Après Hugo Barriol, nous avons fait connaissance avec Naya lors de son passage au Festival Acoustic. C’est une jeune fille pétillante de 19 ans avec déjà un sacré bagage musical que nous avons eu le plaisir de rencontrer. Avec elle, nous sommes revenus sur ses jeunes années et son apprentissage de la musique, marqués entre autres par un passage à The Voice Kid dont elle n’est pas ressortie gagnante, mais avec une expérience qu’elle a su mettre à profit pour construire sa carrière artistique. Lors d’une date à la Boule Noire, l’année de ses 16 ans, tout s’est accéléré pour elle avec à la clef un contrat chez Sony. Forte d’un répertoire très pop, dansant et énergique, elle sortait l’automne dernier son premier album « Ruby », mixé au mythique studio Abbey Road de Londres. Des rencontres qui ont ponctué sa vie et façonné sa musique à son regard sur l’évolution du mode de consommation de la musique, Naya nous a présenté son actualité avec un entrain contagieux.
- Tes parents sont musiciens. Est-ce un choix de poursuivre la généalogie de ta famille ? Était-ce facile d’imposer tes choix de style ?
C’est vrai que mes parents ont un groupe avec lequel ils ont beaucoup tourné. Quand j’étais petite, je les voyais souvent partir en tournée. C’était pas du tout le même style musical (rire). Ils font vraiment du rock très bruyant. Moi, à côté, c’est de la pop très sympa. Mais c’est vrai qu’il y avait beaucoup de musiciens souvent à la maison. On écoutait beaucoup beaucoup beaucoup de musique. Même s’ils ne m’ont jamais forcé à en faire, ils m’ont toujours laissé le choix et au contraire, si j’avais voulu faire autre chose, il n’y aurait eu aucun souci. Mais moi, j’avais tellement envie d’apprendre le piano. À 6 ans, j’ai demandé à mon père « inscris-moi quelque part, dans une école ou quoi que ce soit. Je veux commencer la musique ». Du coup j’ai fait 4 ans de conservatoire au piano et puis j’ai continué de manière autonome, car le conservatoire est très voire trop orienté classique. Moi, j’avais envie de m’ouvrir à d’autres styles musicaux. Après ça, j’ai commencé la pratique de la guitare à 10 ans, puis la batterie l’année suivante et le chant est venu naturellement avec des reprises des Beatles. Tout a commencé ici.
- À 14 ans, tu participes à The Voice Kid sur TF1 où tu atteins la finale dont tu ne ressortiras malheureusement pas gagnant. Dans quel état d’esprit étais-tu en perdant à ce moment-là ?
Déjà, en faisant les auditions à l’aveugle, la première étape de l’émission, moi je ne pensais pas du tout aller aux battles. Arriver en finale, c’était déjà gagner pour moi. J’étais hyper contente. En plus, c’était pas forcément un choix à la base de faire cette émission. C’est vraiment venu à moi comme une belle opportunité que j’ai voulu saisir, car c’était fun. Pourquoi ne pas le faire ? Ça pouvait m’apporter beaucoup d’expérience. Faire ma première télé, ça peut être cool ! Et je me suis retrouvée en finale dans les neuf derniers (rire). Pour moi, c’était déjà une victoire énorme. Perdre finalement, c’est pas grave, je me suis dit « je vais essayer de rebondir » et maintenant j’ai fait plein de concerts.
- Le referais-tu ?
Je le referai oui, mais maintenant j’ai mes compos, au contraire des reprises demandées dans cette émission. J’ai mon projet que je défends. J’avais moins de compos à moi à l’époque. Je trouve ça bien au final parce que maintenant, quand je me retrouve sur un plateau télé, j’ai déjà des repères. Je sais déjà comment ça se passe. Du coup, ça m’a beaucoup appris alors que j’étais encore très jeune. Ça, c’est plutôt chouette !
- As-tu gardé une relation particulière avec les téléspectateurs qui t’ont soutenu ?
Oui c’est vrai qu’il y a une base fan solide. Ça, c’est vraiment les côtés hyper positifs de l’émission. Après notre passage, ils nous suivent sur tout notre parcours en fait. Sachant qu’en plus, j’ai déjà sorti un album, j’ai déjà reçu des lettres de personnes qui m’ont suivi a la télé et qui me disent : « On est trop fiers (rire). On te revoit à la télé et dans plein d’autres trucs. On est trop contents de t’avoir connu au début ». Donc oui, carrément !
