Astronomiquement folk, discussion avec Moon Rambler

Plutôt que d’avoir la tête dans les nuages, Yannick a toujours été dans la lune. Nouveau projet folk porté par des amitiés solides et sincères au sein du milieu pop folk français d’Adrugan à Pristine Grey, Moon Rambler a de quoi plaire aux amoureux d’un folk plein d’évasion à l’image des paysages qu’il décrit au fil de ses titres.
Rencontre avec un passionné du céleste qui a les pieds sur terre et la guitare en bandoulière.

  • Salut Yannick, ton projet solo s’appelle Moon Rambler ; le promeneur de la lune comme tu le traduis d’ailleurs. Peux-tu présenter ton univers musical et comment ce projet a-t-il pris forme ?

Mon univers musical s’est nourri de mon autre passion (autre que la musique), l’astronomie, domaine dans lequel j’ai fait mes études. J’ai toujours été un grand rêveur, passant le plus clair de mon temps, « dans la Lune ». J’aime écrire des balades, dans un style folk, qui est le plus naturel pour moi, me promener sur les mélodies qui me viennent. Je voulais trouver un nom d’artiste qui mélange un peu ces deux parties de moi, et « Le promeneur de la Lune », soit Moon Rambler s’y prêtait bien.

  • Et c’est vrai qu’il s’y prête bien en effet. Et du coup, comment ton autre passion vient jouer un rôle dans l’élaboration de tes morceaux ?

Il y a deux façons de voir les étoiles : avec des équations et des instruments, ou bien avec son imagination et ses yeux. J’ai appris à faire les deux. Du coup, j’y ai trouvé beaucoup d’inspiration pour mes textes et mes ambiances musicales. Je pense notamment à ma chanson « Neptune », qui parle d’un voyage imaginaire dans ce monde bleu plein de gaz. On trouve toujours un ou deux mots astronomiques dans mes chansons. Mais elles ne s’inspirent pas toutes du ciel. J’aime également beaucoup écrire sur la nature, les paysages, les montagnes, les souvenirs, les émotions…

  • Les paysages qui t’inspirent sont-ils tirés de voyages, de ton imaginaire ou de ton environnement local ?

Un peu des trois  (rire). Pour « Neptune », c’est complètement imaginaire, pour « Snow » ou « Fly Away » aussi. Ces chansons sont des suites de tableaux de paysages imaginaires. Mais dans « Into The Wild », je raconte mes souvenirs d’enfance, lors des vacances chez mes grands-parents en Ardèche, dans les montagnes, où l’on randonnait au milieu des genêts. Actuellement, je suis en train de composer une chanson sur l’Écosse, où j’y ai vécu un an, en Erasmus.

  • Tu as finalisé ton premier album « Melancholy », douze titres prévus pour une sortie digitale le 23 décembre via BandCamp et début janvier en physique. Peux-tu me présenter cet album ?

Cet album condense mes premières chansons, composées durant 3 ans, depuis 2008. Il représente donc énormément pour moi. J’avais déjà enregistré un EP, constitué de 6 démos, en 2010, au studio du label GôneProd. C’était un premier pas.
Cet album 12 titres, je me suis lancé dedans la tête la première sans trop savoir si j’allais y arriver. Je suis parti tout droit, et j’ai beaucoup appris musicalement grâce à ça. Je crois que ces 12 chansons forment un tout assez cohérent, avec des chansons très mélancoliques, mais certaines plus gaies, d’autres plus tristes, d’où le nom de l’album.
Je pense y avoir mis une bonne partie des différentes facettes de ma personnalité.
Dans cet album, il y a le travail de 11 personnes : Mireille Boissel pour le graphisme, Laetitia A’Zou au chant pour deux duos, Popper Must (Be) aux percussions, Milamarina à la harpe, Nelson Hamilcaro à la basse, Céline Leca au violon, Anne Drouin à la flûte traversière, Laurent Vabre au mixage, Cyril Adda au mastering, et puis Julien Girard qui est allé enregistrer de la pluie jusqu’en Turquie.

  • Cet album, c’est donc un peu comme une réunion d’amis. Comment es-tu parvenu à leur transmettre ton univers musical, à communiquer tes choix musicaux avec eux ?

Ce sont des gens qui aimaient déjà bien ce que je faisais, alors le courant est passé très vite.  Avec Laetitia, j’ai fait un concert en septembre, où nous avons chanté des duos. Avec certains musiciens et musiciennes, on a travaillé à distance en s’envoyant les enregistrements, avec d’autres, on s’est rencontrés pour enregistrer. Certains ont joué des mélodies que j’ai composées, d’autres en ont inventé.

  • D’accord. Et du coup, de cette relation entre le web et la musique, tu en penses quoi ?

Vaste question ! Je pense que le web a beaucoup participé au partage et à la diffusion de la musique, et donne une chance à tout le monde d’être écouté. Le modèle « musique = célébrité » se fissure de toutes parts, et c’est plutôt une bonne chose. Et sans le web, je n’aurais probablement pas pu faire cet album et ces concerts.

  • C’est évident que le web a changé en effet bien des pratiques et chamboulé positivement les relations artistes – publics. D’ailleurs, grâce au web, quelles rencontres essentielles à ton projet ont été possibles pour toi ?

Au printemps 2010, je jouais mes compos pour mes étagères, mon pouf, et deux ou trois souris en peluche, et je suis tombé par hasard sur un forum, Lovefolk, qui est en fait lié au label Gôneprod. Ce label organise tous les mois le FolkFest, à l’époque aux Cariatides, à Paris, et aujourd’hui à la Bellevilloise, toujours à Paris. Le FolkFest, c’est un mini-festival où deux ou trois artistes folk se partagent un plateau en guitare-voix.
Et donc c’est dans ce forum que j’ai commencé à rencontrer du monde, notamment Alain Oddoz (Pristine Grey), qui m’a fait monter sur la scène du FolkFest, en juillet 2010, ma première vraie scène, et Pierre-Marie Sangouard (Adrugan, Arcole), qui m’y a découvert, m’a poussé à continuer et à enregistrer mon EP. Tout le reste a découlé de ces rencontres, en grande partie.

  • Tu viens de me parler de tes premières scènes avec le FolkFest, quels souvenirs gardes-tu de ces débuts ?

D’abord une très grande peur, quand Alain me l’a proposé, et puis un grand bonheur quand je me suis retrouvé au Soleil (en référence aux projecteurs) sur scène. Je m’y suis tout de suite senti bien, malgré les tremblements incontrôlables de ma jambe, qui elle, avait peur. Il y avait pas mal de monde cette fois-là, la (toute petite) salle était pleine. Et puis c’était la première fois que mes sons passaient par une vraie installation. Ça fait tout drôle d’être amplifié pour la première fois, et quand les gens applaudissent.

  • J’imagine bien ta première scène avec la description que tu m’en fais. On va la quitter pour parler du côté intimiste de ta musique. Si tu devais te trouver un coin idéal pour composer, à quoi ressemblerait-il ?

Adossé à un tronc d’arbre, assis sur une pierre, avec le soleil éclairant les herbes folles et jaunies, un matin ou un soir d’été.

  • Quel rêveur tu fais ! Tiens, je vais m’intéresser un peu à tes coups de cœur ? Actuellement, quels disques te passes-tu en boucle ?

Il y en a pas mal en ce moment.
« Every Kingdom » de Ben Howard, « Avalanche » de Sufjan Stevens, « Passenger » de Lisa Hannigan, « Helplessness Blues » des Fleet Foxes, « A Distance. A Lack » de The Last Morning Soundtrack », « The Girl On The Bench » de Laetitia A’zou, « The Mysterious Production Of Eggs » d’Andrew Bird, « Islands » de Keegan Dewitt, et « Requiem For A Happy Life » de Nathaniel Isaac Smog.

  • Ça fait une très belle liste de musiciens. On va finir l’interview sur quelques petites questions. Tout d’abord le 23 décembre, ça rime avec quoi pour toi ?

Le 23 décembre, c’est la sortie digitale de mon album, masterisé et tout, avec une belle jaquette créée par ma sœur, et je suis assez impatient.
Il sera disponible pour 7 euros en téléchargement sur BandCamp : moonrambler.bandcamp.com (ou l’on peut déjà trouver mon EP gratuitement), et écoutable à souhait sur ce site et sur ma page Noomiz : noomiz.com/moonramblermusic
J’espère avoir la version physique de mon album courant janvier, j’y œuvre.
Et pour les curieux, il y a déjà 4 chansons de « Melancholy » sur Noomiz.

  • As-tu des dates de prévues prochainement afin de présenter avant l’heure les titres de cet album ?

Oui, je joue avec Arcole (noomiz.com/arcole) au Bouillon Belge le jeudi 22 décembre, la veille de la sortie de « Melancholy ». Ça commence à 20h, c’est au 6 rue Planchat, métro Avron dans le 20e arrondissement de Paris. Je chanterai quelques duos avec Laetitia A’Zou.
Et j’ai des concerts en préparation à Paris et quelques un en province pour 2012.

  • Merci infiniment Yannick pour ton temps accordé pour indiemusic et je ne peux que te souhaiter un bon lancement pour ton premier album, Melancholy qui rappelons le sortira le 23 décembre sur Bandcamp. Un mot pour la fin ?

Rêver c’est vital, on devrait le faire plus souvent. Merci infiniment à toi aussi Fréd.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques