N’y allons pas par quatre chemins, OPAC est tout simplement l’une des révélations de l’année, si ce n’est la révélation de l’année. Dans un style maintes fois éprouvé – la musique folk -, OPAC, entité désormais collective, complicité merveilleuse regroupée autour de la sensibilité à part du magistral « singer-songwriter » qu’est Pierre-Alexis Cottereau, sublime ce chemin esthétique avec maestria. Elle avait déjà éveillé bien des regards, au moment de la sortie d’un premier disque très artisanal et solitaire en 2020, sous la bienveillance du label Figures Libres. Avec l’arrivée de singles en prévision d’un nouvel album, force est de constater que Pierre-Alexis, entouré de complices particulièrement talentueux et créatifs, a propulsé son talent d’auteur et de compositeur dans une sphère remarquable à très haute altitude émotionnelle tendant vers l’exceptionnel. Il suffit pour le vérifier de s’abandonner dans l’intensité acoustique minimaliste de « Helene pt. II », nouveau morceau et clip à découvrir d’urgence en avant-première sur indiemusic.
En France, à l’image de beaucoup d’autres pays, la musique folk est, depuis quelques années, redevenue un espace d’expression majeure, permettant à des artistes d’exprimer avec simplicité, humilité, humanité toute la profondeur de leurs sensibilités. L’imaginaire des musiques populaires a été évidemment marqué par des plumes, un sens musical, et tout simplement, des voix. Leonard Cohen, Nick Drake, Joni Mitchell, Suzanne Vega, Tim Buckley, Donovan, (Smog), Feist, Raoul Vignal, Kings Of Convenience… et certainement des disques qui ont squatté la platine de Pierre-Alexis Cottereau. Pour tout dire, alors qu’un musicien comme Quentin Sauvé avait déjà mis la barre vraiment très haute, à travers le très émouvant « Enjoy The View » en début d’année, long format qui avait déjà provoqué des sensations (très très) fortes, de celles qui vous empêchent de faire autre chose que d’écouter et vous pousse vers les larmes, nous ne nous attendions pas à revivre une telle expérience sensible et discographique, et pourtant, se présente le long format « Songs for a Second Grace »…
Bien sûr, la morosité ambiante qui s’abat sur nous n’est peut-être pas étrangère à cet appétit folk. Il ne faut pas négliger toutes les vibrations du monde qui nous submergent en permanence d’anxiété, de pessimisme, de haine… et nous pousse certainement de manière vitale vers des formes d’expressions pures et sobres, manière de se reconnecter à l’essentiel à travers des œuvres altruistes et bouleversantes (et de ne pas devenir fou). C’est tellement le cas pour « Helene pt. II », où l’intime percute avec tant d’intensité la violence actuelle du réel. Il n’y a peut-être pas de chose plus belle que de chanter aujourd’hui l’amour, l’absence, le chagrin, la distance, le tumulte des sentiments dans un monde qui se délite et s’effondre de lui-même. Il faut dire aussi que le travail d’orfèvre sur le son effectué sur l’île d’Ouessant dans le studio de Yann Tiersen, par le remarquable et très polyvalent Lionel Laquerrière (qui est derrière pas mal de disques qui ont squatté votre platine ou que vous avez à coup sûr déjà croisé en concert) transpose ce souffle créatif dans un espace sonore et instrumental tellement fin, méticuleux, cohérent. Par la même, « Helene pt. II » se révèle dans un clip tendrement bricolé, presque dans son plus simple appareil, soulignant avant tout l’instant de vérité qui se joue sous nos yeux, dans la pudeur des filtres et des cadrages.
« Songs for a Second Grace » d’OPAC, sortie le 8 décembre 2023 chez Figures Libres Records et l’Autre Distribution.