- Tu as signé ton premier contrat avec Sony à 16 ans. Comment as-tu été repérée ? Est-ce qu’à ce moment-là ta vie quotidienne a changé ?
Comment j’ai été repéré ? Alors j’ai fait vraiment beaucoup de concert depuis l’âge de 12 ans, dans la région bordelaise. Parce que je suis de Libourne, à côté de Bordeaux. Un jour, j’ai eu l’occasion d’ouvrir pour un artiste anglais qui s’appelle Declan McKenna, à la Boule Noire. C’était mon premier concert parisien. Premier vrai coup de projecteur en tant que « Naya » avec ses compos. Ça a été un truc de dingue parce que suite à ce concert, j’ai eu plein de propositions de maisons de disque. J’ai eu le choix (rire). C’était plutôt cool. Du coup, j’ai signé chez Sony en juillet 2016. Ça a changé mon quotidien, oui. Parce que maintenant, c’est mon métier la musique.
- Tu as joué dans deux des plus grands festivals au monde : We Love Green et Glastonbury. Comment l’as-tu vécu ?
(Rire) Surtout Glastonbury, c’était un truc de dingue ! J’étais dans ma chambre quand on me l’a annoncé. Au téléphone, mon tourneur m’a dit : « J’ai une très bonne nouvelle, tu vas jouer à Glastonbury cet été ! ». Moi là : « Noooon, c’est pas possible ? » « Si, si, le soir de Radiohead » « OK, d’accord » (rire). Avoir joué à Glastonbury, ça me paraît toujours irréel quand j’en parle. On dirait que ça a eu lieu dans un monde parallèle. C’est vraiment dingue de jouer devant autant de gens. Certains connaissaient mes chansons. C’était incroyable !
- Tu as aussi joué en première partie de Jain, Amir, Brigitte, Raphaël, BB Brunes, Georges Ezra, Charlie Winston et j’en oublie très certainement.
T’as presque tout dis là (rire).
- As-tu gardé des contacts privilégiés avec certains d’eux ?
Oui, c’est vrai que quand tu tournes avec un artiste, ça créé des liens. J’ai joué aussi avec Julien Doré. Julien est une personne que j’aime vraiment beaucoup. Les Brigitte aussi, Aurélie et Sylvie sont vraiment géniales. Je suis amie avec elles, elles sont vraiment très chouettes. Et bien sûr Charlie Winston qui est là ce soir. Je m’entends hyper bien avec lui. J’ai eu la chance de l’accompagner sur toute sa tournée française à la rentrée 2018. Ça a été une expérience incroyable avec un public chaleureux, qui m’a tellement bien accueilli chaque soir. En plus, Charlie m’invitait à le rejoindre sur scène pour faire un duo avec lui. D’ailleurs, ce soir, on va en faire un également. J’ai très hâte !
- En parlant de duo, tu en as fait un avec Tom Grenman en 2018. Il y aurait-il un autre duo qui te ferait rêver ?
Des fois, on me pose la question et j’oublie d’y penser… Je ne sais pas (rire). Je n’y réfléchis pas trop. Je dis tout le temps, peut-être Justice ? J’aimerais bien collaborer avec un artiste un peu électro comme ça. Poser ma voix sur un morceau, ça peut être sympa.
- Ton premier album, « Ruby », tu es accompagné par Valentin Marceau avec qui tu avais déjà collaboré sur ton premier EP « Blossom ». Comment marche votre duo ?
En fait, ce qui se passe, c’est que moi je compose mes chansons. Je les écris et je commence à les arranger quand je suis chez moi dans mon studio. Je fais des démos très abouties, car je sais vraiment où je veux aller. Après, je m’en vais en studio à Paris. Je vais chez Valentin Marceau et je lui montre ce que j’ai fait. Lui, il me dit, « OK, ça marche. J’adore ce que tu fais. Maintenant on va le professionnaliser. On va rendre les sons plus puissants et tout… ». Mais il respecte vraiment mon travail. Ce que j’aime vraiment chez lui, c’est qu’il respecte vraiment mon univers et ne le détériore pas du tout. C’est pour ça que quand je réécoute mon album je me dis « Oui, c’est exactement ce que je voulais faire ». C’est chouette. En plus on a bien rigolé (rire). Non il est très sympa.
- Ton album est mixé à Londres par Tim Roe (Pharell Williams, Coldplay, The Killers, Elton John), comment as-tu accueilli la nouvelle ?
Ouais, il a été mixé à Abbey Road déjà. Moi, étant une grande fan des Beatles, c’était un peu une consécration. Me dire que mon album est mixé à Abbey Road, c’est fou ! J’ai même pas les mots pour te décrire la situation (rire). C’est vraiment dingue.
- Avais-tu une confiance aveugle en ses choix ou as-tu également imposé ta vision du rendu final ?
C’est-à-dire qu’il y avait déjà une couleur dans mes compos, à travers la production. Eux, je les ai laissé faire. Mais il y avait déjà une direction assez précise dès le début. Après, c’est vrai que quand j’ai reçu les chansons, il y avait un tout petit plus. Je me suis dit « Ah, ça se sent que c’est fait par les mecs à Abbey Road ! » ? (rire)
- Comment vis-tu au quotidien ta vie de musicienne ? Poursuis-tu des études ? Arrives-tu à garder des contacts réguliers avec ton entourage ?
Oui bien sûr ! Je fais des études par correspondance. Ce qui est bien pratique quand on est souvent sur la route. Je fais donc une Licence d’Anglais, parce que moi j’ai toujours été passionnée par la langue anglo-saxonne, et je veux vraiment très bien la parler. En plus, ça m’aide pour mes chansons, pour mieux les écrire. Je pense que c’est complémentaire avec mon parcours. En plus, ça m’intéresse vraiment. Et puis j’ai mes cours tout le temps avec moi. Ils sont là ! Je fais mes devoirs sur la route et c’est franchement sympa.(rire)
- Tu es de la génération streaming. Ton album est sorti uniquement en CD d’un point de vue physique. Quelle vision as-tu du marché musical ? Mises-tu essentiellement sur le streaming plutôt que sur la vente physique ?
Je vis de ma musique, mais le truc c’est, comme tu dis, l’ère du streaming. On a clairement changé d’époque, c’est sûr ! Le CD physique se vend moins, en revanche les streams augmentent beaucoup plus facilement. Parce que la jeune génération, moi la première, quand on me demande « tu connais ce groupe ? », je vais directement sur une plateforme de streaming. On a changé nos habitudes et il faut juste évoluer avec son temps. Je pense que les gens écoutent encore de la musique, mais juste différemment. Il faut s’adapter au marché. Je pense qu’il y a plein de trucs encore à développer dans les années à venir. Donc ça, c’est plutôt chouette. Ça demande à être créatif maintenant !
- Tu vas jouer au Festival Acoustic tout à l’heure. As-tu préparé différemment cette date en proposant un set, disons plus folk ? Comment as-tu aussi préparé ton show de manière plus générale ?
J’ai eu envie de faire des chansons plus intimistes, plus près des gens, ce qui peut être sympa aussi. Après, j’ai un set qui revient régulièrement, mais j’essaye d’y intégrer aussi des chansons en guitare-voix. En plus, comme je dis tout le temps, c’est mon ADN, j’adore ces chansons dans ce format. Mes premiers concerts, c’était juste avec ma guitare acoustique, très épuré au début. Maintenant, ça l’est moins, mais j’adore revenir aux bases. Ce soir, oui, il y aura plus de chansons en guitare-voix.
- Tu as, semble-t-il, déjà ton propre home studio. Le dédies-tu uniquement à ta musique ou l’ouvres-tu aussi à d’autres artistes que tu aimerais accompagner ?
C’est justement ce que j’aimerai développer dans les prochaines années. Parce que j’adore la production musicale. Pour le moment, ce n’est que moi, mes chansons, mais dans les années à venir, j’aimerais beaucoup produire aussi d’autres groupes, oui.
- À 19 ans tu as déjà sorti un EP et un album et joué avec les plus grands. Que peut-on te souhaiter de plus ?
Des concerts, plein de concerts (rire). Composer et puis toujours jouer et tourner. C’est la base !
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