Les mouvements des doigts, les regards fuyants et les soupirs musicaux de Nicolas Veroncastel transforment rapidement « Waste » en une réminiscence post-rupture dont la mélancolie transmet l’importance capitale de l’être perdu.
Le ton est sombre. Là où les lumières n’osent même pas réconforter Nicolas Veroncastel, de peur de ne pas trouver les caresses les plus à même de le consoler, l’artiste laisse apparaître son chagrin au fil d’une mélodie de piano qui, seconde après seconde, servira de fil conducteur au souvenir exposé. Le désir perdu, le désespoir de ne plus toucher ces épidermes et admirer la sensualité féconde d’une liaison égarée ; « Waste » est dévasté, emporté par les vagues furieuses de larmes contenues. Regardant, sans pouvoir intervenir, l’événement précurseur de la rupture, le musicien trouve d’ultimes forces pour écrire et interpréter la désolation, la fragmentation de l’amour charnel et passionnel.
D’elle, on ne verra jamais le visage. Ses yeux ne nous transmettront pas l’affection, ne seront pas embués par les vapeurs cruelles de la défiance et de la déraison succédant aux gestes tendres, aux unions des corps et des âmes. Tant de confusion, de désenchantement. « Waste » est, musicalement et visuellement, un formidable dessin du tragique, des jours et semaines précédant l’oubli et la résignation. Un joyau noir, au bord de la folie mais également de la résilience ; d’un pas en avant non pas vers le vide, mais en direction d’une lueur féconde et régénératrice.
