[Interview] Mayra & Mr.Mow

À l’occasion de la sortie de leur nouvel EP « Les Ardoines », nous sommes partis à la découverte de Mayra & Mr.Mow, projet pop grand format, débordant d’imagination et de talent et aventurier évoluant dans les territoires du blues, du rock et du psyché.
Rencontre avec l’une des formations pop parisiennes à suivre de près, avant de les découvrir en live le 18 décembre prochain au Nouveau Casino pour leur release party.

crédit : Hugo Sobelman
crédit : Hugo Sobelman
  • Mayra & Mr.Mow, c’est la rencontre de deux personnages. Pourquoi avoir fait le choix de noms aussi exotiques qu’énigmatiques ?

Mr.Mow : Le choix du nom est une étape compliquée, remplie de doute. Je me souviens au début, à chaque fois que l’on pensait à un nom, j’imaginais une foule dans un stade en train de le crier, pour voir comment ça sonnait…

Mayra: Aujourd’hui, le souvenir de ce moment est source de gros fous rires. Quand on y repense, on a failli s’appeler Via Sound ou Pyramid Colors.

Mr.Mow : Du coup, on a fait simple : Mayra a un joli prénom exotique et Mr Mow, c’est simplement la contradiction de mon nom de famille (Mollet). Le W a été ajouté car un obscur groupe (The Mo pour ne pas les citer) nous menaçait de plagiat en utilisant juste Mr Mo… Des grands malades.

  • En 2012, vous avez sorti un premier album, « Songs For Orpheus ». Un disque très éclectique partagé entre soul et jazz (You’ve Gone, Smoky Angel), folk chanté en portugais (Falsos Amores), chanson au piano et en français (Chimère), soul en acoustique (All Those Nights) ou encore blues-pop (Arctic Dreamer). Quand on l’écoute, on est tenté de parler d’une pop raffinée et groovy. Quelle définition pourriez-vous donner à votre musique ?

Mayra : C’est pas mal « pop raffinée groovy » (rire), ceci dit notre musique a pas mal évolué depuis notre premier album. Aujourd’hui, je dirais qu’elle est toujours hybride, mais qu’elle se situe plus entre la pop et le rock ; on pourrait parler de pop new-wave.

Mr.Mow : Elle est influencée par tout ce que l’on écoute, de la musique baroque à la musique électronique… ça fait déjà pas mal !

  • Ce brassage d’influences semble la caractéristique première du son de Mayra & Mr.Mow. D’ailleurs, comment construisez-vous vos morceaux ? De quoi partez-vous ? 

Nico : Il n’y a pas vraiment de schéma prédéfini. Chaque chanson a son histoire… L’écriture d’un morceau prend parfois un an, parfois une journée. Chaque titre apporté par Mayra ou par moi est présenté au groupe dans des états d’avancement complètement différents, juste une mélodie ou au contraire quelque chose de beaucoup plus réfléchi et déjà un peu plus arrangé… Ce qui rend la construction des morceaux différente à chaque fois.

Mayra : Dans tous les cas, on joue ! On joue toujours la chanson dans son état le plus brut ; voix, synthé, guitare, batterie afin de voir comment ça sonne, puis on enregistre des petites maquettes pour pouvoir se focaliser sur l’arrangement, la structure, les textures de son…

  • Avec ce nouvel EP, « Les Ardoines », vous passez de deux à trois membres avec l’arrivée de Paul à la batterie. À quel moment ce besoin d’évoluer en trio s’est-il fait sentir et pourquoi ?

Mayra: Je pense qu’il s’est fait ressentir d’abord sur scène. Après trois tournées et une centaine de dates à deux, l’envie d’avoir un réelle section rythmique s’est faite de plus en plus forte.

Mr.Mow : La transition s’est faite très naturellement car elle allait de paire avec l’évolution de notre musique. Ça fait deux ans que Paul est avec nous maintenant et c’est vraiment le pied !

  • Votre nouvel EP « Les Ardoines » semble plus électrique, plus rock que le précédent. Est-ce également le fruit de ce nouveau travail en trio ?

Mayra : C’est la question de l’œuf et la poule… C’est parce que notre musique a évolué que le travail en trio est devenu nécessaire, mais c’est aussi grâce à l’arrivée de la batterie que notre musique a évolué.

  • Il y a également une touche plus psychédélique sur ce disque, à travers les pistes « Run » et « We Are Driving To The Sea ». On peut difficilement faire fi du retour de ce genre musical, alors avez-vous l’impression de suivre une tendance, une mode en produisant ces pistes ?

Mr.Mow : J’apprécie tout particulièrement la musique psychédélique ou dans un sens plus large la musique planante, que se soit celle des Pink Floyd ou le mouvement psychédélique allemand des 70’s avec des groupes comme Popol Vuh ou Tangerine Dream jusqu’à des artistes plus récents tels que Nils Frahm. Suivre une mode ou une tendance… c’est toujours compliqué de répondre non à ce genre de question car on est forcément influencés par notre époque, par ce qui se fait en ce moment… Mais la musique psychédélique est aussi quelque chose qui est en nous depuis toujours…

Mayra : Au risque de se faire taper sur les doigts, on est obligés d’avouer que l’on n’écoute pas énormément de musique actuelle ; ceci dit un groupe comme Moodoïd nous a vraiment plu pour sa liberté d’écriture.

crédit : Mel Massadian
crédit : Mel Massadian
  • Vous accordez-vous une liberté totale dans l’exploration des genres ou au contraire vous rattachez-vous à une ligne directrice, à un axe de travail pour composer ? Autrement dit, avez-vous envie de construire des morceaux en cohérence les uns avec les autres ou cherchez-vous au contraire à évoluer selon vos envies du moment, d’un titre à l’autre, sans chercher une trame générale qui guide l’histoire des pistes ? 

Mayra : On se laisse une liberté totale dans la conception des morceaux, on ne part pas avec un axe de travail. Une fois cette phase de composition terminée, en réunissant les divers morceaux, on se rend compte qu’une ligne directrice se dessine d’elle même, presque malgré nous.

Mr.Mow : Ça paraît assez logique puisque ce sont les même personnes qui ont créé ensemble des compositions à un instant T. Quelque chose d’assez fort ressort de cette expérience et constitue le liant entre nos différents morceaux.

  • « Les Ardoines » est le nom d’une zone industrielle et ferroviaire située au sud de Paris. C’est d’ailleurs ici que se situe le studio d’enregistrement dans lequel vous composez. Ce lieu semble, à sa manière et de par son caractère, vous avoir influencé dans l’écriture et la composition ; pouvez-vous m’en dire davantage ?

Mayra and Mr Mow - Les Ardoines

Mayra : C’est un lieu complètement mystique, une sorte de far-west industriel, un endroit incroyable pour se concentrer et pour créer. On s’y sent loin de tout et, en même temps, en plein centre du monde. Donc son atmosphère nous a vraiment influencés dans notre écriture.

Mr.Mow : On est trois à travailler dans cet endroit : Hervé, un claviériste-bassiste et surtout un musicien hors pair ; Cléo, une artiste graphiste qui étudie le paysage ; et nous (le groupe Mayra & Mr.Mow). Cléo a fait l’artwork de l’EP et Hervé est bassiste sur dessus. Ce lieu est donc vraiment au centre de ce projet, que ce soit d’un point de vue humain ou artistique.

  • Dans le cadre de votre premier album, vous avez sorti de fin 2012 à début 2014 huit mini-clips allant de 1 à 3 minutes, réunis sous le nom de code « Looking For Orpheus ». Est-ce quelque chose que vous souhaitez poursuivre avec la sortie de votre nouvel EP, « Les Ardoines », le 3 novembre prochain ?

Mr.Mow : Ce projet, « Looking For Orpheus », était vraiment une super expérience qui correspondait bien à celui du premier album. Maintenant, pour l’EP, on a préféré se concentrer sur un clip pour « Magic Lady », premier single de notre EP et on espère prochainement vous en présenter un deuxième.

  • On vous imagine assez proches de projets parisiens comme La Classe, Poom et A Rainmaker. Pourriez-vous envisager des collaborations avec ces artistes ?

Mayra : C’est drôle que tu nous parles de ces groupes-là, notamment de La Classe ; je connais Juliette Léonard et David depuis le lycée puis au conservatoire de jazz du IX.
Juliette, Léonard mais aussi Maxime (qui fait partie du groupe Bon Voyage et est super copain avec les membres de La Classe) ont fait les chœurs sur l’EP, ce qui fait qu’on a déjà travaillé ensemble (rire). Et donc oui, on pourrait envisager des collaborations avec ces artistes ! Pourquoi pas un concert avec ces 3 groupes organisé par indiemusic ?

  • Et oui, pourquoi pas en effet !
    La release party de votre EP, « Les Ardoines », est prévue le jeudi 18 décembre 2014 au Nouveau Casino. Que peut-on attendre de spécial lors de cette soirée ? Des invités, une animation particulière ? Oui, je suis très curieux !

Mayra & Mr.Mow : On entretien le suspens ; pour en savoir plus, il faudra être là !
En tout cas, on peut vous promettre que ce sera inoubliable.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques