une décennie et demie, le groupe réunissait, de gauche à droite de la scène ; Jack Wyllie au saxophone, Keir Vine aux claviers, Milo Fitzpatrick, habité à la contrebasse et Duncan Bellamy, leader manifeste et métronome du projet, à la batterie et aux machines. Cette nuit-là, Portico Quartet a présenté à son audience avertie une sélection pointue, étendue et incroyablement pigmentée de son répertoire. Il y avait évidemment quelques titres absolument fameux du « Monument » de 2021 ; « Impressions », « Ultraviolet » ainsi que « On The Light » joué après un rappel nourri et unanime. Mais c’est peut-être bien « Endless », titre d’ouverture de l’album de 2017, « Art in the Age of Automation », bénéficiant d’une introduction magnétique aux pads et aux rythmiques qui nous a procuré la plus satisfaisante sensation de la soirée, comme l’envie que ce moment-là ne s’arrête jamais…

Évoluant tous les quatre au même niveau de la scène face aux rangées de fauteuils de la salle nantaise, les Londoniens nous ont procuré ce frisson chaud et enivrant d’une musique qui se raconte et se vit sur l’instant, et qui sans dire le moindre mot nous communique bien plus que des histoires, mais une expérience. Une forme de transe instrumentale où les sursauts électroniques des boucles de machines s’acclimatent constamment à la sensibilité des cordes et des cuivres de l’ensemble.

Complémentaires dans l’expression de leur particularité, ce sont bien les individualités cumulées (et la maîtrise respective et remarquable de leurs propres instruments) qui donne à cette œuvre toute sa singularité et son emprise scénique singulière. Il n’y a d’ailleurs rien de plus satisfaisant lors de cette performance magistrale que de suivre du regard l’irrésistible narration des morceaux joués devant nous, et l’habileté presque limpide avec laquelle Duncan Bellamy orchestre l’ensemble derrière ses percussions et machines.

Avec une fluidité remarquable, Portico Quartet nous a offert certainement l’une des plus fortes émotions en salle de l’année, prouvant bien ici l’exceptionnelle richesse de son répertoire soutenu et haletant, fourmillant de détails et d’échos tant lumineux que souterrains.


Retrouvez Portico Quartet sur :
Site officielFacebookTwitterInstagramBandcamp

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques