Hanté par les fantômes de l’Histoire de la musique, « Saturdaze » de Miles Oliver oscille entre le rêve, le souvenir et l’obscurité qui guette, insatiable et prompte à convier la mélancolie auprès d’elle. Ou quand la saturation est d’une beauté ténébreuse et éblouissante.
Des grésillements. Un écran sur lequel le noir se retrouve strié d’aspérités, signes d’une époque révolue et d’une usure qui, dans leur évolution, se feront on ne peut plus actuelles. Puis, « Saturdaze » commence : le grain de l’image se trouve enfoui et complété dans les distorsions des guitares, tandis que les figures qui défilent devant nous, masques funèbres ou vivants d’artistes ayant changé la face du monde, s’ancrent dans la gravité et la plainte de Miles Oliver. La fête foraine dans laquelle on avance, lentement et observant les aînés comme les enfants, ressemblent à s’y méprendre à un Purgatoire, quand l’âme attend d’être jugée pour soit voler, soit plonger, soit se réincarner.
Les sourires des plus jeunes contrastent terriblement avec la solennité des visages, tandis que certains gestes (notamment celui de Kurt Cobain avec son fusil à plomb) restent imprégnés sur nos rétines. Empreint d’un spleen au bord du gouffre, « Saturdaze » est une métamorphose s’inspirant des douleurs, des échecs et des absences. « To be another me » : tout recommencer. Revivre l’innocence et la fascination face à des œuvres intemporelles. Le diable est dans les détails ; il se cache dans les moindres recoins de la foire, attendant de saisir celui qui, finalement, lui échappera. Une nouvelle étape dans le cheminement personnel et intime de Miles Oliver, songwriter magnifique et griffant même les cœurs les plus endurcis.
