[LP] My Sad Captains – Best Of Times

Il y a ces disques qui ont tout de l’évidence tant ils frôlent la perfection. En neuf titres, « Best Of Times », troisième album du quatuor londonien My Sad Captains nous envoûte jusque dans nos songes.

My Sad Captains - Best Of Times

« Best Of Times » est de ces disques qu’on écoute une première fois par curiosité, la pochette, aquarelle aux teintes maussades, n’étant pas forcément des plus réussies. On ne sait alors pas à quoi nous attendre, encore moins à une telle surprise.

On découvre alors « Goodbye », ce titre captivant de toute sa nostalgie mystérieuse, riche de son atmosphère auguste. Un titre impérial, emmené par la voix solennelle du chanteur Ed Wallis comme un courant d’air, comme une brise qui nous emporte vers les hauteurs.
Un single évident, qui à lui seul peut nous faire tomber amoureux du jeune projet anglais tant la mise en scène des instruments, la présence vocale et la poésie de ce texte d’adieu est intense et soignée : « I’ve been dreaming of some company / A little tenderness can set me free / Come in Sunday and it don’t know when / Gravity always gets you in the end » .

Il y a cette place à l’instrumental, accordée au jeu par delà les mots sur ce disque. « Wide Open » nous offre ainsi près de deux minutes d’introduction instrumentales où le piano d’abord, la batterie puis les cordes, puis les guitares viennent édifier l’atmosphère singulière de la piste. Et c’est alors que le chant susurré s’insère spontanément dans un titre déjà bien lancé, avec une constance, mieux une évidence pour des textes une fois de plus d’une rare justesse « I wonder why / You feel the need to talk so loud / Like there wasn’t anybody else around ». Nous voilà dans la confidence d’un projet méticuleux qui présente une mécanique aussi bien huilée qu’orfévrée.

Sur ces pistes qui prennent le temps de se construire, qui privilégient l’émotion à l’efficacité, My Sad Captains nous fait partir ailleurs, là où la mélancolie provoque l’imaginaire, là où la musique pousse à la rêverie, là où l’orchestral rejoint l’électronique pour un de ces grands voyages dont la destination restera toujours liée à nos émotions individuelles.

En acoustique sur « All In Your Mind » ou en full band sur « In Time », l’instrumentation évolue du plus simple au plus fouillé, sans jamais nous perdre en chemin. Il y a cette place accordée à la lenteur, où My Sad Captains définit son cap et sa vitesse de croisière pour nous mettre à l’aise face à l’écoute.

Il y a également l’envoûtant « Hardly There », caution psychédélique et expérimentale de l’album, qui fera parfois penser au fameux « Far Away » de Junip.
Puis vient l’onirique « Keeping On, Keeping On », véritable odyssée au pays des rêves où les notes synthétiques et les voix en écho nous entraînent vers des abysses lumineux.

Pour finir de nous achever de bonheur, le piano puis la batterie de « Familiar Ghosts » posent les dernières émotions par-dessus un chœur fondu en arrière-plan puis encouragé à surgir de sa furtivité par le chant confident et confiant d’Ed Wallis. Protecteur et discret jusqu’au bout.

My Sad Captains

Avec leurs rythmes lents et leur atmosphère lunaire, les mélopées de ces Anglais ont beau être tristes, on reste séduit par la diction délicate et tendre d’Ed Wallis. Chaque mot murmuré évoque un souffle chaud au creux de l’oreille. Reflet d’une mélancolie teintée de romantisme, porté par des singles passionnés, on plonge sans hésiter dans cet album comme dans une ivresse sans fin. Là où les ambiances et les chœurs sont à tomber à la renverse, l’émotion se fait toujours plus forte, toujours plus vibrante.

On finit hanté par une écoute qui ne nous quitte plus, et qu’on reprendra sans cesse jusqu’à la fin de nos jours.

« Best Of Times » de My Sad Captains est disponible depuis le 17 mars 2014 chez Bella Union.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques