[EP] Mozes and the Firstborn + Roland Cosio – Split

Vendredi 19 août, Burger Records vient de livrer une pochette junk food capable de combler une belle fringale de rock et de pop. Les Néerlandais de Mozes and The Firstborn et le Californien Roland Cosio sont réunis pour un split EP aux apports nutritionnels revigorants et stimulants.

Mozes and the Firstborn x Roland Cosio - Split

Bande de petits monstres roses pas méchants, mais montrant les crocs, la pochette du projet signale toute l’ambivalence du son. Entre candeur et écorchures. Entre boissons fraîches et gravillons dans les genoux. Dans une parfaite égalité, Mozes and The Firstborn et Roland Cosio proposent chacun deux titres à l’impact tout aussi énergétique.

FACE A : Mozes and the Firstborn

crédit : Nick Helderman
crédit : Nick Helderman

Venus des Pays-Bas, Raven Aartsen, Corto Blommaert, Melle Dielesen et Ernst-Jan van Doorn ont l’allure de ces jeunes dévorant le bitume à coup de skates et de chaussettes montées bien haut. Ils portent dans leur sillon urbain un rock garage frappé par des mélodies pop et une âme grunge. Deux ans après leur premier album, leur participation à ce split fait figure d’annonce pour leur prochain disque prévu pour le 2 septembre : « Great Pile Of Nothing ». Alors qu’ils aiment dire « Resistance is futile », les deux titres nous poussent à plonger tête la première dans les eaux fraîches mais troubles de leur musique.

« Marianne », c’est le rythme de la guitare électrique seule sur laquelle se pose, comme une rafale de vent, le voluptueux mais énervé ensemble de cordes et de batterie. « Marianne », c’est le souffle de liberté sur les avenues d’asphalte. Le chant structure à lui tout seul les rythmes, les souffles et les suspens. Dans ce timbre qui rappelle merveilleusement bien celui de Kurt Cobain, il y a la supplication et la sublimation. Le tragique et le mélancolique. L’écorché et la douceur. C’est à la fois chaud et rassurant, et par cette beauté abîmée mise en abîme, « Marianne » nous fait ressentir toute la profondeur dont est capable Mozes and the Firstborn. Refrains fracassés que l’on retient. Sur « What Am I Worth ? », la voix accidentelle et le son si électrique et envoûtant nous emmènent dans un balancement qui oscille entre spleen et liberté. Princes des bitumes ou looseurs en planche à roulettes, les quatre Néerlandais donnent, à coup de mélodies et de mélancolie, un rock garage bien senti et pourtant insolent.


FACE B : Roland Cosio

Roland Cosio

Roland Casio a été nourri par le sol fertile de la Californie du Sud. Du comté d’Orange aux punks de Los Angeles. Là, où la musique sort les gamins de l’ennui et de la canicule. Il a fait ses classes dans des groupes de lycée sans vraiment penser à son avenir musical, puis Roland Cosio a joué avec together PANGEA, Fuzz et Moonhearts. La chose est alors devenue sérieuse, passant de la libération à quelque chose de bien plus introspectif. Ses deux titres sur le split révèlent quelque chose de sa volonté de se montrer seul. Lui et sa musique.

À la différence de Mozes and the Firstborn où le chant et la musique se livrent dans un combat, Roland Cosio propose un son où les instruments et la voix font corps. Rien n’émet plus fort que l’autre. Mais tout vibre avec le même entrain. Le Californien offre un pont entre un rock classique mais accrocheur et la vitalité de bonnes chansons pop. Le projet est bien plus enveloppé, amené avec des nappes mélodiques sur lesquelles la voix fuse en avant. Le chant n’a pas les blessures des Néerlandais mais une volonté fracassante de suivre la musique et ses vagues rythmiques et parfois martelées par une batterie prononcée. « Live This Way » est énergiquement ronronnant et les paroles nous parviennent avec une formidable envie de rester dans les têtes. « Do Not Leave Me Behind » pousse les rugissements des guitares saturées qui finissent par être domptés pour provoquer une mise à nue. La voix a alors la teneur des radios vintage. Ce quelque chose qui rappelle nos souvenirs d’une époque que nous n’avons pas vécus. Le temps de deux titres, Roland Cosio évoque la vulnérabilité et le soi, dans un rock rafraîchi à l’énergie pop.

« Split » de Mozes and the Firstborn + Roland Cosio est disponible depuis le 19 août 2016 chez Burger Records.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes