[EP] Nicolas Veroncastel – Waste

Une tentative en solitaire. Les courants et marées lointaines de l’inspiration, de la puissance de vagues à la fois énergétiques et destructrices. Nicolas Veroncastel avait besoin de « Waste », tout comme l’opus nécessitait sa présence, ses dons de composition, ses élans d’émotions fortes. Le disque, regard intériorisé sur les tragédies et espoirs d’une existence en perpétuel mouvement, est une merveille de franchise vocale et instrumentale cachant, sous ses arrangements acoustiques et électroniques, des effets sensibles étreignant nos propres solitudes.

Les titres des pistes constituant « Waste » sont violents, frappants. Sans jamais se dissimuler derrière le masque d’une douceur rédemptrice, Nicolas Veroncastel fonce tête baissée vers les paysages embrasés de sa psyché, vers les démons de son écriture. L’œuvre est un impact, fracassant et nous laissant titubants, au bord du déséquilibre. Cependant, sa beauté nue et crue ne cesse de nous empêcher de sombrer, de renier l’appel du vide. De pianos plaintifs et solitaires en pulsations électroniques cardiaques, le sang et les substances vitales de l’interprète s’écoulent, se réchauffent. Sur son cœur, une lumière paraît. Et, dans les ultimes accords de cette vocation enfin embrassée, elle resplendit.

Le titre éponyme et son clip nous avaient tétanisés, laissant encore leurs traces dans nos cerveaux soumis aux décharges électriques de cette pièce douce-amère du temps perdu et de la conviction ressuscitée. Parfaite introduction aux tumultes dansants du bien nommé « Hit », dancefloor où folie et désespoir se cherchent sans interruption, avant que la reprise du « Heroes » de David Bowie n’intervertisse le rôle du compositeur. Comme si l’enfermement avait contraint Nicolas Veroncastel à développer ses dons, ses lettres d’amour et de confessions.

« Lost » oriente l’avenir au fil de ses boucles répétitives, en une dualité des possibles. Quel chemin prendre ? Retourner vers les profondeurs ou toucher l’astre solaire et côtoyer tendrement la lune, accueillante, rassurante ? Chacun choisira, mais l’écho des chœurs nous offre le plus pur élément de réponse. Au-delà du recommencement, c’est un début, une racine, une graine prête à germer. Ce que la lecture éthérée et céleste de Robin Foster remixant « Waste » ou la version acoustique de ce même hymne à la renaissance confirment avec respect et tendresse. Un disque crucial, doux-amer, tamisant ses éclats afin de déclencher, en nous, l’éblouissement.

crédit : Matthieu Munoz

« Waste » de Nicolas Veroncastel est disponible depuis le 13 mai 2022 chez Dakota19 Prod / Chancy Publishing.


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Raphaël Duprez

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