L’expérience surnaturelle à laquelle nous convie Minhsai se transforme rapidement en cataclysme intérieur, en motivation volcanique de l’imaginaire et des sens. Une excitation radicale, démarrant tel un blues cassé et plaqué au sol, avant d’atteindre, à travers une folle énergie, les sommets d’une rage contenue certes mais diablement contagieuse.
Les boucles rythmiques et mélodiques s’installent, étranges, provocatrices. À quelques encablures de la dissonance, elles véhiculeront les mouvements internes du sulfureux et brûlant « I.D.O.GRAM », la semi-obscurité spatiale et harmonique où nous immerge, avec notre consentement, Minhsai. En faisant le choix de la captation directe pour, notamment, préparer le spectateur/auditeur à l’arrivée de son EP « Introsessions » dans quelques mois, le musicien livre sans détour une conception axée sur l’expérimentation et l’immédiateté, pour ne pas dire l’urgence ; celle qui, transperçant le prisme de la bienséance, ne se maquille d’aucun arrangement en post-production pour clamer l’extériorisation de son malaise.
Nervosité et convulsions se tournent autour dans un décor minimaliste mais où l’on peut admirer, au sein des plans les plus larges, la conclusion d’un désastre, d’un emportement. Le refuge créé par Minhsai, d’abord réconfortant, s’oriente vers la menace dès que la saturation harmonique et verbale s’impose comme la maîtresse des lieux. À fleur de peau, en proie à une irritation qui réduit l’épaisseur de son épiderme, l’interprète ne se montrera jamais, laissera le corps et l’environnement porter ses clameurs intimes. Sauvage, indomptable, Minhsai allume les braises d’une œuvre féconde et définie par le mal-être et le trouble. Fascinante, ténue, tétanisante.
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