Pour son premier album, le groupe belge Newmoon ne fait pas les choses à moitié et délivre ce qui semble être une leçon de métaphysique indie pop et shoegaze : ni trop ancrée dans les deux genres, ni trop éloignée. L’ensemble devient vite un disque captivant, mature et obsédant.
On en parle souvent mais peu parviennent à véritablement faire preuve d’originalité lorsqu’il s’agit de coucher sur sillons un genre aussi particulier que le rock atmosphérique, ainsi que toutes les composantes qu’il contient. L’exercice peut devenir casse-gueule, et plus dure se trouve être la chute pour ceux qui, à force de vouloir toucher le soleil noir d’un art aussi obscur que lumieux, s’y brûlent immanquablement les ailes. Ainsi, lorsque l’on découvre une description du quintet belge Newmoon, on prend peur en pensant se retrouver une nouvelle fois face à un groupe plus influencé que réellement inspiré. Et on se rend rapidement compte que l’on a tort ; en effet, le bien nommé « Space » nous fait découvrir un projet qui tient là son propre langage musical et sait, viscéralement, créer des ambiances aussi chaudes qu’électriques et brumeuses. Un disque qui tourne à l’obsession, plus vite, plus fort.
« Helium » n’est qu’une entrée en matière, mettant les choses en place avant de réellement lâcher la bête sur nous. Un rock spacieux et envoûtant, qui peine à partir mais nous permet de deviner qu’il va définitivement se passer quelque chose. Et alors que l’on ne s’y attend pas, les titres s’enchaînent dans un torrent de guitares cotonneuses et furieuses (« Coma »), de rythmes appuyés et métronomiques (« Life In The Sun ») et d’embardées mélodiques qui nous prennent immédiatement aux tripes (« Everything Is »). En un clin d’œil, Newmoon passe de l’état de jeune entité prometteuse à celui de maître incontesté et incontestable de son propre univers, ainsi que des mondes qu’il a décidé d’explorer. Les larsens de « Hi » annoncent le chaud et le froid soufflés par la déferlante « One Thousand » avant de clore ce tumulte météorologique inexplicable et ravageur sur le sensitif et énergique « Liberate The World », sorti tout droit de la plus belle veine indie rock britannique. Avec, toujours, un supplément d’âme unique et qui illustre le potentiel infaillible de l’ensemble.
Si, dans l’espace, personne ne vous entend crier, dans « Space », chacun d’entre nous se sentira transporté par un frisson de plaisir qui est autant un hurlement de notre for intérieur, enfin libéré de ses chaînes. Car cet album n’est pas inoffensif ; c’est tout le contraire. En étant cathartique et mélancolique, débridé et profond, il retranscrit à merveille les troubles de la psyché humaine, en déroutant chacun de nous pour mieux nous permettre de nous enfoncer dans les eaux profondes d’un rock où tout flotte, comme en apesanteur. Il nous tarde alors de voir le phénomène sur scène et d’éprouver ces sensations en face-à-face ; d’ici là, ce premier effort n’a pas fini de nous perdre et de nous hanter. Et qui pourrait s’en plaindre ?
« Space » de Newmoon est disponible depuis le 14 octobre 2016 chez [PIAS] Belgium.
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