En un plan-séquence de pratiquement neuf minutes, MOLLY nous confronte à une existence que l’on imagine sur le point de s’achever, ultime effort avant la rédemption ; mais ce qui semblait être une fin se métamorphose en dialogue originel entre les âges, dans une sidérante beauté visuelle et musicale.
La vie. Cette étendue parfois calme, souvent tourmentée. Cette surface temporelle longiligne sur laquelle chacun de nous erre, se bat contre les courants et les éléments. Avec « Glimpse », le duo autrichien MOLLY conçoit le fait même de respirer comme un effort, face à cet homme âgé qui vogue, à la force des bras, vers son destin, funeste ou funèbre. Un lent mouvement de caméra, d’abord lointain, nous rapproche de lui. Un regard, sans que l’on sache qui observe. La musique, douce mais chargée de mélancolie autant que de menace, suit l’évolution, inexorable ; comme si le spectateur, celui que l’on ne peut voir, se dirigeait non pas auprès d’un inconnu, mais en direction d’un dialogue, qui se fera muet afin de mieux laisser l’ambiance sombre et poignante du titre nous envelopper, jusqu’à la révélation finale.
Rattrapé par son passé, notre hôte semble s’emporter, la colère et le désespoir marquant profondément ses traits. Un appel à l’aide ? Une supplication ? Une suffocation ? « Pretty faces reflect echoes of sweet sweet days past but not dead. » L’eau, la source de toute chose, nous encercle et nous paralyse face à la peur qui se lit sur le visage du rameur solitaire. Et, alors que la chanson s’envole dans une électricité céleste foudroyante, l’avertissement retentit ; prévenir, au lieu de guérir. Transmettre, au lieu de rester passif. Un lien paternel, familial, humain. Une consolation, un guide contre l’aveuglement. D’une puissance émotionnelle hors du commun, « Glimpse » est bouleversant et nous terrasse, nous trouble, nous émeut aux larmes. Un spectacle de l’ordinaire, d’une poésie quasi surnaturelle et inoubliable.
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