[Live] Moodoïd et Phoenix au Zénith de Nantes

Les Versaillais de Phoenix ont su justifier leur rôle d’ambassadeur de la french pop le 6 février dernier sur la scène du Zénith de Nantes à travers un live énergique et impressionnant !

Phoenix

Il en faut beaucoup pour me faire aller voir un concert au Zénith de Nantes ; cette salle abritant principalement les lives de Sardou, ou encore les spectacles de Franck Dubosc. Seul un groupe de l’envergure de Phoenix pouvait justifier un tel déplacement en ce jeudi 6 février. Le groupe, membre de la « dream team  versaillaise », dignes  représentants de la France au niveau international (dont font partie ses amis de Daft Punk et Air) officie depuis maintenant près de 20 ans, et gagne en popularité album après album. Après « Wolfgang Amadeus Phoenix », le quatuor avait définitivement pris son envol et avait enfin obtenu la reconnaissance par son pays d’origine (qui le fuyait depuis trois albums, malgré une grande notoriété en Europe et aux USA). Finalement, « Bankrupt ! » a fait de Thomas Mars, Deck d’Arcy, Christian Mazzalai et Laurent Brancowitz une véritable machine de guerre !


Moodoid
crédit : Fiona Torre

Les Versaillais sont accompagnés pour cette tournée française de Moodoïd, projet du guitariste de Melody’s Echo Chamber, Pablo Padovani, dont l’EP a été chroniqué il y a quelques semaines sur notre site. Première surprise de la part du Zénith, l’heure annoncée pour le début du concert ne comprend pas la première partie, je n’ai ainsi pu voir qu’un demi-set du groupe parisien (et encore, grâce à mon arrivée légèrement en avance).  C’est donc, malgré cette petite contrariété, une soirée qui commence avec des sonorités psychés aux accents d’une pop candide à la française !

Les quatre musiciens (3 filles et un garçon), maquillés et revêtus de paillettes, distillent au public, encore un peu éparse, une musique pop aux paroles tantôt innocentes, tantôt « perchées », dont les sonorités se font presque orientales (c’est le cas du titre final, « De folie pure », qui me fait notamment penser aux Californiens de Fool’s Gold). Je n’étais pas grandement convaincu par l’EP à la base, mais je dois dire que l’énergie sur scène de Pablo Padovani me réconcilie quelque peu avec sa musique. Si la voix reste un peu faiblarde pour le live et n’apporte peut-être pas assez l’énergie à laquelle on s’attend pour la scène, le jeu de guitare est quant à lui suffisamment habile et incisif pour me contenter. J’avoue avoir été obnubilé par la présence scénique du chanteur, et du coup n’avoir que très peu porté attention au reste des musiciens. Finalement, je ne suis pas grandement convaincu par ce concert, bien que le final ait tout de même réussi à me faire légèrement remuer les hanches.


Une demi-heure de changement de plateau, et vient le tour des géants français : Phoenix ! Un morceau de hip-hop en guise d’entrée sur scène, et le groupe entonne directement « Entertainment » ! Il n’en fallait pas plus pour enflammer le Zénith qui s’est maintenant bien rempli.  L’ambiance est étonnamment électrique, je ne m’attendais pas à ça de la part du public de cette salle. Il faut dire que les quatre Versaillais (accompagnés sur scène, et depuis plusieurs tournées, par Rob aux synthés et par l’impressionnant Thomas Hedlund à la batterie) savent transmettre leur énergie.

Pas le temps de reprendre son souffle, on enchaîne avec le morceau « Lasso », avec un son bien sale comme seul le Zénith peut nous en offrir. Il est forcément difficile dans une salle aussi grande d’avoir un son de qualité ; on va favoriser le volume à la précision afin que tout le monde, jusqu’en haut des gradins, puisse entendre ce qui se passe sur scène. Pas de chance pour ceux qui aiment voir les concerts debout (et danser), le son est crade… Cela ne refroidit pas pour autant les ardeurs des musiciens : à peine le concert entamé, Thomas Mars prend déjà un bain de foule.

On sent rapidement que le live a été minutieusement travaillé par les 6 musiciens : les nouveaux morceaux sont interprétés avec brio, et les anciens, qui font déjà figure de classiques (et dont les paroles n’ont pas de secrets pour les spectateurs), ont tous été retouchés dans le but de ne pas simplement reproduire la version studio, mais bien de faire en sorte de toujours y ajouter un petit quelque chose. Le genre de détail marquant ; par exemple, lors de l’interprétation de « Consolation Prizes », dont le second couplet adopte une tonalité country.
Dans ce même élan, les Versaillais remettent les medleys à la mode tout au long de leur set, lorsqu’ils interprètent « Too Young » (que l’on retrouve sur la B.O. de Lost In Translation, de Sofia Coppola, compagne de Thomas Mars) jumelé à « Girlfriend », ou bien quand ils enchaînent à la suite, « Trying To Be Cool », « Drakkar Noir » et « Chloroform ».

Phoenix fait également figure de géant par les moyens techniques utilisés. On sent une réelle volonté de rendre son concert visuellement captivant. En plus des lumières classiquement utilisées, un écran géant en fond de scène diffuse  différentes nuances de couleurs qui apparaissent et disparaissent au rythme des morceaux, ou qui nous entraînent dans une ballade à travers le Paris des années 60 lors de l’instrumental « Love Like a Sunset ».

Mais ce n’est pas comme s’ils avaient besoin d’autant d’artifices ! Le groupe est impressionnant d’aisance et d’énergie sur scène. Pour les avoir vus trois ans auparavant, il y a véritablement beaucoup plus de générosité de la part des Versaillais sur cette tournée ! Même des morceaux dont je ne suis habituellement pas friand sur CD sont explosifs en concert : je ne pensais vraiment pas être aussi surpris par le morceau « Run Run Run », qui prend là une dimension plus rock que sur Alphabetical.

Finalement le concert s’achève après plus d’une heure et demie, pour le moins intense, et le public, encore plein de ressources, a même le droit à un copieux rappel, dont le tube du début des années 2000, « If I Ever Feel Better ».  Le set de Phoenix se finit alors comme il a commencé, avec « Entertainment » dont le riff entêtant de synthé nous manquait déjà !


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Kãman Messaadi

chroniqueur né et élevé parmi les disques et les instruments de musique