[LP] Mark Gilday Jr. – Nothing, Really !

Il y aurait les répliques fracassantes de Diablo Cody. Il y aurait l’air mutin d’Ellen Page. Il y aurait aussi un public conquis à Sundance. Et puis, il y aurait la bande originale du film : la musique de Mark Gilday Jr. Ça serait l’histoire du cinéma indépendant américain. Dans la lignée des chefs-d’œuvre d’Arthur Penn. Un souffle d’insolence sur les normes et les codes de la culture mainstream.

Mark Gilday Jr - Nothing Really

Je ne sais plus vraiment comment de l’autre côté de l’Atlantique, j’ai pu découvrir le garçon. Sûrement. Forcément, au détour d’une après-midi froide d’hiver, lorsque je me perds dans l’infini d’internet. Aux aléas des sites et des pages, un chemin se fait. Des ballons de baudruches qui attirent un œil un peu trop fatigué. Une musique qui inscrit un sourire tendre sur nos joues. Puis il suffit d’écouter et de se laisser submerger, comme la marée prend la plage.
Il y a de ça chez Mark Gilday Jr., cette force qui tangue avec douceur. La rencontre de l’innocence et de l’inconscience. Celles qui mènent à des jolies bêtises de gamins, à des anecdotes tendres et pleines de justesse.
Le garçon sortait son premier album fin novembre. « Nothing, Really ! » : onze titres de jolies écorchures. Le projet offre cette subtilité que seules les blessures tendrement enjouées peuvent porter. C’est seul qu’il mène la barque. Une guitare et sa voix, juste de quoi retranscrire les aléas d’une âme. Car si on ne sait forcément pas grand-chose du bonhomme, sa musique parle pour lui. Concentré de sincérité et de belle maturité.

Les sensations se confondent avec les sentiments. La voix frissonne sur une guitare terriblement habitée par les diables des cœurs. Les tonalités s’éloignent de la justesse quand la détresse émane de ce corps, pour laisser place à plus de tendresse. Dans les sillons d’un anti-folk américain, le garçon marche envoûté par les tumultes amoureux et les histoires emplies de simplicité. Il aurait pu être la musique d’un film indépendant que l’Amérique sait si bien faire, mais il a choisi de se donner dans un album si bien amené par la légèreté et la nostalgie qu’offre la pochette. Il aurait pu être une musique à lui seul, tant les morceaux se succèdent, contrebalancent et pourtant forment une belle communion.

Dans ce joli chaos, ça transcende, ça se libère par le cri et les cordes sont malmenées. De l’ouverture qui se confond dans les deux premiers titres qui vont si bien ensemble. « Wet Cement ». « Tiger’s Grin ». C’est haletant et pressant. C’est métallique et ronronnant. Ça a le goût salé du blues. Ça a le goût amer du quotidien. Mais la saveur est bonne. Telle cette quasi berceuse « Sadie » qui arrive doucement après l’énervée « Ryan Gosling » et qui laisse place à l’électrique « Lion’s Paw ». Dans cette envolée corrosive, mais heureuse, mention spéciale à « Queen of Hearts » qui transpire l’acoustique convulsive, la fureur et la fougue.

crédit : Always Laura Photography
crédit : Always Laura Photography

Mark Gilday Jr. a sorti son album dans la discrétion et c’est ce qui nourrit le talent. Il est ici histoire de sincérité, de simplicité et de justesse. À fleur de peau, la musique d’une âme écorchée.

« Nothing, Really ! » de Mark Gilday Jr. est disponible depuis le 27 novembre 2013 chez Analog Candle.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes