Artiste au parcours atypique et multiple, dont l’expérience lui a permis de côtoyer aussi bien la comédie musicale que de prestigieuses premières parties, Oyann n’a pourtant jamais oublié ce que signifiait sa musique, son art de l’écriture et de la composition allant grandissant d’année en année. Avec « Feel The Love », il s’écarte des chemins de la pop hexagonale pour y instiller des idées mélodiques valorisant toujours plus ses textes entre passion et amour, mêlant français et anglais sans que cela ne sombre jamais dans la facilité. Le résultat est une production soignée, audacieuse et révélatrice d’un talent que beaucoup devraient considérer comme exemplaire.
Ce qui frappe, à l’écoute de « Feel The Love », c’est avant tout la voix d’Oyann ; en effet, tantôt grave, tantôt envolée, elle possède chaque mot comme étant un signe, un repère, une confession. C’est bien simple : les variations de son timbre accompagnent à la perfection les propos de poèmes charnels et passionnels qu’il s’approprie et nous délivre dans une intimité sans fard, délicate et pansant les blessures de l’absence. En 2016, « Mon empreinte » posait les bases d’une musicalité ancrée dans le mélange du synthétique et des substantifs, séparant l’harmonie et le monologue sans pour autant les exclure l’un de l’autre, et démontrait un talent de création rare et introspectif. Une piste que le compositeur approfondit cette année, donnant un souffle nouveau à ses capacités sonores.
L’inspiration qui introduit « Je me perds », les battements artificiels qui s’étendent avant l’implosion, dessinent les traits au fusain de cet égarement dans l’autre, alors que la colère des guitares amplifie le manque avant d’habiter, acoustiques, « Feel The Love », appel à l’abandon, à la rémission dans l’être adoré, dans son corps et sa peau ; un baiser, une présence, un lien qui transcende les simples plaisirs terrestres et ouvre les cieux. Ces troubles sentimentaux et émotionnels, Oyann ne se prive à aucun moment de les révéler, comme sur « Pardonne moi », constat des échecs et des erreurs, des sacrifices et de la rédemption, qu’elle aboutisse ou non, la réponse demeurant en suspens dans les ultimes notes de piano. Et, comme si l’urgence se faisait sentir, croissante et inexorable, « Le temps », cette notion humaine à laquelle il faut se soumettre, s’étire sous les doigts du musicien, dénonçant la condamnation autant que la possibilité d’y échapper, dissimulée dans les réminiscences d’une existence qui, bien qu’imparfaite, ne nous condamne pas à la passivité (« jusqu’à ce qu’il bascule »). Ultime écrin de l’espoir que l’appel sincère et éprouvant du solitaire et de ses hantises, « Je t’aime encore », besoin croissant de la présence de l’âme sœur qui baigne tout le disque, achève de se lire comme la plus intense des prières (« Je sombre lentement, lentement… »).
D’aucuns diront qu’Oyann se contente de livrer une énième lecture de la chanson française dans sa simplicité la plus radiophonique, si l’on peut dire ; grossière erreur. Car il ne faut jamais oublier que la musique populaire parle avant tout à un public prêt à recevoir des minutes, des heures de sagesse et de pureté sans forcément devoir se noyer dans les symboles et les références, qui deviennent alors le meilleur moyen de s’y perdre. « Feel The Love » est immédiat et n’essaie à aucun moment de dépasser ses ambitions, simplement parce qu’il n’en a aucunement besoin. Opus de l’absence, du plaisir et de la réconciliation, il parle directement à ceux qui l’écoutent, les motive, leur donne la force de franchir les peurs, les rejets et la solitude. Et c’est, d’ores et déjà, un long chemin parcouru, et de la plus belle des manières.
« Feel The Love » d’Oyann est disponible depuis le 7 avril 2017 chez SB Prod.
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