[Live] Money au Point Éphémère

Deux ans après son dernier passage dans la capitale, Money est revenu à Paris livrer un concert étincelant pour défendre son deuxième disque, « Suicide Songs ».

crédit : Cédric Oberlin
crédit : Cédric Oberlin

On ne les avait plus revus à Paris depuis cette première partie de Wild Beasts au Trabendo, il y a deux ans. Money est enfin revenu, un deuxième album en poche, éblouir nos sens dans la capitale ; mais, cette fois-ci, seul, au Point Éphémère. Et comme dans nos souvenirs, la formation mancunienne a livré un set sublime. En plus du quatuor de base (deux guitaristes/claviéristes, un batteur et un bassiste) un violoncelliste et une violoniste étaient présents sur la petite scène située au bord du Canal Saint-Martin. Deux nouveaux éléments très présents sur le nouveau disque, « Suicide Songs », comme pour donner un nouvel élan dramatique aux compositions du groupe, qui sont aussi belles que sombres. En studio, les Anglais s’étaient ainsi entourés du producteur Charlie Andrew, déjà investi dans le très ténébreux album de Marika Hackman, l’an dernier.

Plus sobre que lors de sa performance au Trabendo, où il était venu tituber avec sa perche de micro jusqu’au beau milieu de la fosse, le chanteur Jamie Lee n’en a pas moins été émouvant et insolent, en faisant cette fois-ci le choix de rester sur scène avec ses canettes de bière. Pendant une heure, il a joué du contraste entre ses interprétations bouleversantes des titres extraits des deux albums de son groupe, et de son tempérament déconneur entre chacun d’eux. Une façon de montrer que, tout en ayant échappé à ses démons, il ne cesse de s’en inspirer pour écrire des chansons aux titres plus torturés les uns que les autres : « You Look Like a Sad Painting on Both Sides of the Sky », « Hopeless World », ou encore « Cocaine Christmas and an Alcholic’s New Year ».

Ces derniers s’enchaînent dans un tourbillon émotionnel saisissant et le charme opère à chaque fois, emportant les spectateurs autant grâce aux grincements sublimes des cordes acoustiques ou électriques des musiciens anglais Charlie Cocksedge, Nick Delap et Billy Byron, que par la sincérité désarmante qui transparaît dans la voix du chanteur. Et peu importe si Jamie Lee ose pointer un doigt d’honneur vers ceux qui applaudissent trop tôt en pensant le morceau déjà fini, ou s’il s’emmêle les pinceaux sur le piano-voix de « Black », ultime titre joué après le rappel… Cela fait finalement toujours partie des pitreries du show qu’il réserve, alcoolisé ou non.

Même si les titres faucheurs de « Suicide Songs » ont évidemment la part belle du concert, le groupe revient avec autant de brillance sur ses anciens titres, à l’image de « Letter To Yesterday », partition émouvante du disque précédent et que Jamie parvient à habiter comme jamais. Un des moments forts du concert. On regrette seulement l’absence des sublimes « Hold Me Forever » et « Cold Water », sacrifiés pour l’élaboration d’une setlist assez courte laissant au concert un petit goût d’inachevé.


Retrouvez MONEY sur :
Site officielFacebookTwitter

Photo of author

Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens