[LP] Molly Burch – Please Be Mine

Brassant les genres avec une habileté et une facilité déconcertantes, Molly Burch signe un premier album aussi intime que magique, en nous narrant ses histoires d’amour qui, finissant bien ou mal, parlent à notre sensibilité grâce à une mise en musique juste et admirablement bien trouvée.

Oser enregistrer un premier disque dans des conditions de prise directe, de nos jours, relève autant du génie total que de la folie pure. Nombreux sont ceux qui, par manque d’expérience, dissimulent certaines lacunes sous des monceaux d’arrangements, après avoir passé des mois entiers en studio. Mais ce n’est définitivement pas ce qui convenait à la songwriter américaine Molly Burch, intention que l’on comprend assez facilement à l’écoute de « Please Be Mine » : capté majoritairement en une seule journée au Texas, l’opus a ce délicat parfum d’urgence et d’immédiateté, à l’image de ces relations sentimentales qui peuvent être aussi blessantes que rapides, voire les deux en un rien de temps. Allant fouiller dans les recoins de la musique populaire pour en conserver les saveurs acoustiques les plus pures, l’artiste signe une collection de complaintes parfaites et dont le charme devient rapidement obsédant.

L’auditeur est appelé à voyager dans un monde nostalgique, au sein duquel voix, guitares et percussions ne conservent que l’essence même d’un art ayant déjà vécu, mais revêtant un visage radicalement différent entre les mains de la chanteuse/compositrice. Ainsi, « Downhearted » introduit, par son souffle folk-rock, une douce senteur rappelant les vinyles qui ont bercé notre enfance, tout en offrant une vision inédite de l’écriture en ces temps de surenchère sonore. Allant droit vers son but premier, à savoir, poser sa voix sur des pistes aussi libres que sauvages, presque cinématographiques, Molly Burch se plaît à s’essayer à la country (« Wrong For You ») ou accélère le rythme en nous parlant directement avant de murmurer ses histoires (« Try »). Loin de s’enfermer dans une conception obsolète de la création, elle va au contraire concilier la modernité des arrangements à l’immédiateté de son propre langage (« Torn To Pieces ») pour mieux faire de l’acoustique une source de joie et de mélancolie précise et admirable (« Please Be Mine », « I Love You Still »). Dans un monde parallèle où le temps serait suspendu, elle écrit les pages d’un journal intime destiné à devenir intemporel et apaisant.

« Please Be Mine » est touchant, salvateur et vivifiant. À travers un chant habité et fragile, Molly Burch se raconte et nous guide dans nos propres expériences vécues, alors que la passion et la séparation n’ont jamais été aussi proches l’une de l’autre. Mais, chargé d’espoir et d’une humanité profonde et remarquable, l’album se fait confident et intimiste, comme ces êtres que l’on croise, le soir, la tête basse et portant le poids du monde sur leurs épaules ; et que l’on veut inviter à boire un verre pour nous confier tous leurs secrets et leur désespoir. Il y a cet accueil incomparable chez Molly Burch ; et, rien que pour ça, on accepte avec plaisir de n’appartenir qu’à elle…

« Please Be Mine » de Molly Burch est disponible depuis le 17 février 2017 chez Captured Tracks.


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Raphaël Duprez

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