[Clip] [Exclusivité] Palatine – Novocaine For The Soul (Eels cover)

S’attaquer à un hymne essentiel de la musique de ces dernières décennies et, accessoirement, à la chanson qui a propulsé Eels en tête des hit-parades, semblait être difficile, voire impossible. C’est pourtant le défi qu’a relevé Palatine, et il faut bien avouer que le résultat est une relecture aussi concise qu’émotionnellement forte et personnelle. Une véritable histoire qui nous est racontée, à la manière du groupe, sous forme d’hommage autant que témoignage d’une troublante intensité et beauté.

Le contexte de départ nous éloigne immédiatement de l’aspect hypnotique de la chanson de Eels ; en effet, un plan sur un château, perdu dans la verdure, enchaînant rapidement sur notre regard suivant un protagoniste errant dans le parc entourant l’édifice. La voix retentit, forte, habitée, sur quelques accords de piano. Image parfaitement illustratrice de ce mouvement suspendu dans le temps : un métronome, à l’arrêt, démontrant la liberté rythmique prise par Palatine pour jouer « Novocaine For The Soul ». On approche donc plus ici dans l’ambiance douloureuse et inoubliable du fabuleux « Electro-Shock Blues » que de « Beautiful Freak », ce qui permet aux Parisiens d’écrire sur vidéo et partition une note d’intention dédiée à leur muse autant qu’à leur propre langage musical.

La solitude, l’espace d’un refrain, convie les membres du projet à partager le lieu, l’atmosphère grise et bleutée d’une photographie de la quête de soi et de cette drogue de l’âme que l’on recherche dans la voix et l’instrumentation. Aussi important que la reprise elle-même, le décor est exploré sous toutes ses coutures, tantôt rassurant, tantôt menaçant, parcouru par les fantômes que l’on cherche à oublier mais qui nous suivent, bienveillants, protecteurs. Ceux-là mêmes que Palatine invoque alors que la chanson se fait plus enjouée, démontrant ainsi que l’inspiration est aussi introspective que communicative. Une promenade lyrique et intime, porteuse d’un nouveau sens dicté à ces notes inoubliables qui prennent ici une valeur toujours plus épidermique. De même qu’un don inné pour créer des ambiances suspendues dans le temps et l’espace, que l’on pourra notamment découvrir sur scène le 14 juin à FGO-Barbara.


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Raphaël Duprez

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