[Live] Peter Doherty au YOYO

Les Nuits Claires ont investi le YOYO – Palais de Tokyo. Le temps de deux nuits de la fin mars, le printemps a été fêté dans l’obscurité lisse de ce bas fond de béton. Une première soirée amenée par les Holy Oysters et Peter Doherty. Quant au lendemain, il aura vibré sur un DJ set de The Shoes et sur Broken Back.

Peter Doherty – crédit : Solène Patron

En janvier 2002 ouvre le Palais de Tokyo, lieu de création contemporaine. En plein cœur de l’ennuyeux XVIe arrondissement, le musée se voulait alors irrévérencieux et effervescent. Anti-musée. Ode à la création transgressive. Quinze ans après, le site abrite dans ses fonds le YOYO. Tour à tour lieu d’échanges, de conférences, de projections et de soirées clubs. En quelque sorte, le YOYO symbolise les caves dynamiques et dynamitantes d’un des sites les plus importants de l’art contemporain, où se trouvaient anciennement les salles de la Cinémathèque française. Alors, malgré lui, ou bien au contraire, les salles de bétons font le pont entre les arts et les hommes, tels des bunkers culturels et jouissifs.

Dans le cœur du YOYO, Holy Oysters a été la première lueur de cette nuit claire. Armés de leur psychédélisme à la française, les garçons ont livré une pop acidulée, colorée aux guitares mélodiques venues du passé pour mieux conquérir le futur. C’est alors dans une ambiance enjouée, heureuse et bonne enfant que Peter Doherty et son groupe reprennent la scène. À l’heure et dans une forme vivifiante.

Curieusement, Peter Doherty porte dans son ombre un mythe et des légendes. Tapies dans l’obscurité, les mésaventures écorchées semblent le guetter. Flots d’alcool. Avalanche de poudre. Et, dans cette nuit claire, l’Anglais est apparu tel un homme soucieux, bienveillant et même à la joie enfantine. Derrière sa stature incontestablement punk et chic se dégage alors quelque chose de très tendre. Du trench noir à la veste de velours bleu brodée au fil d’or, c’est un loup fiévreux qui est doux comme un agneau. Et peut-être que toute la saveur de l’homme et de sa musique est de se trouver à se croisement, celui-là même, où Mister Hyde redevient Docteur Jekyll.

Peter Doherty n’est pas seul. Peter Doherty est entouré. Sur scène, l’homme s’efface et devient groupe. Sa voix et sa présence rencontrent la solennité du violon, les rages des cordes, la cadence d’un clavier et d’une batterie. Il est alors question de musique. Il est alors question de don. Incontestablement, le rock et les arts coulent dans le sang de Peter Doherty. Tout est beau et, pourtant, rien ne semble très calculé. Tout trépigne mais rien ne s’écrase. Le concert devient alors la mise en abyme, toute en retenue, où on s’écoute, où on rate des marches mais où on a appris à tomber sans se faire mal. Le doux danger. La folle ivresse.

Des Babyshambles à ses projets personnels, de « Fuck Forever » à « Last Of The English Roses », les paroles se transforment en élan fédérateur. Se succèdent des humeurs et des sensations. Peter Doherty deviendra joueur, mais aussi crispé dans ses entrailles. Au bord du poème amoureux et au bord de l’implosion. Passionné. Aimé. Et surtout aimant. Puis viendra au détour des titres, sans avertir et sans vouloir sublimer, « Hell to Pay at the Gates of Heaven » : cette chanson qui a le goût des balles perdues et du sang dans les salles de concert. « Hell to Pay at the Gates of Heaven » pour chanter un Paris peut-être endeuillé, mais un Paris vivant. Paris est une nuit claire.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes