Dans la peau d’un animal s’insinuant partout et dont il partage le regard, le spectateur convié à la performance de « Blue » par OA constate rapidement que ce qu’il épie relève du pur fantasme instrumental. Un clip à la fois décalé, amusant et, surtout, empli d’une musique totalement inédite.
Caméra embarquée et exploration, au ras du sol, d’un lieu inconnu, apparemment désert. Depuis ce point de vue, cette exploration que le grain de l’image transforme soit en film d’horreur style Evil Dead (pour les fans), soit en documentaire animalier légèrement hors de contrôle, OA apparaît soudain par l’intermédiaire d’un plan sur le didgeridoo, prêt à retentir. Dès lors, l’atmosphère change et le plaisir est complet : « Blue » est un pur délice pour les yeux et les oreilles, une découverte radicale et exceptionnelle dans ses choix artistiques et ses rencontres faites pour s’amplifier et se renforcer dans la durée.
Au rythme des évolutions et arrangements d’OA, l’expédition se dynamise tant et plus, laisse les cassures rythmiques la guider. On ne veut plus s’enfuir, on tient à rester dans ce cocon mouvementé certes, mais tellement attractif. Le nuisible est pris à son propre piège et semble se mouvoir le long des circonvolutions harmoniques du trio. Jusqu’à ce que ce dernier le remarque. Avec humour, l’ultime regard de la bestiole dont nous avons partagé la perception s’apprête à s’éteindre, sans que l’on connaisse son sort. Mais on sait qu’elle est devenue, l’espace de cinq minutes, un personnage à part entière et dont la présence était vitale pour jouir pleinement de l’art prodigieux de nos musiciens. Le genre de surprise dont on ne se lasse absolument pas, tant sa dynamique rare et atypique nous inspire une exceptionnelle satisfaction.
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