[Clip] OTOMO – Fool

De l’anonymat des villes à la liberté des grands espaces, « Fool » d’OTOMO nous interroge sur la place de l’individu dans la tourmente urbaine ainsi que sur la perte de son identité, jusqu’à la délivrance au sein d’une nature trop souvent laissée de côté.

N’être personne. S’oublier soi-même face à l’autre, dans l’immensité de lieux où le verre, le ciment et la brique règnent en maître. Disparaître dans le flux ininterrompu d’informations effaçant notre existence, notre raison d’être. « Fool » est un spectacle grandiose, entre la mégalomanie des puissants et la solitude des faibles. Ce personnage sans visage, sans traits distincts, c’est bel et bien nous, connectés, vidés de notre substance. Malgré tout, il faut s’éveiller, laisser notre conscience s’évader. Et rêver. Ainsi, OTOMO déroule des mélodies électroniques douces, caressantes et subtiles, sur un chant d’une générosité et d’une sobriété qui émeuvent aux larmes. On sent qu’il se produit quelque chose en nous. Que la grisaille se fissure peu-à-peu.

Réalisé par Alain Guillerme entre Londres et les vastes landes écossaises, « Fool » unit la science-fiction et l’anticipation avec une clairvoyance étonnante et superbe. Dans un environnement social où chacun se retrouve laissé-pour-compte et n’ose plus se regarder dans un miroir – quitte à en devenir un soi-même, éradiquant ainsi toute velléité existentielle -, de peur de ne pas se reconnaître, la majesté des décors et la sincérité du personnage principal, silencieux et abandonné, nous plongent littéralement dans une redéfinition de notre destin, là où la modernité nous tue à petit feu. Laissons-nous donc porter par ce piano, cette voix et ces boucles électroniques nous confiant une miraculeuse rédemption, une impensable raison de vivre. Et de nous affirmer tels que nous le devons, jour après jour.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.