[LP] Mozes and the Firstborn – Mozes and the Firstborn

On pourrait parler du Prince d’Égypte. Du dessin animé que DreamWorks en a fait. Des nouveaux nés que Dieu sacrifie et des séquelles que ça laisse dans la tête de nombreux mômes. On pourrait, mais non. On ne le ferra pas. Car à force de cultiver les anecdotes créatives, on risque de s’ennuyer fortement. Ça sera chiant pour vous. Ça sera chiant pour moi. Double peine. Passons.

Mozes and the Firstborn - Mozes and the Firstborn

« Nos rêves dans la tête et le monde à nos pieds. Sur nos planches à roulettes, nous sommes les chevaliers». Saez n’a sûrement pas écrit cette prose pour Mozes and the Firstborn pourtant elle ne peut que souligner l’ivresse de ces quatre mecs. Venus en conquérants branleurs. Arrivés tout droit des Pays-Bas, ceux-là semblent partir à la conquête du monde, tant leur musique porte en elle de sales tubes. Ils ont en eux ce qui fait une mode, ce qui fait se déchaîner un vent en poupe. Pourtant tellement à contre-courant. Tellement ou peut-être bien faussement.

Trois ans et deux EPs après leurs débuts, les Mozes and the Firstborn débarquent avec leur premier album éponyme riche de douze morceaux. Il y a dans leur musique cette mélodie, tellement bien pensée qu’elle sonne comme quelque chose de déjà entendu. Pourtant, non, rien n’est déjà prémâché, digéré. Il y a alors tant de création dans leur son. Joli paradoxe nourri de naturel. Le goût mélodique apparaît alors comme inné. Façonné dans la chair.

Le projet s’ouvre sur un air grinçant et nasillard. Électrique et épineux. Mais tellement entêtant. La richesse des garçons se trouve dans ce méandre là, où cohabitent à la fois musique bien sentie et bordel de garage. Ils jouent avec cela et se font un plaisir insolent de n’en faire qu’à leur tête. On navigue, ou alors on rase le bitume, entre les discrets The Kinks et l’insolence de Nirvana. Entre Cage The Elephant et Drenge. Il y a du grunge. Il y a de la pop. Et tout cela s’articule sur une tendance rétro. Les sixties hantent pour faire exhaler une musique bien dans ses baskets, bien de son époque. Alors elle ne recherchera plus ses références. La voix est nonchalante quand elle n’est pas écorchée. Les chœurs sont tendres, mais frappants. La musique joue des fractures, des contre-pieds.

De « Bloodsuker » à « I Got Skills », en passant par « Skinny Girls », tant de réussite semblerait presque arrogante. Mais paraît-il qu’ici, il s’agit juste du résultat de beaucoup de travail. Le groupe est avant tout une union de plusieurs âmes. Il y a pourtant Melle, celui qui a posé la première pierre à l’édifice. Mais il y a les trois autres et alors on parle de démocratie. Quand les idéologies politiques s’invitent dans la musique. Chacun fait sa part du boulot. Chacun fait avec sa créativité. Le choix est le bon. Le quasi-sans-faute mélodique – qui se diabolise avec des écorchures rythmiques – cohabite avec les éclaboussures électriques qui sont le fruit, le bruit de chacun. Aucune ligne créatrice. Aucune autocensure pour répondre à ce que doit être un projet. Nous ne sommes pas dans le propre, nous sommes dans le joliment irrité. Le joliment fracassé.

crédit : Nick Helderman
crédit : Nick Helderman

Mozes and the Firstborn, c’est joliment furieux. Ils ne sont pas encore de mauvais garçons. Ils ne sont plus totalement des gentlemans. Puis, de toute façon ils s’en foutent de ce qu’ils sont. Ils font de la musique. C’est tout.

« Mozes and the Firstborn » de Mozes and the Firstborn, sortie le 3 février 2014 chez Siluh Records.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes