[EP] Paillette – To hide

Au cœur d’une mélancolie à fleur de peau, « To hide » de Paillette est l’exemple parfait d’un opus où la simplicité et les plus honnêtes et pures intentions se rencontrent, donnant naissance à ce qui est, sans nul doute possible, l’un des plus beaux disques de ce début d’année. Voire de 2018.

crédit : Anne-Laure Etienne

Le simple fait d’écouter « To hide » de Paillette est une expérience sensorielle inédite et intense. Portée par quelques instruments solitaires (piano et violoncelle), l’écriture sensible de l’artiste paraît presque surnaturelle, tant elle nous pousse vers des chemins inconnus et fiévreux en un éclair, alors que l’on ne s’y attendait pas. Tout l’EP est, ainsi, une blessure qui ne se referme pas mais que l’on conserve en nous, plaie ouverte attirant la souffrance et la purifiant pour nous guider vers la libération de nos cauchemars les plus prégnants. La fragilité de ces cinq chansons humaines et vibrantes nous réconforte autant qu’elle nous donne les larmes aux yeux. De ce fait, il n’est plus question de se dissimuler pour pleurer ; l’art de se cacher se mue en une révélation, celle d’un talent nous happant dans ses profondeurs et nous tétanisant à travers ses magnifiques intentions.

Sans jamais sombrer dans le Pathos le plus facile, Paillette reste sur un fil tendu entre la réalité et le rêve, une passerelle mélodique en équilibre instable mais qu’elle maintient au-dessus du vide. « Abyss » se pare de couleurs pastels clairsemées et lumineuses, dissimulant sous ce fard harmonique une tendresse, un appel à la consolation ; ceux-là mêmes qui se retrouveront mis en avant, sans aucun apparat inutile, sur « Dream » et, surtout, « Goldfish », où les chœurs s’enlacent et nous bercent, chants d’une sirène perdue dans l’immensité et que nous sommes les seuls, en lui accordant l’accueil qu’elle mérite, à pouvoir sauver. Marche en avant après la séparation et l’abandon, « Go away » résonne, fait écho à nos tourments lorsque l’autre nous fuit et nous oublie, laissant sur nos corps les marques d’un passage trop vif et impersonnel, alors que l’on attendait de se noyer dans ses bras et de se fondre en lui, en elle (« Under my skin »).

« To hide » est une complainte, un testament éclairé et troublant de l’amour et de la recherche d’une perfection que l’on sait futile, mais qui demeure nécessaire à nos existences. La voix de Marie Robert, tour à tour réservée et affirmée, transporte nos maux et nos espérances, tandis que son clavier vient chercher une aide précieuse auprès des cordes de Aude Reynoud. Paillette, cette créature fascinante et songeuse, n’a pas fini de nous hanter des heures durant. Et de nous délivrer de nos chagrins intérieurs, catharsis émouvante et essentielle de nos heures perdues.

crédit : Anne-Laure Etienne

« To hide » de Paillette est disponible depuis le 17 janvier 2018.


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Raphaël Duprez

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