[Live] Pegase au Printemps de Bourges

Réglée comme un papier à musique, la chevauchée électro pop du projet nantais Pegase a transporté le 22 Est au cœur d’une nuit astrale et rêveuse ce vendredi 25 avril 2014.

Pegase © Fred Lombard

Il y a moins de deux ans, je découvrais Pegase en live, suite à une résidence d’accompagnement artistique au Chabada d’Angers. L’authentique coup de cœur, un moment plein de sincérité et de spontanéité. Encore en rodage, de nouveaux titres étaient alors testés en live mais le charme opérait sans artifices. Le projet n’en était alors qu’à ses débuts, et dévoilait à la même époque ses premiers singles dans un admirable premier EP : « Without Reasons » et « The Bad Side Of Love », certainement parmi les meilleures compositions du groupe.

J’aimais alors particulièrement cette innocence des débuts, cette magie simple des compositions, et cette aventure que j’espérais voir grandir encore longtemps. Me revoilà en face de Raphaël et de sa bande de musiciens, venus des inséparables projets DAN et Rhum for Pauline, accrochée à son train de nuit. Les doux rêveurs ne semblent d’apparence pas avoir tant changé, et abordent un look identique : tee-shirts tachetés et chemises boutonnées jusqu’au col, cheveux mi-longs pour certains, sneakers au pied pour d’autres.
Entre temps, un premier album est sorti, d’une exécution implacable. C’est d’ailleurs sur cette organisation méthodique que s’appuie ce soir le quintet synth pop pour sa setlist.

On sent ce soir-là les musiciens particulièrement à l’aise, détendus à l’heure de jouer sur scène, et heureux de faire partie de cette excitante et exigeante programmation du 22 qui durant toute cette semaine aura brillé par son éclectisme en mélangeant nouveaux talents (iNOUïS du Printemps de Bourges), groupes montants et projets confirmés.
C’est donc sur un « Bad Side Of Love » introductif que le projet lance les premiers feux et plonge la salle du 22 Est dans son palais des miroirs, où le public comme les musiciens font face à leur double.

Il y a quelque chose de surnaturel, de surprenant, pour certains de gênant, de troublant de se voir ainsi reflété dans les multiples miroirs placés devant chaque musicien. Jordan à la guitare, caché par le clavier de Raphaël se reflète ainsi sur le box miroité de Romain aux claviers tout comme Raphaël voit son double l’observer depuis le box de Thibaud à la basse.
Thibaud d’ailleurs ne tient pas en place, et se laisse aller d’ivresse (et de bonheur) à des pas de danse incessants sur scène, comme pour montrer l’exemple à ses compagnons comme au public.

Raphaël fixe avec passion son public, comme possédé par ses mots, comme emporté par le jeu de ses compagnons.
Pegase n’est pas qu’une musique extatique et contemplative (la poésie tendre d’un « Gold To Share », la douce progression de « Loulou »), elle gagne vite à devenir vibrante, intense, énergique et habitée au fil d’un set qui présente cette autre facette du projet. En douceur encore avec un « Out Of Range » grandement amplifié dans sa formule live, puis envouté par un « Old Idol », mise en orbite tous feux dehors d’une dream pop brûlante d’intensité et de vie. Alors qu’on pouvait regretter une certaine tendance à la mesure sur disque, en live, tout transpire de passion, d’un amour pour vibrer toujours plus haut et plus fort. « Without Reasons » sera de ces grands moments du concert, titre phare qui illumine notre fin de soirée comme un feu de détresse, comme pour éclairer la salle sur ce beau moment partagé.

La fin du concert sur « Dreaming Legend » ne fera que confirmer cette escalade progressive de l’émotion et du jeu scénique des cinq musiciens, où notre bassiste sera rejoint par le reste de la formation pour une dernière osmose eurythmique. On aurait aimé escalader encore plus haut les cimes, mais le voyage s’arrête ce soir ici.
Pegase a manifestement muri, grandi, gagné en assurance, mais perdu un peu de l’innocence et de la tendresse de ses débuts. Le quintet nantais nous a offert l’opportunité de mieux apprécier la trajectoire artistique de son album et la maturité de son projet. Merci Raphaël, merci Pegase. À très bientôt pour poursuivre le voyage.


Setlist

The Bad Side Of Love
Gold To Share
Ladybug
Loulou
Out Of Range
Old Idol
Without Reasons
Blamed
Monkey
Dreaming Legend


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques