[LP] Nada Surf – You Know Who You Are

Mine de rien, cela fait désormais vingt ans que Nada Surf évolue sur la scène indie rock mondiale. Sans véritable coup d’éclat (hormis le génial et néanmoins maudit « Popular », qui a bien failli faire de sa carrière un feu de paille, ou peut-être l’efficace et réussi « Inside of Love « , qui lui a fait retrouver le chemin des antennes radio) le projet new-yorkais s’est construit une solide discographie d’une cohérence et d’un niveau à faire pâlir la plupart des groupes voyageant sur les mêmes terres sonores.

NadaSurf_CD_Mech_111715

Avec « You Know Who You Are », son septième album studio (si on ne compte pas l’album de reprise « If I Had a Hi-fi »), on est immédiatement en terrain connu. Malgré les années, les cheveux grisonnants, ou encore son statut de père et bientôt d’homme marié, Matthew Caws continue de chanter les textes d’un post adolescent rêveur et peu adapté au monde qui l’entoure ou aux relations amoureuses.

C’est ainsi que, dès le premier morceau, « Cold To See Clear », Matthew Caws nous répète à l’envi « What can I do but dream? » ; puis, sur « Believe You’re Mine », nous raconte l’histoire d’un homme qui ne veut pas renoncer à une histoire d’amour terminée (« One day, I’ll love somebody else / one day, I’ll take care of myself […] I was day believer »).

Tout cela pourrait vite tourner au « déjà entendu » et à l’ennui si « You Know Who You Are » n’était pas un album parfaitement arrangé et produit, regorgeant de petits détails essaimés tout au long du disque comme pour satisfaire les oreilles de ceux qui l’écouteront au casque. C’est notamment tout le travail de Doug Gillard, ex-Guided By Voices, quatrième homme qui participe aux tournées et enregistrements de Nada Surf depuis quelques années et qui fait, sur cet opus, son entrée officielle comme membre à part entière du groupe. Il faut écouter le dialogue des guitares sur « Believe You’re Mine » ou la poésie subtile qui transcende toute la partition de « Gold Sounds » pour comprendre toute la différence du Nada Surf en tant que quartet avec Nada Surf antérieurement trio.

Le travail sonore sur « You Know Who You Are », c’est aussi la surprise de découvrir des cuivres joliment amenés sur « Out Of The Dark », ou encore et surtout l’impression d’entendre pointer le Nada Surf des débuts sur quelques morceaux. En effet, à bien y écouter, on trouvera quelques ressemblances entre « New Bird » et « Telescope », premier morceau du « Karmic EP » sorti en 1996, peu avant le single « Popular ». On entendra aussi un tout petit peu du « Dispossession » issu du second album (« The Proximity Effect ») sur le titre éponyme « You Know Who You Are » ; comme si Nada Surf revisitait, avec vingt ans d’expérience et une maturité certaine, les partitions de ses débuts.

Et puis, il y a ces morceaux plus matures, comme « Rushing », chanson d’un amour pleinement embrassé (« You come rushing at me / and I forget my worrie ») qui n’a rien à voir avec un amour d’ado (quoique), ou encore « Gold Sounds », chanson politique et engagée, qui sonne comme un titre adressé par Caws à son fils (« Show your love, have mercy, you’re the best generation ever »).

Alors, certes, il s’est passé vingt ans depuis « Popular » ; mais ça fait vraiment plaisir de prendre vingt ans quand c’est pour vieillir ainsi avec des groupes comme Nada Surf.

Nada Surf

« You Know Who You Are » de Nada Surf est disponible depuis le 4 mars 2016 chez City Slang.


Retrouvez Nada Surf sur :
Site officielFacebookTwitter

Photo of author

David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures