[LP] Other Lives – Rituals

Autrefois dompteurs d’animaux, ils sont maintenant faiseurs d’hymnes sacrés. Les membres d’Other Lives nous confirment, grâce à « Rituals », toute l’immensité de leur art, entre pop stimulante et orchestrations luxuriantes.

Other Lives - Rituals

Il y a six ans, leur pochette verdoyante d’une bicoque en bois ne laissait aucunement présager du génie à venir. Other Lives était un groupe parmi tant d’autres, avec le pan mélancolique qu’il faut et leur piano à faire pleurer une ménagère devant sa série du lundi soir. Trois ans plus tard, l’impensable se produit. « Tamer Animals » arrive dans les bacs, inconnu du peuple, et dévaste tout sur son passage : ovations, étoiles, critiques élogieuses, album magnifique et mélomanes comblés. Que pouvaient-ils amener de plus ? Peut-être un semblant supplémentaire de couleurs et de mouvements ? Et voilà que « Rituals » nous vient comme une réponse juste, comme le Messie, comme l’album le plus accompli depuis longtemps. Tour à tour symphonique, tribal, extatique et caverneux ; les mots pour décrire l’album se bousculent au portillon. Ce disque est simplement une offrande faite au milieu musical et à ceux qui l’ingère tous les jours.

Leur génie se galvanise, prend de l’épaisseur et de la maturité. On ne pouvait espérer mieux en ce moment, pour le printemps, après un début d’année tout de même assez fade. Jesse Tabish dit de façon très simple : « Dans nos têtes, on essaie, à l’arrache, d’écrire de la musique classique. » Chose évidente quand on entend l’album s’ouvrir sur « Fair Weather » et « Pattern » : les cordes classiques, les cuivres, les crépitements électro et la voix de Tabish qui flotte ; des pistes très imagées, relevant d’une épopée profonde et presque utopique. « Chaque son, chaque beat de batterie doivent avoir une raison d’être, quelle qu’elle soit. On voulait un disque plus épuré, plus brillant, avec plus de mouvement et plus de couleurs. Il possède plus de dimensions, il est en 3D, pour ainsi dire. »

Ce disque est le reflet d’un changement personnel, d’une transhumance. Après avoir vécu dans la région désertique des Grandes Plaines d’où ils sont originaires, Jesse Tabish, Josh Onstott et Jonathon Mooney s’installent à Portland, dans l’Oregon, pour enregistrer leur dernière merveille. « On avait fait « Tamer Animals », qui était très personnel, à propos de chez nous. Le disque suivant parle de la spontanéité qu’il y a dans le fait de voyager et d’être isolé. Pour la première fois de notre vie, on partait seuls, loin de nos familles, et on se retrouvait plus ou moins livrés à nous-mêmes. Je voulais que les chansons reflètent ce nouvel état d’esprit. » Il a fallu à l’équipe pas moins de 18 mois pour écrire plus de 60 chansons pour Rituals. « Ça a été un vrai voyage. On a passé beaucoup de temps à chercher une nouvelle identité, en essayant toujours de conserver le passé de notre palais musical, mais aussi d’aller plus loin dans un nouveau style de musique. » Tout s’est fait sans compromis, marchant droit vers leur ligne de mire pour créer une architecture sonore exquise, relevée et en tout point monumentale. Un chef-d’œuvre complet et assumé.

Je ne mettrai aucune piste au pied du mur, je ne dirai même pas pourquoi celle-ci est là et non pas ailleurs. Je n’énoncerai aucune influence et ne poserai aucune analogie. Je ne dirai rien. Mon souhait le plus cher, tout goût et toute attente confondus : ruez-vous vers le premier disquaire ou vers une de ces chaînes de magasins bien connues pour vous envoyer en l’air musicalement. En tout bon sens, raisonnablement, je vous l’ordonne.

« Rituals » d’Other Lives est disponible depuis le 4 mai 2015 chez [Pias].


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante